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Les sans-culottes au théâtre

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Les sans-culottes se piquaient de républicanisme, mais non d’atticisme. Ils mettaient de la politique partout; et quand ils allaient au théâtre, c’était moins pour admirer de beaux vers que pour entendre des anathèmes contre les tyrans.

On les servait à souhait ; les pièces du temps n’ont, pour la plupart, ni intérêt, ni style, mais elles sont brûlantes de patriotisme. Les acteurs revenaient quelquefois à l’ancien répertoire, et le public daignait encore supporter Racine ou Corneille, pourvu qu’ils fussent, comme les spectateurs, déguisés en sans-culottes.

Les transformations étaient parfois fort extraordinaires. Par exemple, le mot de roi était proscrit et remplacé invariablement par le mot tyran. Dans le Père de Famille, de Diderot, le premier acte commence par une partie d’échecs: Molé ne disait plus : Échec au roi, mais : Échec au tyran. Dans le Déserteur, de Sedaine, au lieu de ces mots : Le roi passait, et le tambour, etc., l’acteur chantait : La loi passait ; et, comme de juste, le chœur reprenait ensuite, non pas: Vite le roi ! mais Vive la loi !

Il va sans dire qu’on ne pouvait plus jouer la dernière scène du Tartuffe telle que Molière l’a écrite. Dorat-Cubière la remplaça par cet excellent distique, qu’il plaçait dans la bouche de l’exempt:

« Traduisez sur-le-champ cet insigne faussaire

A notre tribunal révolutionnaire. »

« Du temps de la terreur. »  L. Hachette, Paris, 1863.