muscade

La muscade et les gens comme il faut

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Nos pères, forts mangeurs, étaient grands amateurs d’épices facilitant la digestion de leurs trop abondants repas. Parmi les épices les plus recherchées, figurait la noix muscade, dont on râpait une certaine quantité sur la plupart des mets.

L’usage ou plutôt la mode de la muscade fut pendant quelque temps interrompue en France au dix-septième siècle, et voici à quelle occasion. Les ragoûts servis à Louis XIV encore jeune la veille du jour où il fut pris de la petite vérole, étaient, selon l’ordinaire de ce temps, fortement assaisonnés de muscade.

L’odeur de la muscade, qui l’obsédait pendant les premiers jours de la maladie, lui inspira le plus profond dégoût pour cette épice, qui dès lors se trouva déconsidérée et laissée aux tables vulgaires. Les gens comme il faut ne purent plus sentir la muscade, et même en entendre parler sans en éprouver des nausées.

Huit ou dix ans plus tard, l’estomac du roi s’étant réconcilié avec la muscade, elle devint plus à la mode que jamais. Ce fut alors que Boileau, décrivant un repas ridicule, constata l’engouement pour cette épice dans ce vers devenu célèbre, et auquel il est souvent fait allusion:

« Aimez-vous la muscade ? on en a mis partout. »