siège
Oh ! un melon qui flotte…
On raconte qu’au siège de Mansourah par les Croisés français, sous la conduite de Louis IX, un soldat musulman ayant enfoncé sa tête dans un melon creusé, se jeta ainsi à la nage dans le Nil.
Le melon, qui paraissait flotter sur l’eau, frappe les regards d’un guerrier chrétien. Celui-ci s’élance dans le fleuve, et, comme il tendait la main pour saisir le melon flottant, il est saisi lui- même et traîné dans le camp des Musulmans. Cette particularité, plus bizarre qu’instructive, est rapportée par plusieurs historiens arabes, et M. Michaud me dédaigne pas de la citer au quatrième volume de son Histoire des Croisades.
« Journal des anecdotes anciennes, modernes et contemporaines. » Paris, 1833.
Comme à Mazagran !
La défense de Mazagran, qui eut lieu en 1840, est un des plus beaux faits d’armes de nos guerres d’Afrique. Mais pourquoi un breuvage composé de café, d’eau et de sucre est-il appelé un mazagran ?
Cela tient à une circonstance de ce siège mémorable. Les cent vingt-trois Français qui, sous le commandement du capitaine Lelièvre, défendirent Mazagran contre douze mille Arabes, étaient abondamment pourvus d’eau, par un excellent puits qui se trouvait dans le retrait du fort. Mais l’eau-de-vie vint à manquer, et nos braves prenaient du café noir un peu sucré et fortement étendu d’eau. Or, une fois délivrés, nos soldats aimaient à prendre le café « comme à Mazagran », et cette expression, bientôt réduite à « Mazagran » tout court, se répandit parmi les militaires, et les civils l’adoptèrent.
Dans les cafés parisiens, on désigne surtout par le nom de mazagran le café servi dans un verre, pour le distinguer de celui qui est versé dans une tasse, qui serait trop petite pour qu’on y pût ajouter de l’eau.
Eugène Muller. « Curiosités historiques et littéraires. » Paris, 1897.
La médaille de Brébant
Brébant vient de mourir : rappelons une anecdote sur ce célèbre traiteur qui mérita le nom de « restaurateur des lettres ».
Il les restaura surtout pendant le siège. A une époque où Paris mourait de faim, il trouva moyen de donner bonne chère à quelques hommes de lettres et journalistes habitués de son célèbre restaurant.
Le siège fini, ces gastronomes eurent, chose rare, la reconnaissance du ventre (pardon du vilain mot, mais il est consacré par l’Académie en son dictionnaire) et ils firent graver une médaille sur l’une des faces de laquelle on lisait :
Pendant
le Siège de Paris
quelques personnes ayant
accoutumé de se réunir chez
M. Brébant tous les quinze jours
ne se sont pas une fois aperçues,
qu’elles dînaient dans une ville
de deux millions d’âmes
assiégée
Cela est très flatteur pour le maître d’hôtel, mais peu pour les signataires de cette égoïste déclaration.
Sur le revers de la médaille, figurent les noms des hôtes ordinaires de ces dîners bimensuels :
A PAUL BRÉBANT
Ernest Renan. Thurot
P. de Saint-Victor. J. Bertrand
M. Berthelot. Morey
Ch. Blanc. E. de Goncourt
Schérer. T. Gautier
Dumont. A. Hébrard
Nefftzer. …………………
Charles Edmond.
En tout quinze convives.
Un jour, l’un d’eux a eu un remords et il a gratté son nom sur la fameuse médaille qui est aujourd’hui au musée Carnavalet. Mais, grattage inutile, ce document désormais historique fait partie des annales culinaires et des annales de l’égoïsme. On ne le détruira plus et il faut que les signataires en prennent leur parti.
Ils ont mis leur nom au bas de cette manifestation de l’individualisme satisfait au milieu des affres d’une grande ville. Ces noms y resteront.
« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. » Paris, 1892.
Illustration : Henri Pille (1844-1897).
Le dernier pigeon voyageur
Expédié lors du siège, l’héroïque oiseau parvint à destination malgré gaz et obus. L’exposition d’Aviculture du Grand Palais a permis d’admirer et de récompenser les pigeons militaires du colombier de Verdun.
Combien émouvant le dernier message du commandant Raynal expédié au cours de la bataille, le 4 Juin de l’année 1916 à 11 h, 30, quelques heures avant la fin de l’héroïque défense du fort de Vaux.
« Mon dernier pigeon » ajoutait le commandant, et malgré les difficultés énormes et la mitraille, fortement intoxiqué, blessé, presque mourant, l’oiseau fidèle parvint au colombier.
Les habits du poète
En partant pour le siège de Mons, Louis XIV enjoignit à ses deux historiens de le suivre. Racine détestait être loin de son foyer et de sa muse. Il resta donc chez lui.
Au retour, le roi le réprimanda sévèrement. Mais le poète désarma sa colère.
— Je n’avais, dit-il, que des habits de ville; j’en avais ordonné de campagne, mais les villes que Votre Majesté assiégeait ont été plus tôt prises que mes habits n’ont été faits.
« Historia. » Paris, 1935.
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