paperasserie

Le recensement de Jésus

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creche-noelTous les cinq ans, l’administration française éprouvant le besoin de compter ses têtes de Turcs, nous adresse à propos de recensement,. les/mêmes instructions et les mêmes  questions avec le même déluge de paperasses…

Ce recensement quinquennal, est une cérémonie que la science démographique juge nécessaire pour déterminer la densité des peuples, l’abondance ou le déficit de la natalité, le nombre dès étrangers, le pourcentage des sexes, et quelques autres statistiques ejusdem farinæ, dont le destin habituel est de moisir à la disposition des souris, dans la poussière des archives nationales… Mais l’institution n’est pas nouvelle, puisque la Bible nous raconte déjà comment Moïse, et  plus tard, le roi David, firent procéder au recensement du peuple israélite, dont le nombre d’hommes en état de porter les armes fut évalué la première fois à 603.550, et la seconde à 1.300.000. 

Si Jésus est né fortuitement à Bethléem au lieu de voir le jour à Nazareth, son « domicile légal », c’est à cause d’un recensement général de tous les sujets de l’empire romain, ordonné par César Auguste en l’an 749. Hérode, tétrarque de Galilée, suivant les instructions du souverain, avait  prescrit à tous les Juifs de venir se faire inscrire à leur lieu de naissance. Pour se conformer à l’édit, Joseph qui était originaire de Bethléem, se rendit alors avec Marie dans cette ville située à quatre journées de Nazareth. Ils la trouvèrent déjà encombrée de voyageurs venus pour le recensement, et ne pouvant obtenir de place à l’auberge ils durent chercher un asile dans une grotte où des paysans logeaient leurs animaux. Ce fût là que, pendant la nuit, Jésus vint au monde sur la dure  comme un enfant de  miséreux. Il fut ainsi une des premières victimes de la paperasserie administrative.

En France, ce fut seulement sous Louis XVIII que l’ordonnance du 16 janvier 1822 décida qu’un recensement de la population aurait lieu tous les cinq ans. Celui de 1836 fut particulièrement mouvementé : il se proposait de réviser les propriétés et les biens, en vue d’une nouvelle répartition des impôts, et de nombreux contribuables refusèrent de s’y soumettre. Il y eut de violentes émeutes, notamment à Toulouse qui ne céda que sous la menace des canons.

Le recensement chez nous aboutit toujours, hélas, à des réflexions amères. Tous les pays, sauf le nôtre, voient augmenter le nombre de leurs habitants. La Russie en a 112 millions, l’Allemagne 63, l’Angleterre 49, l’Italie 42, la Pologne 41. Sur les 481 millions que compte l’Europe, la.pauvre France ne peut pas arriver à en posséder 40 millions, quoiqu’il naisse dans le monde 50.000 enfants chaque jour et que la population du globe atteigne aujourd’hui presque 2 milliards d’individus… et il y a encore de la place. 

Espérons que cette fois nous allons avoir une bonne surprise…

« Ric et Rac. » 1931.
Illustration : Les jouets de Charlie Guerrier.

Les balais militaires

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gaites-de-l'escadronJ’ai eu à ma connaissance certain article qui nous donne un bien curieux exemple de paperasserie administrative. Il parait que les balais employés dans l’armée n’étaient pas d’un modèle uniforme. La discipline militaire ne pouvait admettre une aussi choquante irrégularité, et l’on a décidé de créer un modèle de balai réglementaire.

A cet effet, on a procédé à une enquête, et l’on a rédigé le questionnaire suivant, qui a été adressé, à tous les officiers de casernement.

MANCHE.

Nature du bois.

Longueur.

Diamètre.

Circonférence.

BALAI.

Nature des branchettes.

Longueur.

Grosseur.

Nombre.

Mode d’assemblage.

Nombre de liens d’assemblage.

Distance des liens entre eux.

Nature du bois des liens.

Diamètre de l’ensemble des branchettes à l’extrémité supérieure.

Poids (manche non compris).

Si, après cela, on n’arrive pas à trouver un balai idéal, c’est qu’on y aura mis de la mauvaise volonté.

« Gazette parisienne. » 1890.

Illustration : affiche du film « Les Gaîtés de l’escadron », Maurice Tourneur, 1932.

Paperasserie

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bureau

La Justice fait le procès à la paperasserie administrative. Elle énumère les formalités à remplir pour acheter à l’administration forestière six bottes d’épines à 5 ou 10 centimes l’une :

Il faut d’abord formuler une demande sur papier timbré de 60 centimes, et adresser franco cette demande au garde général, c’est-à-dire effectuer une dépense préalable de 0 fr.73 c.

Cette demande reçue, le garde général rédige un rapport, démontrant que la livraison d’une demi-douzaine de bottes d’épines ne compromet en rien la forêt communale.

Le garde général adresse son rapport au maire de la commune propriétaire de la forêt.

Le maire mentionne sur ce rapport qu’il accepte la proposition du garde général, auquel il retourne le document ainsi annoté.

Le garde général adresse à l’inspecteur : 1° son rapport; 2° la demande sur papier timbré du pétitionnaire.

L’inspecteur déclare qu’il partage l’avis de son garde générai et qu’on peut, sans inconvénient, délivrer les six bottes d’épines au pétitionnaire. Il adresse le dossier à M. le conservateur des forêts.

Ce haut fonctionnaire, à la suite des avis du maire, du garde général et de l’inspecteur, indique sur le dossier qu’il approuve la délivrance des bottes d’épines et envoie ce dossier au préfet du département.

Enfin le préfet autorise la délivrance des bottes et retourne les pièces au conservateur.

Le conservateur renvoie le dossier à l’inspecteur.

Celui-ci donne avis au garde général qu’il peut délivrer les bottes d’épines et informe le percepteur qu’il a à percevoir une somme de 30 ou 60 centimes.

Le garde général informe de son côte le maire de l’heureuse solution donnée à cette importante affaire et avise également l’intéressé. Il informe enfin le brigadier.

Le brigadier donne, en conséquence, des ordres au garde du triage, tandis que le percepteur avertit le demandeur d’avoir à verser à sa. caisse la somme fixée, faute de quoi les bottes ne pourraient point être enlevées.

Depuis 1827, le même fait se reproduit plusieurs milliers de fois par an… Saluez !

« La Revue des journaux et des livres. » Paris, 1885.