sorcellerie

Une tragique affaire

Publié le Mis à jour le

hansiCe sont des gens très malicieux évidemment qui prétendent que l’Alsacien a l’esprit superstitieux, mais d’autres plus malicieux encore certifient qu’au fond de toutes ces histoires de sorcellerie et de superstition, il y a une question d’intérêt ou de vengeance. Peut-être… je ne veux pas conclure, et en laisse le soin au lecteur.

Que faire lorsque toutes sortes d’animaux la nuit vous tourmentent ? Les portes et les fenêtres sont closes et cependant des lapins, des chats, viennent gambader dans la chambre et sautent même sur le lit. C’est ce qui se produisait journellement dans la chambre de Mlle Adèle S… à Uttenheim. Son frère constata les mêmes choses et vit même un nain et un homme noir.

Le père prévenu fut persuadé qu’un sorcier en voulait à sa famille et se muait ainsi en animaux pour venir la nuit exercer ses maléfices. II alla consulter des « contre-sorciers » notamment Mme L… à Neunkirch et Mr. T… à Nieder-Steinbach.

Ceux-ci- conseillèrent de disposer dans la maison des balais avec les manches dirigés vers le plancher, et recommandèrent l’achat de médailles portant, l’inscription « Sanctus spiritus » souveraine contre les sorciers… Mais…le père S… ne s’en tint pas là, il voulut atteindre directement le méchant qui troublait la paix de son foyer. Il découvrit que c’était un de ses voisins Monsieur M…et un soir, accompagné de ses trois fils, et armé d’un fusil, il alla attendre le coupable devant sa maison. Celui-ci sortit bientôt… le père S… dit : « Garçons n’ayez pas peur » , et il tira… le sorcier était mort.

Dans le village d’Uttenheim ce fut un soulagement pour certains, mais d’autres accusèrent le père S… d’avoir tout simplement réglé une question d’intérêt avec M…, et d’avoir inventé cette histoire de sorcellerie. Voilà des gens bien mal intentionnés. Ne voudraient-ils pas faire passer l’Alsacien pour un être plein de malice ?

Ne vaut-il pas mieux croire qu’à cette époque les gens avaient encore conservé un certain fonds de naïveté ou que les maléfices de sorcellerie étaient courants… A cette époque, dis-je !… je m’aperçois à l’instant que cette histoire n’a pas été prise dans une vieille chronique, mais bien dans les journaux locaux du 27 novembre dernier.

« Annales africaines. » Alger, 1926.
Illustration : Hansi.

Le calvaire des  sorcières et diseuses de bonne aventure

Publié le

Henry-Ossawa-TannerLa croyance à la sorcellerie a ravagé L’Europe, comme une terrible maladie, pendant trois siècles. De la moitié du XVe siècle à la moitié du XVIIIe siècle, environ cent mille hommes et femmes sont morts, victimes de cette superstition. En une seule ville de Limbourgeoise, 138 personnes. Dans la région de Trêves, il ne resta que deux habitants en vie, dans deux villages. Le juge Balthasard Voss avait à lui seul condamné à mort 700 accusés. A Neisse, il y avait un four, dans lequel en 1651, quarante femmes ont été brûlées pour sorcellerie.

Le peuple redoutait les sorcières et la sorcellerie. On s’imaginait que le diable pouvait prendre des formes humaines et se promener de par le monde. On croyait l’avoir aperçu,habillé de velours noir, une plume rouge au chapeau. Il ne manquait même pas à cette description, le pied fourchu. Selon la croyance, le diable cherchait des femmes pour en faire ses maîtresses. Il les «baptisait» avec du sang, du soufre et du sel, et marquait leur prunelle gauche d’un crapaud. Les sorcières allaient au Sabbat, déguisées en chats et en lièvres, ou montaient des balais, des fourches, des boucs pour voler dans les airs. Après un festin, elles dansaient. Si une sorcière tombait en dansant, son cavalier lui disait : « Tu auras une robe rouge« , ce qui voulait dire qu’elle serait brûlée.

On croyait que les sorcières portaient la responsabilité de tous les malheurs.

Une poudre rose provoquait la tempête, un rouet trayait les vaches des autres. Elles suscitaient des orages et de la grêle, des maladies et des épidémies. Elles pouvaient tuer un homme, en bouillant et en piquant son gant, puis en l’enterrant.

La lutte contre les sorciers et les sorcières

C’était donc un devoir sacré pour chaque homme d’aider à la destruction de la sorcellerie, en dénonçant les suspects. Chaque dénonciation, même anonyme, entraînait une procédure. Toute femme ayant un défaut physique, toute personne trop savante ou soudainement enrichie, pouvait être considérée comme coupable de sorcellerie ou de diablerie.

La moindre dénonciation suffisait pour exposer un homme à la torture. Un témoin prétendait que sa vache était soudain morte, et que l’on avait vue une femme suspecte près de l’étable. Cela suffisait pour la considérer comme coupable. La grêle était tombée sur un champ, où l’on avait remarqué la fille d’une sorcière brûlée: aussitôt elle était poursuivie.

Les sorciers et les sorcières étaient jugés selon des régies fixées dans un livre spécial. Ce livre contenait trois parties : la première parlait de sorcellerie et des relations avec le diable. La deuxième, des effets de la sorcellerie et des moyens de lutter contre elle. Enfin la troisième réglait les procès contre sorcières, magiciens et monstres.

Les accusés restaient confinés dans des « tours des sorciers », les bras et les jambes enchaînés, ne pouvant faire un mouvement.

La procédure judiciaire

On commençait par un questionnaire. Si les inculpés n’avouaient pas, on procédait à l’instruction. On les déshabillait pour chercher des poudres magiques sur leur corps. Trouvait-on un grain de beauté, on le perçait d’une aiguille. Si le sang n’en coulait pas, c’était un  » stigma diabolicum « , le diable ayant rendu le corps insensible.

Puis, il y avait les diverses épreuves. D’abord, l’épreuve de l’eau. L’eau était considérée comme sanctifiée par le baptême du Jourdain, et les sorciers et sorcières devaient donc remonter à la surface, ne pouvant supporter l’eau. On ligotait en croix les bras et les jambes des accusés et on les jetait attachés par une corde, trois fois à l’eau. S’il coulaient, ils étaient innocents. S’ils flottaient, leur crime était prouvé. Ils dépendaient donc de la bonne volonté des bourreaux qui connaissaient les moyens de faire couler ou remonter.

Puis, c’était l’épreuve des balances, et celle des larmes. Les accusées devaient verser des larmes à lavue des instruments de torture. S’ils le pouvaient, ils étaient innocents, car on croyait que les sorciers et les sorcières ne pouvaient pas pleurer.

Les tortures

La torture était le moyen principal pour obtenir des aveux. Selon le droit général, un accusé était libre s’il avait supporté la torture pendant une heure. Mais les inculpés de sorcellerie pouvaient être torturés indéfiniment. On suspendait des poids aux pieds des inculpés, on leur enfonçait des pointes sous les ongles des mains et des pieds, on leur arrachait les ongles, on laissait couler sur leur corps nu des gouttes brûlantes de goudron, on les mettait sur des chaises avec 150 pointes acérées, on les empêchait de dormir pendant toute une semaine.

La fille d’un fonctionnaire d’Ulm a été torturée sept fois. Un « sorcier » de Westphalie, vingt fois.

Beaucoup mouraient sous la torture. D ‘après les procès-verbaux, le diable venait les chercher.

Dans la plupart des cas les torturés avouaient leurs relations avec le diable, mais cet aveu devait être répété librement. Si les inculpés le retiraient, on recommençait la torture, dix fois, s’il le fallait. Enfin, les malheureux avouaient les choses les plus insensées, et accusaient d’autres personnes de relations avec le diable, ce qui amenait la perte de celles-là.

Mais certains ont pu supporter toutes les tortures. Les femmes résistaient mieux que les hommes.

La cupidité des juges était une des raisons principales du grand nombre des procès de sorcellerie.

Les biens des condamnés étaient confisqués. Une grande partie allait aux juges, le reste aux bourreaux et aux dénonciateurs. On préférait par conséquent des sorcières riches. On menaçait de procès des femmes nobles, et on leur soutirait ainsi de fortes sommes. Tous les juges des procès de sorcellerie étaient riches.

Ainsi sévissait cette folie, cette guerre, dans toute l’Europe, malgré les avertissement de tant de prêtres et de laïcs. Mais quand enfin les pouvoirs, religieux et séculier, vainquirent les difficultés où les avait jetés le temps nouveau, ils arrêtèrent cette agitation insensée et « rétablirent la paix dans les âmes ».

« Les Echos de Damas. » 1931.
Illustration : Henry Ossawa Tanner.

Le Vatican à la page

Publié le Mis à jour le

vatican-benedicte
http://www.benedicte-illustration.net/

Les gens qui seraient portés à croire que l’Eglise retarde n’ont qu’à lire ce qui suit. On verra que le chef de la chrétienté est « dans le mouvement » et qu’il ne dédaigne aucune des conquêtes de la science, pas même celles qui jadis eussent fait rôtir leur auteur pour magie, sorcellerie et pacte avec Satan. 

Il est question d’éclairer le Vatican à la lumière électrique ! Il y a déjà au Vatican un très bel ascenseur. On y a installé également le téléphone. Un appareil fonctionne dans la chambre du Pape, ou plutôt dans un petit cabinet attenant, qui est tendu de rouge. Il est vrai que Léon XIII téléphone bien rarement. Il l’a fait, pourtant, dans les cas urgents, comme, par exemple, le jour où le P. Cornoldi, qui lui rendait visite, se trouva mal subitement. Le Pape courut à son appareil téléphonique pour avertir lui-même les jésuites. Et la Compagnie put ainsi envoyer chercher sans retard le malade. Mais, généralement, c’est le fidèle Centra qui téléphone pour le Pape. Parfois, aussi, ce sont ses neveux. 

Il y a au Vatican un bureau central, dans le poste des pompiers, on peut ainsi être mis en communication avec une vingtaine de personnes di primo cartello : le Pape, le secrétaire d’Etat, etc. Quand, de la ville, on veut téléphoner, par exemple, au cardinal Rampolla, on s’adresse au bureau de Rome, qui vous met en. communication avec le bureau du Vatican, et c’est celui-ci qui vous permet de correspondre avec le secrétaire d’Etat. Ce n’est qu’après la mort du cardinal Jacobini que l’on a pu établir au Vatican le téléphone, dont il était l’adversaire résolu, craignant que le Pape, qui l’appelait déjà assez fréquemment, ne s’en servît pour le déranger trop souvent… et l’empêcher de faire sa petite promenade.

« La Joie de la maison. »  Paris, 1892.
Dessin de Bénédicte.

Un mystère de Londres

Publié le Mis à jour le

colonne-york-demon

Le mardi 15 décembre 1868, à Londres, un étranger, accompagné d’une dame, se présente chez le gardien de la colonne du duc d’York et demande à monter au sommet du monument. Le gardien ouvre la porte, l’étranger monte, laissant sa compagne au pied de la colonne et… il ne redescend plus.

La dame, inquiète, ne sait que penser d’une absence aussi prolongée. Le gardien escalade enfin l’escalier en colimaçon de 168 marches. Quelle n’est pas sa stupéfaction, en arrivant au sommet, de ne voir personne ! Le grillage qui ceint la plateforme panoramique est intact, donc l’étranger n’a pu se précipiter sur le pavé. Le gardien redescend, furète dans tous les coins, interroge tous les renfoncements. Rien, absolument rien ! pas le moindre atome d’étranger !

La dame s’arrache les cheveux, en demandant son mari. Un rassemblement se forme, la police arrive. On ne cesse de monter et de descendre le monument en pierre, en examinant les plus petits recoins : l’étranger n’y est pas ! La pauvre dame a été amenée à la station de police pour y faire sa déposition. Elle arrivait la veille de Slough, où elle tient avec son mari une pension de demoiselles.

Il va sans dire que cette disparition extraordinaire intrigue à un très haut point la curiosité du public, et il y a des personnes qui se demandent s’il n’y a point là-dessous de sorcellerie.

Le procès de la mère de Kepler

Publié le Mis à jour le

kepler

Dans les archives de la petite ville de Guglingen, en Souabe, on vient de retrouver un curieux document. Il s’agit des pièces du procès en sorcellerie intenté à Catherine Kepler, la mère de l’illustre astronome qui le premier donna une théorie de la planète Mars et énonça les lois astronomiques d’où Newton sut dégager le grand principe de l’attraction universelle.

Catherine Kepler s’adonnait à la confection et à la vente de médicaments, et sans doute de philtres. Comme elle avait la langue acérée, et ne craignait pas les papotages, elle se créa nombre d’ennemis. Ceux-ci lancèrent le bruit qu’eue pratiquait la sorcellerie, et c’est ainsi que le tribunal criminel de Lemberg la fit arrêter, et sans retard instruisit son procès (1620). Mais les juges montrèrent une telle partialité qu’ils durent être dessaisis et l’affaire fut alors portée devant l’officialité de Guglingen. La nouvelle instruction dura plusieurs mois et le 4 septembre la cour déclara que pour arriver à la manifestation de la vérité il était nécessaire de recourir aux offices de « maître Jakobus ». C’était la mise à la question.

A ce moment Johannes Kepler vivait à Linz. Il revint en Souabe et obtint non seulement la suspension de la torture mais le transfert de la prisonnière de son cachot dans le logement du gardien. Entre temps les pièces de la procédure avaient été transmises à la faculté de droit de Tubingue et celle-ci, par arrêt en date du 10 septembre 1621, jugea qu’en présence de l’âge avancé de l’accusée (73 ans) et de l’insuffisance des preuves il n’y avait pas lieu d’appliquer la torture, mais que Catherine Kepler subirait cependant la « peine de l’explication ». La vieille femme fut donc conduite dans la chambre de la question où maître Jakobus lui expliqua en détail l’usage des instruments de torture. Invitée à faire des aveux Catherine protesta encore une fois de son innocence.

L’ordre d’élargissement arriva quelques jours plus tard, mais la prisonnière fut encore retenue jusqu’au 4 novembre, moment où son fils put payer les 400 florins de frais de procédure.

« L’Écho du merveilleux. » Paris, 1913.

Loup-garou, sorcellerie et boudin

Publié le Mis à jour le

 Thorembais

A la limite de Thorembais St-Trond, Thorembais-les-Béguines et Perwez, il existe au croisement du chemin une énorme pierre, espèce de monolithe où furent brûlées jadis des sorcières.

Il y a encore un lieu dit « Buisson des Sorcières », où elle se réunissaient la nuit. Mais la place principal de réunions et de danses des sorcières se trouvait aux 4 chemins entre Thorembais et Perwez. Bien souvent le soir on entendait, même du village, la musique des sorcières dans les airs. Un jour un habitant de Thorembais qui était loup-garou, fut trouvé étranglé par les sorcières, pour ne pas avoir bien rempli les devoirs de sa charge.

Il existait également à Thorembais le « moulin du philosophe ». Ce nom de philosophe avait été donné au propriétaire du moulin, à cause de ses pouvoirs. Ce sorcier avait la spécialité d’attirer le boudin et chacun pouvait constater qu’il ne manquait jamais au moulin. Malheur à la fermière qui n’avait pas versé de l’eau bénite dans sa marmite à cuire les boudins… elle pouvait être certaine qu’après la cuisson elle n’en retrouverait plus qu’une partie et même plus du tout.

« Le Folklore brabançon : Bulletin du Service provincial de recherches historiques et folkloriques. »  Bruxelles, 1927.