Notre-Dame
L’ascenseur de l’Arc de Triomphe
Nous l’aurons, cet ascenseur, rien ne pouvant empêcher l’homme qui s’est mis dans la tête de construire un ascenseur d’arriver à ses fins. Un homme avait dit : « Je ferai un ascenseur à l’Arc de Triomphe. » et cet ascenseur va se faire malgré toute l’énergie avec laquelle les membres de la Commission des monuments historiques ont pu en dis- cuter. Il y aura un ascenseur qui transportera jusqu’au sommet les visiteurs de l’Arc de Triomphe.
Où mettra-t-on cet ascenseur ? On a découvert (car celui qui veut faire un ascenseur découvre toujours la place), qu’à l’un des angles de l’Arc de Triomphe il existe une sorte de puits qui, du haut en bas de l’Arc de Triomphe, devait permettre autrefois le transport des matériaux sur la plate-forme du monument. C’est dans ce puits que sera construit l’ascenseur et ainsi la réalisation du principal intéressé dans cette affaire ne sera bientôt plus qu’une question de jours.
Et ne vous y trompez pas. Nous aurons aussi l’ascenseur à Notre-Dame. Je sais bien que jusqu’ici, la résistance des Monuments historiques est telle qu’il est permis d’espérer que l’ascenseur des tours Notre-Dame restera longtemps encore dans le domaine du rêve. Mais soyez sûr que les constructeurs d’ascenseurs seront plus tenaces que les membres de la Commission des Monuments historiques et que, peu à peu, il auront su s’insinuer dans leurs bonnes grâces jusqu’à la chute du dernier des Romains : ce jour-là, il y aura un ascenseur pour nous permettre d’aller converser avec Quasimodo parmi les gargouilles de la cathédrale parisienne.
« La Renaissance : politique, littéraire et artistique. » Paris, 1914.
Peinture : Edouard Cortes.
Ecoles buissonnières
Au Moyen Âge, chaque écolier, faisant partie des petites écoles de Paris, payait une rétribution à son maître, qui, à son tour, en payait une au chantre de Notre-Dame.
Quelques maîtres, pour se soustraire à cette redevance, tenaient leur école dans des lieux écartés, ou même dans les champs et les bois qui environnaient la capitale. De là, les écoles prirent le nom d’écoles buissonnières. Au seizième siècle, on nommait ainsi les écoles que les protestants tenaient secrètement à Paris, et qui furent défendues par un arrêt du parlement, rendu le 6 août 1552.
Telle est vraisemblablement l’origine de notre proverbe : « faire l’école buissonnière ».
« Le Magasin pittoresque. » Paris, 1842.
Illustration : Emile Claus.
De quelques usages de la paille
Autrefois, quand un chanoine du chapitre de Notre-Dame venait à quitter sa prébende, soit par mort ou par démission, ses draps, son oreiller et son lit de plume appartenaient de droit aux pauvres de l’Hôtel-Dieu. A les planchers des appartements étaient jonchés de paille et de nattes.
On voit, en 1208, Philippe-Auguste faire don à l’Hôtel-Dieu de toute la paille de sa chambre et de son palais, lorsqu’il venait à quitter Paris Les églises étaient également jonchées de paille, mais pendant l’hiver seulement. En été on couvrait le sol de feuilles
d’arbre et d’herbes odoriférantes. Comme il n’y avait pas de bancs, ceux des fidèles qui ne prenaient pas la précaution d’apporter leurs sièges avec eux s’asseyaient ou s’agenouillaient à terre. Il en était de même dans les écoles de Paris, où les jeunes élèves étaient couchés çà et là, pèle-mêle aux pieds des professeurs. Par une singulière et bizarre explication de cet usage, la bulle donnée à cet effet par le pape Urbain V, porte que c’était afin d’inspirer aux écoliers des sentiments d’humilité et de subordination.
On sait que la rue du Fouarre, occupée alors par les écoles, ne reçut son nom qu’à cause de la paille ou feurre dont elle était couverte.
Le cul-de-jatte
Favart raconte l’histoire d’un cul-de-jatte mendiant, alors connu de tout Paris (1763).
Cet homme donnait de l’eau bénite le matin à Notre-Dame, ensuite il parcourait la ville et les environs à l’aide de deux petits chevalets, qu’il employait avec beaucoup de force et d’habileté. Le coquin avait une face d’une largeur superbe, il était gros à proportion, et, à en juger par son tronçon, il aurait eu près de six pieds s’il n’eut pas été mutilé. A son embonpoint, sa rougeur, sa vigueur, on pouvait juger qu’il était abondamment nourri. Rien ne lui manquait pour être heureux que d’être honnête homme.
Un jour, sur la route de Saint-Denis, il demande l’aumône à une femme qui passait. Elle lui jette une pièce de douze sous. Il la prie de la lui ramasser, ce qu’il ne peut faire lui-même. Tandis que la brave dame se baisse, il s’approche, lui décharge sur la tête un coup de maillet, et, voyant qu’elle n’est pas morte, lui coupe le cou et la vole.
Cette action est aperçue. On saisit l’assassin, on le mène en prison. Interrogé, il avoue que depuis vingt ans il fait ce métier et que ses victimes sont nombreuses.
Il plaisante d’ailleurs sur sa situation, et dit qu’il ne peut jamais être rompu qu’à moitié, car il défie bien le bourreau de lui casser les jambes.
« Curiosités historiques et littéraires. » Eugène Muller, Paris, 1897.
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