vol

Bail, bail !

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criUn vol d’une nature fort extraordinaire s’est commis dans un des chefs-lieux de canton de l’arrondissement de Château-Thierry.

Un propriétaire, qui depuis longtemps n’habite plus cet arrondissement, avait pris le parti de louer une petite maison qu’il y possède à un locataire sur lequel on lui avait donné les renseignements les plus satisfaisants. Pendant longtemps le locataire paya très exactement le loyer de sa maison. Le propriétaire, qui recevait ses loyers par l’intermédiaire des messageries, n’avait ni le temps ni même la volonté d’aller voir si sa maison était en bon état, puisqu’on le payait bien et qu’on ne faisait aucune réclamation.

Enfin, le locataire, contre sa coutume, ayant laissé passer deux termes sans payer, et plusieurs lettres étant restées sans réponse, le propriétaire s’en émut, prit la diligence, arriva un beau matin dans la rue où était sa maison. Il cherche, mais inutilement : la maison n’y était plus. Il trouve à la place un terrain plat, et il apprend des voisins que l’ancien locataire a fait démolir sa maison, dont il a vendu les matériaux. 

On assure que ce voleur en gros s’est enfui à l’étranger. 

« L’Entr’acte versaillais. » Versailles, 1865.

Vol chrétien

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Clark Gable était un des plus sympathiques artistes de l’écran américain, et il était également un aviateur fort courageux. Ses vols avaient été innombrables. Un jour, il expliquait à des amis :

— Souvent, pendant mes randonnées, il m’arrive de rencontrer un fichu temps, c’est alors que je fais un vol chrétien.

Et comme on s’interrogeait et que quelqu’un lui demandait ce qu’était un vol chrétien, il expliqua calmement :

— Supposez que les conditions atmosphériques deviennent subitement épouvantables au cours d’un vol. Comme il vous est impossible de savoir où vous atterrirez ni comment, alors, vous recommandez votre âme à Dieu… Voilà exactement ce qu’est un vol chrétien.

Spiritisme et pickpocketisme

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Il y avait, à Philadelphie, une belle dame fort élégante qui recevait beaucoup, en son magnifique hôtel. Et comme elle était une adepte du spiritisme, la soirée se terminait presque toujours par une séance, où l’on évoquait les esprits, et l’on s’en allait ravi !

Pas tout le monde cependant, car, presque toujours, un monsieur avait, perdu sa chaîne de montre, ou une dame une broche, un peigne endiamanté.

On accusa bien, pendant quelque temps, ces malicieux esprits, qui pouvaient bien se venger du dérangement qu’on leur causait. Mais la police défiante fit une enquête, et l’on retrouva les objets volés, soit entre les mains de la dame, soit chez les receleurs à qui elle les avait cédés.

« Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille. »  Paris, 1905.

Un voyage de noces en 19…

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Les progrès constants de l’aviation nous laissent espérer qu’il n’est pas loin le temps où nous verrons l’atmosphère sillonné d’appareils de toutes sortes, de toutes formes, ballons sphériques ou d’énormes cigares, hélicoptères, aéroplanes, oiseaux monstrueux.

Des gares aériennes serviront de point de départ ou d’arrivée. On circulera dans l’espace en aéro-omnibus, en aéro-cabs, et les mansardes deviendront désormais les boutiques et les magasins que visiteront nos élégantes. 

Quoi d’étonnant, dans ces conditions, que deux mariés songent à faire leur voyage de noces en ballon dirigeable ? Ils ont pris place dans la nacelle de leur aérostat et, sans secours, les voilà partis dans les airs… Que les parents se rassurent, la télégraphie sans fil les tiendra au courant des étapes de leurs enfants. De même que les chemins de fer, les lettres sont devenues vieux jeu, on ne correspond plus que par marconigrammes et par téléphonie sans fil.

Voilà ce que nous verrons bientôt sûrement. Quel est l’appareil qui arrivera bon premier ? Sera-ce le ballon dirigeable avec sa nacelle longue et compliquée, et son énorme enveloppe gonflée de gaz plus léger que l’air ? Sera-ce le plus lourd que l’air que M. Santos Dumont préconise et qu’il semble avoir réalisé ? Sera-ce l’hélicoptère ou l’aéroplane, ou encore l’oiseau gigantesque dont l’homme arrivera à reconstituer le vol ?

Peut-être tous les moyens seront-ils à ce point perfectionnés qu’ils seront tous réalisés.

« Le Grand journal hebdomadaire d’actualités. » Paris, 1907. 
Illustration : bidouillage maison.

L’emprunteur

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automobile.Les journaux signalent l’existence, dans la banlieue parisienne, d’un malfaisant individu qui commence à se faire non pas un nom (il demeure jusqu’ici anonyme) mais une sorte de notoriété dans une spécialité assez singulière.

Toutes, les fois qu’il en trouve l’occasion, ce bougre dérobe les voitures automobiles momentanément abandonnées par leur conducteur le long des trottoirs hors des lieux désignés comme parcs de stationnement. Ce n’est pas une nouveauté, dira-t-on, voici bien longtemps que les voleurs d’autos ont fait parler d’eux pour la première fois. D’accord, mais le voleur qui nous occupe a ceci de particulier qu’il n’est pas un véritable voleur, c’est en quelque manière un emprunteur. Lorsqu’il a cessé de se servir de la voiture dérobée, son plus grand plaisir est d’adresser au propriétaire, dont il a relevé le nom et l’adresse sur la plaque d’identité, Un petit mot ainsi conçu :

« Cher monsieur (ou chère madame s’il s’agit d’une dame), votre bagnole que vous croyez disparue à jamais, se trouve en tel endroit (ici le nom de quelque localité banlieusarde), Vous pourrez venir la chercher quand il vous plaira, je l’ai laissée en parfait état dans le terrain vague qui fait le coin de la rue Gambetta et de l’avenue de la Victoire. Recevez, cher Monsieur, avec mes excuses et mes remerciements, l’assurance de mes sentiments distingués. »

Cette missive, ça n’a l’air de rien, mais il n’en faut pas davantage pour empoisonner le monsieur ou la dame à qui elle est adressée.

Mettez-vous à la place de ce malheureux. Ayant constaté la disparition de votre voiture, un peu démodée déjà et pas mal usée, vous vous êtes empressé de signaler l’événement à la compagnie qui vous assure contre le vol. Peut-être aviez-vous choisi déjà la huit-cylindres qui devait remplacer le tacot fugitif. Peut-être au contraire, revenu des joies de l’auto, aviez-vous décidé de remployer la somme qui vous est due à l’achat d’une petite maison de campagne ou d’un magnifique tableau de Millet, exécuté par Cazot, le peintre à la mode. Et soudain voilà tous ces beaux projets qui s’écroulent. Il vous faut décommander l’assurance, renoncer à la huit-cylindres, oublier le Millet-Cazot*, et prendre tristement le tramway ou le train pour aller dépanner en quelque patelin perdu de la banlieue la bagnole dont vous vous croyiez débarrassé.

  • En 1930, Jean-Charles Millet et Paul Cazot furent arrêtés et condamnés pour fabrication et vente de fausses oeuvres de Millet, Delacroix, Rousseau… et autres artistes de l’Ecole de Barbizon.

Bernard Gervaise. « Le Quotidien de Montmartre. »  Paris, 1930.

Louis XIV et le filou

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Un filou s’avise un jour de décrocher une pendule dans un des appartements de Louis XIV. A l’instant qu’il faisait son coup, le roi entre. Le voleur, sans perdre la tête dit:

«Je crains bien que l’échelle ne glisse

Le roi, persuadé que ce ne peut être que quelqu’un du service qui décroche cette pendule pour quelque réparation, tient le pied de l’échelle de crainte d’accident. Quelques heures après, on se plaint au monarque qu’une pendule a été enlevée dans l’un des appartements, on ne sait par qui ni comment.

« N’en dites rien, dit le roi; je suis complice du vol, car c’est moi qui ai tenu l’échelle pendant qu’on la décrochait. »