princesse Marie

Anne Boleyn et le bourreau des coeurs

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Anne-Boleyn

Henri VIII est un atroce Barbe-Bleue qui a fait tour à tour le malheur de six femmes. Deux d’entre elles sont mortes sur l’échafaud.

Une troisième ne l’a évité que par miracle : elle avait eu l’imprudence de contredire son terrible maître dans une discussion théologique; avertie que l’ordre est donné secrètement de lui instruire son procès, elle court le lendemain chez Henri et reprenant sans émotion apparente l’entretien de la veille au point où il avait été laissé, elle s’embrouille volontairement, balbutie, puis se confond en excuses devant « le plus grand docteur de la chrétienté ».

Sa victime la plus intéressante est Anne Boleyn. Ses derniers moments rachètent les fautes passées. Elle songe avec remords à l’épouse qu’elle a détrônée, et faisant appeler la femme du lieutenant de la Tour, elle s’agenouille et dit :

« Allez de ma part, et dans la même posture où vous me voyez, demander pardon à la princesse Marie pour tous les maux que j’ai attirés sur elle et sur sa mère. »

La légende lui prête une lettre curieuse adressée au roi :

« Vous êtes un prince doux et clément, vous m’avez traitée avec plus de bonté que je n’en méritais. Vos bienfaits ont toujours été en croissant pour moi. De simple particulière, vous m’avez faite dame. De dame, marquise. De marquise, reine… et ne pouvant plus m’élever ici-bas, de reine en ce monde, vous allez me faire sainte dans l’autre. »

 » Les grandes infortunes. »  Changeur, P.-A. & Spont, Alfred. Paris, 1890.