miroir

Les premiers fards romains

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Antoine-Watteau

Ce n’est certes pas dans les premiers siècles de la République romaine que l’on trouve l’usage des fards : les femmes partageaient les vertus héroïques et les moeurs sévères de leurs maris et ignoraient tout artifice de toilette. Mais quand, par la conquête du monde, ils introduisirent chez eux la richesse, les Romains y ramenèrent en même temps le luxe et la coquetterie, comme plus tard, les croisés de retour d’Orient, devaient rapporter en  Europe l’élégance musulmane.

Bref, c’est à cette époque que les Romaines commencèrent à se farder, mais d’un fard qui était fort grossier, car ce n’était pas autre chose que de la terre de Chio ou de Samos délayée dans du vinaigre. Puis les Romaines firent usage du blanc de plomb, quoiqu’elles connussent déjà ses inconvénients. quant aux fards rouge, on les tirait des végétaux ou de la dépouille des animaux.

Ce qui était encore plus grossier, c’est la façon dont on appliquait le fard sur la figure. L’esclave chargée de farder sa maîtresse devait mélanger le fard avec sa salive, ainsi qu’un auteur latin l’explique en détail :

« L’esclave, avant de commencer l’importante opération, souffle sur un miroir de métal et le présente à sa maîtresse. Celle-ci sent à l’odeur si la salive est saine et parfumée. Elle sait ainsi si elle a mâché les pastilles qui lui sont ordonnées, parce que c’est avec sa salive que l’esclave doit broyer le fard et l’appliquer, afin de l’étendre également et de le fixer sur les joues de sa maîtresse. »

Brrr… On a heureusement fait quelques progrès depuis. Sans cela nos actrices refuseraient énergiquement de se farder.

« Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille. »  Paris, 1905.
Illustration : Antoine Watteau.

Souvenir de l’immortel Bobèche

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Bobèche et Galimafré au Boulevard du Temple.
Bobèche et Galimafré au Boulevard du Temple.

Un beau jour, au début de la parade, on le voit arriver tenant à la main le cadre d’un miroir, absolument vide de glace, de tain, de quoi que ce fût, mais dans lequel il faisait néanmoins le geste de se mirer et de s’admirer complaisamment. Et le public, prévoyant quelque grosse farce, de s’épanouir à l’avance.

Survient Galimafré.

Que tiens-tu donc la ? interroge-t-il.

Parbleu, vous le voyez bien, patron ! c’est un miroir…

Ça un miroir ! Tu veux rire ! C’en a peut-être été un autrefois, mais il ne reste plus que la bordure.

C’est un miroir, je vous dis, répétait Bobèche avec conviction, et même un miroir crânement supérieur à celui que vous pouvez avoir. Car enfin, patron, quand vous regardez dans le vôtre, vous ne voyez qu’un imbécile, et moi, quand je regarde le mien (et à travers son cadre de bois il lorgnait, audacieusement la foule),  j’en vois plus de cinq cents !

«  La Revue des journaux et des livres. » Paris, 1885.

Rouler sa cigarette devant une glace

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Voici une expérience basée sur la réflexion des glaces et qui consiste à empêcher un fumeur de rouler sa cigarette, quelque habitude qu’il ait de ce travail.

fumeurVous le placez à 50 centimètres environ d’une glace, en lui imposant la condition de regarder l’opération de ses doigts par la réflexion du miroir seulement. Pour plus de sûreté, vous interposez, entre ses yeux et ses mains, un écran quelconque, une feuille de papier, un journal, un calendrier, etc., ce qui l’empêche de voir directement l’action de ses doigts.

Dans cette condition, vous lui remettez une feuille de papier à cigarette, pliée légèrement en biais, et vous lui donnez en même temps le tabac nécessaire.

Si par force de l’habitude, comme le faisait Horace Vernet, qui roulait, dit-on, sa cigarette d’une seule main, il n’arrive pas du premier coup et qu’il regarde l’action dans la glace, il tournera à droite, à gauche, en coin dans le sens opposé, etc., sans arriver à pouvoir confectionner un objet qu’il fait très bien par habitude, machinalement, et qu’il ferait pareillement les yeux bandés.

«  La Science illustrée. » Louis Figuier, Paris 1887.