toilette

La galanterie de M. Berteaux

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avenue-Ledru-Rollin-paris-1910

Lors de la Grande Semaine d’Epée, une des séances allait se terminer quand tomba, sur Paris, une de ces trombes que saint Médard nous envoie pour faire la nique à saint Barnabé.

En un instant toutes les toilettes, mousselines, dentelles, etc., se trouvaient dans un déplorable état. Comme au Grand Prix, les petites allées étaient même changées en lacs : comment arriver aux tentes ? Le ministre de la Guerre ordonna alors aux soldats de planton d’apporter une centaine de chaises, que l’on plaça sur deux files. Toutes les dames traversèrent les petits lacs, sur ce pont improvisé, au milieu des cris d’admiration de l’assistance : car elles avaient bien été forcées de relever leurs jupes et de montrer leurs jolis petits pieds, leurs adorables chevilles, leurs mollets bien remplis !…

Ces messieurs en avaient oublié la pluie.

Image d’illustration : inondations, 30/1/1910, avenue Ledru-Rollin, Paris. Agence Rol.

Les premiers fards romains

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Antoine-Watteau

Ce n’est certes pas dans les premiers siècles de la République romaine que l’on trouve l’usage des fards : les femmes partageaient les vertus héroïques et les moeurs sévères de leurs maris et ignoraient tout artifice de toilette. Mais quand, par la conquête du monde, ils introduisirent chez eux la richesse, les Romains y ramenèrent en même temps le luxe et la coquetterie, comme plus tard, les croisés de retour d’Orient, devaient rapporter en  Europe l’élégance musulmane.

Bref, c’est à cette époque que les Romaines commencèrent à se farder, mais d’un fard qui était fort grossier, car ce n’était pas autre chose que de la terre de Chio ou de Samos délayée dans du vinaigre. Puis les Romaines firent usage du blanc de plomb, quoiqu’elles connussent déjà ses inconvénients. quant aux fards rouge, on les tirait des végétaux ou de la dépouille des animaux.

Ce qui était encore plus grossier, c’est la façon dont on appliquait le fard sur la figure. L’esclave chargée de farder sa maîtresse devait mélanger le fard avec sa salive, ainsi qu’un auteur latin l’explique en détail :

« L’esclave, avant de commencer l’importante opération, souffle sur un miroir de métal et le présente à sa maîtresse. Celle-ci sent à l’odeur si la salive est saine et parfumée. Elle sait ainsi si elle a mâché les pastilles qui lui sont ordonnées, parce que c’est avec sa salive que l’esclave doit broyer le fard et l’appliquer, afin de l’étendre également et de le fixer sur les joues de sa maîtresse. »

Brrr… On a heureusement fait quelques progrès depuis. Sans cela nos actrices refuseraient énergiquement de se farder.

« Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille. »  Paris, 1905.
Illustration : Antoine Watteau.

Les artifices de la beauté

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couple

Il n’y a que l’oncle Sam pour avoir de ces idées. Les législateurs de l’Etat américain de Géorgie, Etat prohibitionniste s’il en fut, viennent, sur la proposition d’un membre du Sénat, de discuter et voter un bill tendant à réprimer les supercheries de la femme :

Le divorce sera accordé de plein droit au mari qui pourra prouver que sa moitié lui a dissimulé ses faux cheveux, ses fausses dents et les artifices de sa toilette.

Inutile de dire que les femmes de Géorgie sont furieuses, et mettent  en oeuvre toute leur influence pour faire abolir une loi si draconienne. Mais l’oncle Sam est tenace et les législateurs de Géorgie font valoir un précédent. Une loi semblable existait jadis en Angleterre.

Il est douteux qu’elle soit jamais adoptée en France. Les députés qui la voteraient se feraient certainement arracher les yeux par leur légitime !

« Touche à tout : magazine des magazines. »  Paris, 1909.
Illustration : Charles Dana Gibson.

Etre sur son trente-et-un

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couple

Se mettre sur son trente-et-un, c’est se mettre en grande toilette pour rendre une visite, assister à un baptême, à une noce, etc.

Trente-et-un ou trente-un est une corruption de trentain.

Au Moyen Age, des règlements fort sévères punissaient, non-seulement les ouvriers qui avaient employé dans leur fabrication des matières premières avariées, mais encore ceux qui ne donnaient pas à leurs produits les formes et les dimensions requises. En ce qui concernait les tisserands en laine, ces règlements allaient jusqu’à fixer le nombre des fils dont devait se composer la trame. On trouve à ce sujet des détails curieux dans l’Histoire de l’industrie française, d’Alexis Monteil. Le collage de la chaîne, le foulage, le foutrage, le soufrage, le calendrage, tout est prévu, sans oublier la longueur et la largeur de la pièce; et le contrevenant pouvait être condamné, en certains cas, à avoir le poing coupé, « ce qui était bien fait, car les honnêtes tisserands voulaient conserver leurs deux mains. »

Suivant la qualité des draps, la trame devait se composer de quatorze-cents ou de dix-huit cents fils. Pour le drap fin destiné aux vêtements de luxe, le nombre des fils était de trente fois cent fils; ce qui fit donner à ce drap le nom de trentain.

Parler du trentain était donc le fait d’un homme riche qui ne regardait pas aux dépenses de toilette.

Trentain, terme technique, se métamorphosa facilement en trente-un dans la bouche de ceux qui ne connaissaient pas l’origine de cette appellation; et, comme l’usage a prévalu de dire trente-et-un, ces mots sont restés pour désigner une toilette soignée.

« Dictionnaire des curieux. »  Ch. Ferrand, Besançon, 1880.