ministre des finances

La fin d’un règne

Publié le Mis à jour le

attaque-tuilerie

Pendant la bataille où se jouait son destin, Charles X était avec toute sa cour au palais de Saint-Cloud, transformé en radeau de la Méduse.

Le manque de provisions se faisait sentir, et les cuisines royales avaient bien du mal à nourrir convenablement tant de monde. Ce fut le comble de la disette, lorsque arrivèrent, le 29 juillet, les régiments de la garde royale chassés de Paris par l’émeute victorieuse. Les hommes étaient exténués et affamés, et le Dauphin qui était allé à leur rencontre n’entendit qu’un cri : « Du pain, du pain, Monseigneur ! voilà trois jours que nous nous battons sans manger ! » Le roi, informé de leur détresse, fit appeler son chambellan, le comte Hocquart et lui dit :

— Ma garde meurt de faim depuis trois jours. Faites-lui vite distribuer vingt mille rations de pain et de viande.
— Vingt mille rations, Sire ! se récria le chambellan effaré : je n’ai que deux cents  petits pains pour le service de votre majesté.

On ne savait comment ravitailler ces malheureux. On n’avait même pas l’argent nécessaire pour leur acheter du pain chez les boulangers du pays : on n’avait trouvé dans la caisse du roi que 4.000 francs qui furent vite épuisés. Et les troupes criaient toujours famine.

Alors M. de la Bouillerie, intendant de la liste civile, demanda une avance de fonds à
M. de Saulty, receveur général de Seine-et-Oise. Celui-ci refusa invoquant qu’il n’avait pas d’ordre du ministre des Finances, ni de crédit ouvert à ce sujet. Il ne pouvait donc payer régulièrement aucun mandat. Mais, ne voulant pas laisser périr d’inanition la garde royale, il proposa lui- même un expédient fort inattendu :

 C’est bien simple, envoyez piller ma caisse, dit- il en souriant : je céderai à la violence et je serai couvert.

Un peloton de grenadiers à cheval s’en fut donc pour le bon motif, cambrioler ses bureaux de Versailles, et en rapporta 16.000 francs. 

Voilà comment les régiments de Saint-Cloud purent dîner le soir du 29 juillet 1830.

« Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous. » Clermont-Ferrand / Paris, 1930.

Les précieux morceaux de l’appareilleuse

Publié le

 époux-necker

Mme Necker, la femme du ministre des finances sous Louis XVI, en furetant un jour sur la cheminée du cabinet de son mari, trouva parmi les papiers jetés négligemment, une lettre conçue en ces termes :

« Monsieur, connaissant le goût de Votre Grandeur pour l’histoire naturelle, j’ai l’honneur de lui annoncer que j’en possède plusieurs morceaux précieux et dignes de lui être présentés. Si Votre Grandeur daigne se rendre chez moi, je m’empresserai de les lui montrer et je me flatte qu’elle en sera assez satisfaite pour en désirer la possession. »

La lettre était signée d’un nom de femme avec son adresse dans un assez vilain quartier.

Mme Necker, qui se piquait de connaissances en tous genres, fut curieuse de voir les pièces intéressantes qu’on annonçait à son mari. Elle fit atteler et se rendit à l’adresse indiquée. Son valet de pied demande par son ordre au portier si Mme Palmyre est chez elle et, sur une réponse affirmative, elle monte l’escalier.

Qu’on juge de l’embarras de Mme Palmyre quand Mme Necker, lui montrant la lettre de son mari, se nomme et demande avec empressement les morceaux d’histoire naturelle dont elle disait tant de merveilles.

Ses réponses et son attitude ouvrirent les yeux de la visiteuse qui comprit en quel lieu elle était.

Elle se garda bien de raconter son aventure à son mari ni à qui que ce fût; mais les domestiques, les voisins de la maison et l’appareilleuse elle même ne furent pas aussi discrets.

« Hier, aujourd’hui, demain. Gazette historique. »  Paris, 1923.