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Invention utile… un peu

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lucky-lukeLes inventeurs pensent vraiment à tout. Nous trouvons dans la liste des derniers brevets déposés au ministère du Commerce le suivant : 

« Sonnerie d’alarme pour trains en cas d’attaque par les brigands. Elle a pour but de permettre au mécanicien d’avertir les voyageurs de tous les compartiments lorsqu’il aperçoit les brigands. » 

Il faut avouer que le besoin de cette invention se faisait vraiment sentir et nous sommes persuadés que les directeurs des Compagnies de chemins de fer n’auront fait qu’un saut chez l’inventeur de ladite sonnerie d’alarme. 

Toutefois, celui-ci fera bien d’en poser une à la porte même de sa maison. Quand les brigands connaîtront sa découverte, ils pourraient bien lui venir faire un mauvais parti. 

« La Joie de la maison. » Paris, 1896.
Illustration : « Lucky Luke. » Morris & Goscinny.

Le rapide-ramasseur

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On sait que, depuis de longues années, les habitants de la banlieue travaillant à Paris se plaignaient amèrement de la lenteur incroyable des trains et de leurs arrêts multiples. On constatait, en effet, bien souvent, que l’on mettait plus de temps pour atteindre une localité située à vingt kilomètres de Paris que pour se rendre par le rapide dans une grande ville de province. Le problème à résoudre paraissait jusqu’à ce jour insoluble : organiser des trains rapides sur les lignes de banlieue, c’était, de toute nécessité, ne point desservir toutes les stations, et desservir toutes les stations, c’était maintenir de vieux horaires lamentables.

Le Conseil Supérieur des Chemins de Fer vient d’avoir une initiative véritablement admirable, qui donnera désormais satisfaction à tous les banlieusards en créant, dès le mois prochain, des rapides toutes stations. Ces trains rapides, qui n’arrêteront nulle part et arrêteront cependant partout, seront composés, cela va de soi, d’une locomotive et d’autant de wagons que la ligne comporte de stations.

Partant à toute vitesse de Paris, ce rapide décrochera un wagon avant de traverser en trombe chaque station, wagon qui, nécessairement, sera celui de queue. Ce wagon sera commandé par un serre-frein qui en assurera l’arrêt exact devant la station, tandis que le rapide continuera, à toute allure, à desservir par le même moyen les stations suivantes. Au retour, la locomotive accomplira le service inverse; elle reviendra sur Paris à une allure de rapide, ramassant en route tous les wagons arrêtés devant chaque station et où les voyageurs de la localité auront pris place.

La seule question qui restait à résoudre était celle du choc à subir par chaque wagon au moment du ramassage par le rapide. Plusieurs projets ont été présentés à ce sujet. Le premier consistait à munir chaque wagon d’une commande par chaîne très démultipliée, analogue à celle des bicyclettes et actionnée par le serre-frein qui, pris de peur à l’approche du rapide-ramasseur, eût fait des efforts désespérés pour lancer son wagon. Malheureusement, la défaillance d’un homme était toujours à craindre.

On a donc songé à emmagasiner, au moment de l’arrêt, l’air comprimé produit par le serrage des freins pour l’utiliser au départ comme moteur. Solution élégante, mais qui pouvait, dans certains cas, faire défaut. On a donc adopté finalement, en s’inspirant des dernières découvertes de la science, le moteur-fusée, placé à l’arrière du wagon. Lorsque le rapide est en vue, le chef de gare allume la fusée qui est à l’arrière du wagon et, tout aussitôt, celui-ci se met en marche à une allure de plus en plus rapide; il suffit de calculer l’action de la fusée et le geste du chef de gare pour que le wagon ramassé soit exactement à l’allure du rapide-ramasseur lorsqu’il est rejoint.

En dehors de sa haute portée scientifique et de son utilitarisme évident, ce nouvel aménagement vraiment remarquable des trains de banlieue fournira un agréable sujet de distraction à tous les voyageurs. Les habitants du pays ne manqueront point de venir chaque jour sur le quai de la gare assister au ramassage du wagon local; ils exciteront de la voix et du geste le chef de gare à remplir son rôle d’allumeur avec exactitude et précision, et si les mal lotis pouvaient, jusqu’à ce jour, se plaindre qu’on ne songeât point suffisamment à eux, ils auraient mauvaise grâce à prétendre désormais qu’on les abandonne.

Gaston de Pawlowski, 1928.