voleurs
Eclipses de Soleil et d’argent
Ces dernières années, les fantaisies de la Bourse, palais des voleurs et des banquiers, ont montré aux pauvres épargnants une magnifique éclipse de… leurs économies.
En juin 1936, on a vu une éclipse de soleil. Phœbus le Soleil s’est caché derrière Phœbé la Lune. Cela se passait- de même » en 1858. Il y avait aussi en ce temps-là des éclipses d’économies.
Ce qui prouve que rien n’a changé sous le Soleil… ni sous la Lune.
Journal de Limoges, 1937.
Les premiers voleurs
Entendons-nous bien, il ne s’agit point de clouer ici au pilori les premiers hommes qui pensèrent que le moyen le plus pratique pour se procurer quelque chose était le « larcin furtivement fait ». Il nous faudrait pour cela remonter à travers la nuit des temps, jusqu’aux origines de l’humanité.
Nous voulons simplement parler des premiers mauvais garçons à qui on infligea le nom de voleurs. Cela ne remonte pas au delà du début du XVIe siècle. Jusque-là, on ne connaissait que des larrons, des pilleurs, des coupe-bourse et des tire-laine : tels furent les compagnons de François Villon et les Coquillards.
Quant au mot voleur, écrit le vieux Pasquier, l’ordonnance du roi François 1er faite contre eux nous enseigne l’origine, quand elle dit qu’il y avait de meschants hommes, lesquels faisaient semblant de voler l’oyseau, aguétoient des marchands sur les chemins; si cela n’est vray, il est bien trouvé. Ce texte est rappelé par M. Pierre Champion dans l’Envers de la Tapisserie qui nous apporte une documentation si précise sur les différents aspects de la vie publique et privée des Parisiens au temps de François 1er (Calmann-Levy).
L’explication de Pasquier, qui séduisait encore Littré, est contredite par les étymologistes, gens redoutables, qui font venir le mot voler de vola, paume de la main. Ainsi, voler équivaudrait strictement à empaumer.
Quoi qu’il en soit de cette question d’étymologie, c’est sous le règne de François 1er qu’apparurent les premiers « voleurs ». Ils étaient même si nombreux qu’en 1515 on dut créer au Parlement de Paris une Chambre criminelle distincte, connue sous le nom de Chambre de la Tournelle, car, disait le roi, les crimes et délictz qui ont pullulé, et encore de présent pullulent plus que jamais en nostre royaume n’ont esté corrigez ne pugniz.
Nos voleurs, auxquels se mêlaient une foule d’aventuriers allemands et italiens, vivaient en véritables bandes de plusieurs centaines d’individus qui soutenaient, souvent victorieusement, de véritables combats rangés avec Le guet. Leur repaire était dans les bois qui avoisinaient le village du Bourget. Une grande rafle, le 28 janvier 1526, aboutit à cinq cents arrestations de malfaiteurs qui furent condamnés aux fers et galères.
Comme les méfaits de ces voleurs, dont beaucoup étaient d’anciens soldats, se multipliaient, on se montra plus sévère. Le prévôt de Paris en fit pendre, étrangler ou brûler un bon nombre.
Ces dernières sanctions furent encore insuffisantes pour assurer la sécurité des citoyens. Aussi, pour les brigands et meurtriers qui terrorisaient les bourgeois, une ordonnance du II janvier 1535, publiée à son de trompe, à tous les carrefours, prévit un nouveau supplice, importé sans doute des bords du Rhin : les coupables seraient liés sur la roue après avoir eu les membres cassés et y demeureraient vivants pour y faire pénitence tant et si longuement qu’il plaira à Notre Seigneur de l’y laisser, et morts jusques à ce qu’il soit ordonné par justice, afin de donner crainte, terreur et exemple à tous autres de ne choir, ne tomber en tels inconvénients et ne souffrir, n’endurer telles et semblables peines et tourments pour leurs crimes, délicts et maléfices.
En dépit de ses rigueurs, François 1er fut obligé de constater qu’on continuait à piller et à détrousser de nuict les allans et venans, ès villes, villages et lieux de notre royaume.
L’ordre ne fut guère rétabli, et encore provisoirement, que sous Henri II, qui, en 1549, enleva ces affaires à la compétence du Prévot pour les rendre à la juridiction des tribunaux ordinaires, Mais non plus que Louis XIII avec M. de Laffemas ou Louis XIV avec M. de la Reynie, les souverains de la Renaissance ne purent faire disparaître de Paris les mauvais garçons.
Et nous nous apercevons chaque jour, par la lecture des quotidiens, que nous n’en sommes pas encore débarrassés.
Georges Mongredien. » Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques. » Paris, 1936.
Peinture de Georges De la Tour.
Les honnêtes patriotes
Il s’agissait de faire déguerpir des Tuileries les patriotes qui s’y étaient installés après le départ de Louis-Philippe.
M. Adolphe Crémieux, chargé de la commission par ses confrères du provisoire, n’eut pas tout à fait autant peur qu’on voulut bien le dire. Les armes des démocrates en guenilles l’effrayèrent bien un peu, et il eut l’air de leur donner satisfaction. Mais il avait son plan !
— Vive Crémieux! vive Crémieux! hurla cette bande atroce, entourant l’avocat et voulant le porter en triomphe.
— Un instant, citoyens… pardon! Je suis très pressé, et je vais de ce pas au parquet, afin d’y prendre les dossiers de tous les voleurs et de tous les escrocs qui auraient pu se glisser parmi vous. Certes, on ne les laissera pas au milieu de tant d’honnêtes patriotes!
Il s’en alla. Quand il revint au château, deux heures après, il n’y avait plus personne.
« L’Argus et le Vert-vert réunis. » Lyon, 1857.
Ça, c’est du sport !
M. Alfred Rheims, le sympathique comédien, rentrait chez lui la nuit dernière quand il aperçut rue Capron une auto qui ressemblait fort à celle qu’on lui avait volée il y a dix jours.
Deux jeunes gens occupaient la voiture. Il s’approcha pour leur demander quelques éclaircissements, mais, dès son premier mot, l’un des jeunes gens lui mit un revolver sous le nez.
— Je te grille !
L’effet attendu ne se produisit pas, M. Alfred Rheims ayant sur la boxe des idées très précises que son voleur partagea sans plaisir. Le complice prenant la fuite, des passants vinrent immédiatement à la rescousse et M. Alfred Rheims conduisit au poste son adversaire.
Si les honnêtes gens se mettent à boxer, que vont faire les voleurs ? Mais ça, c’est du sport, et du bon.
Les voleurs et le coq
Les voleurs ayant pénétré dans une maison n’y trouvèrent qu’un coq et l’emportèrent.
Le coq, voyant qu’ils allaient le tuer, les supplia de le relâcher:
— Car, disait-il, je suis utile aux hommes; c’est moi qui, la nuit, les rappelle au travail en les réveillant.
— Raison de plus pour te tuer, répliquèrent les voleurs; car, en les réveillant, tu nous empêches de voler.
C’est précisément ce qu’on fait de bien aux braves gens qui est le plus grand obstacle aux desseins des méchants.
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