Seine-et-Oise

Tradition

Publié le Mis à jour le

gaulois

« ….Ne sont pas compris dans ces interdictions le vin, la bière, le cidre, le poiré,  l’hydromel... » 

Ainsi s’exprime la dernière circulaire du ministre de l’Intérieur sur la vente au détail des spiritueux. 

Dites, est-ce que, vraiment, il y a encore en France des marchands d’hydromel ? 

Nous avons tous appris au collège que les Gaulois buvaient de l’hydromel. Mais, depuis Vercingétorix, nous pensions avoir fait quelques progrès. Il semble bien que nous ayons renoncé à l’hydromel en même temps que nous renoncions a laisser flotter nos cheveux sur nos épaules, à porter des sayons de poils de chèvre, et à combattre avec la framée

Mais, depuis le début de la guerre, chaque fois qu’un ministre ou un préfet a eu  l’occasion d’écrire quelques lignes sur les boissons. il n’a pas manqué de citer avec  honneur l’hydromel. D’où il faut conclure que l’hydromel est resté  une boisson moderne. Evidemment il ne vient à l’esprit de personne, même les jours de plus forte chaleur, de se rafraîchir avec un verre d’hydromel. Et celui qui commanderait : « Garçon, un hydromel ! » se verrait sans doute regardé comme un mauvais plaisant. Mais il faut bien qu’il y ait quelque part de l’hydromel et des gens qui en boivent. Où ? Voilà seulement ce qu’on ignore. 

Il est vrai que, voilà quelques années, le préfet de Seine-et-Oise, énumérant les animaux que les chasseurs devaient respecter, ne négligea point de signaler le balbuzard  fluviatile, qui a disparu depuis plus de cent ans.  

L’hydromel peut donc être inscrit sur quelque nomenclature qui fut traduite du latin sous Philippe-Auguste et que les fonctionnaires se repassent chaque année, le 1er janvier, sans la lire jamais. 

« Excelsior. » Paris, 1917.

La fin d’un règne

Publié le Mis à jour le

attaque-tuilerie

Pendant la bataille où se jouait son destin, Charles X était avec toute sa cour au palais de Saint-Cloud, transformé en radeau de la Méduse.

Le manque de provisions se faisait sentir, et les cuisines royales avaient bien du mal à nourrir convenablement tant de monde. Ce fut le comble de la disette, lorsque arrivèrent, le 29 juillet, les régiments de la garde royale chassés de Paris par l’émeute victorieuse. Les hommes étaient exténués et affamés, et le Dauphin qui était allé à leur rencontre n’entendit qu’un cri : « Du pain, du pain, Monseigneur ! voilà trois jours que nous nous battons sans manger ! » Le roi, informé de leur détresse, fit appeler son chambellan, le comte Hocquart et lui dit :

— Ma garde meurt de faim depuis trois jours. Faites-lui vite distribuer vingt mille rations de pain et de viande.
— Vingt mille rations, Sire ! se récria le chambellan effaré : je n’ai que deux cents  petits pains pour le service de votre majesté.

On ne savait comment ravitailler ces malheureux. On n’avait même pas l’argent nécessaire pour leur acheter du pain chez les boulangers du pays : on n’avait trouvé dans la caisse du roi que 4.000 francs qui furent vite épuisés. Et les troupes criaient toujours famine.

Alors M. de la Bouillerie, intendant de la liste civile, demanda une avance de fonds à
M. de Saulty, receveur général de Seine-et-Oise. Celui-ci refusa invoquant qu’il n’avait pas d’ordre du ministre des Finances, ni de crédit ouvert à ce sujet. Il ne pouvait donc payer régulièrement aucun mandat. Mais, ne voulant pas laisser périr d’inanition la garde royale, il proposa lui- même un expédient fort inattendu :

 C’est bien simple, envoyez piller ma caisse, dit- il en souriant : je céderai à la violence et je serai couvert.

Un peloton de grenadiers à cheval s’en fut donc pour le bon motif, cambrioler ses bureaux de Versailles, et en rapporta 16.000 francs. 

Voilà comment les régiments de Saint-Cloud purent dîner le soir du 29 juillet 1830.

« Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous. » Clermont-Ferrand / Paris, 1930.

Braves gens

Publié le Mis à jour le

assemblée-nationale-blog-le-monde

La presse parisienne a rappelé le geste de M. Edmond Gast qui, ayant voté en 1920 contre le relèvement de l’indemnité parlementaire portée alors à 27.000 francs, refusa, en passant à la caisse, de prendre les 1.000 francs mensuels supplémentaires. Comme le caissier l’y obligeait, il lui donna l’ordre de reverser cette somme au Trésor. Ce qui fut fait.

Si de mauvais plaisants vous disent que M. Gast était un original et un type unique dans son genre, vous leur direz que son collègue de Seine-et-Oise, M. Amodru, en fit autant.

On devrait élever ces deux hommes à la dignité de saints dans un calendrier parlementaire.

Ah ! les braves gens !…

« La Revue limousine. » Limoges, 1926.