médecine

Le médecin de famille

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Bartolomé-Esteban-MurilloSi la médecine était une science comme la physique et la chimie, ses enseignements pourraient apparemment se cristalliser en formules définitives que n’importe qui pourraient appliquer.

II n’en est rien. Chaque cas de maladie met en jeu un ensemble de manifestations diverses qui réclament une interprétation pénétrante. Il faut, entre plusieurs solutions possibles, choisir la seule bonne. Cela ne s’apprend ni dans les livres, ni dans les cours, ni dans les amphithéâtres. Cela suppose le don, qui ne se suggère ni ne s’enseigne, une intuition qui fait l’artiste. Car la médecine est peut-être plus un art qu’une science. D’humbles médecins de campagne ont cette sorte de génie divinatoire qui leur fait improviser des diagnostics dont la sûreté tient parfois de la sorcellerie. Au lit du malade, ils sont très supérieurs à certains maîtres célèbres dont la science éprouvée ne se double pas d’une suffisante intuition. 

Comment découvrir le médecin qui soit vraiment maître dans son art ? II est difficile, à vue de nez, de discerner si le Dr X… a plus de science, si le Dr Y… a plus d’art. Ce qui importe, quand on est malade, c’est d’avoir à son chevet un médecin en qui on ait confiance. 

L’art de guérir étant, pour un bon tiers, fait de suggestion et le moral ayant une influence énorme sur le physique, il importe que la présence seule du médecin soit déjà réconfortante  et qu’il impose par le sortilège de sa persuasion ou de son autorité. Jadis, on avait le médecin de la famille qui mettait au monde les enfants et les soignait, après avoir soigné les parents. Il connaissait le fort et le faible de chacun et soignait en conséquence. Il savait la façon de se comporter des membres de la famille pendant une maladie et prévenait souvent les complications possibles. Il se mouvait sur un terrain connu où les moindres coins lui étaient familiers de longue date. Il n’y avait à craindre de sa part ni surprise ni retard dans les mesures à prendre. Ses décisions, pour tout dire,
étaient presque toujours meilleures que celles du prince de la science appelé à  l’improviste. 

Il faut donc avoir un médecin qui inspire confiance. Et, comme la confiance ne se commande pas, il ne faut s’adresser qu’à celui qui sait la conquérir. Aujourd’hui, le scepticisme, en pareille matière, est assez de mise. On change de médecin comme on change de boucher ou d’épicier. N’en changez pas trop souvent. 

« Almanach des coopérateurs. » Limoges, 1927.
Peinture de Bartolomé Esteban Murillo.

Canard venimeux

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canard

Les canards mangent souvent des crapauds et des vipères,  c’est pourquoi des médecins du bon vieux temps conseillaient de s’abstenir d’en manger, parce qu’ils pouvaient être venimeux.

Au reste, le canard ne  paraissait jamais sur les bonnes tables avant le règne de louis XIV. On lit dans plusieurs ouvrages de médecine que des personnes sont mortes pour avoir mangé du canard qui s’était nourri de bêtes venimeuses.

Croyez cela et mangez du canard !

« Le Gastronome : journal universel du goût. » Paris, 1830.

Le bienfaiteur…

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juge

A la 17ème Chambre, en l’année 1946, un nommé Leroux comparaît pour exercice illégal de la médecine.

Je n’ai jamais exercé la médecine : je suis infirmier, j’ai fait des piqûres.
— Vous avez surtout fait des ponctions dans la bourse de vos crédules clients, remarque le président Durkheim.
— N’exagérons rien, rétorque Leroux. Je prenais des prix raisonnables par ces temps de vie chère.
— Vous avez demandé 3.000 francs à une femme pour la faire maigrir. Elle pèse encore 90 kilos. Vous avez soigné un vieillard qui s’appelle Auguste Vieillard… Vous prétendiez le rajeunir : il est mort. Vous avez si bien piqué une cliente à la cuisse qu’elle est maintenant immobilisée avec un furieux anthrax. Enfin, plus de dix autres personnes se plaignent de vous.
— Ce sont des ingrats, dit Leroux.
— Soit ! tonne le président. 5.000 d’amende et un mois de prison avec sursis.
— C’est à vous dégoûter de faire le bien, s’indigne Leroux.

Plus de médecins ni de médecine !

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Voici un M. Khorf, de nationalité russe, qui ne veut plus que nous nous servions de médecine ni de médecins.

Suivant lui, la nature trouve toujours spontanément le moyen de guérir les maladies, lesquelles ne deviennent chroniques et incurables que par l’introduction réitérée des médecines dans l’organisme. Témoin les animaux, qui, n’ayant pas de médecins, ne sont presque jamais malades.

M. Khorf prétend aussi que ce qui fait la faiblesse de l’homme et de la femme, c’est de n’avoir plus le corps couvert de poils, comme les autres mammifères, et de les avoir remplacés par des vêtements. L’innovateur ne nous indique pas le moyen de faire repousser les poils qui nous manquent, mais il a pris au sérieux sa méthode curative, et il vient d’offrir au Conseil municipal d’en faire l’essai dans l’hôpital de Paris le plus réputé pour sa grande mortalité. Si, dans six mois, cette mortalité n’a pas notablement diminué, et si l’on n’a pas constaté en même temps une grande réduction dans les dépenses et dans les jours de traitement des malades entrés, il s’engage à construire une maison de santé pour les pauvres.

Et, à l’appui de sa proposition, M. Khorf a déposé, pour le cas où elle serait acceptée, un chèque de cent mille francs entre les mains du président du Conseil municipal.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »  Paris, 1891.

Médecine

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Mme de Sévigné écrit à sa fille, Mme de Grignan, pour lui signaler une attaque aigüe de rhumatisme qui l’avait fait souffrir. Mais, heureusement, son visage n’est quasi pas changé :

 C’est que je n’ai point été soignée, dit-elle, que je n’ai qu’à me guérir de mon mal, et non pas de mes remèdes…

« Lisez-moi : Histoire. »  Paris, 1936.

La dépouille mortelle du Suédois

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bernard-buffet

Un curieux procès vient d’être intenté à l’Institut royal danois d’anatomie par un rentier de Stockholm, nommé Vystroem.

Il y a vingt ans, M. Vystroem s’est engagé par contrat à léguer son corps à l’Institut d’anatomie contre paiement d’une certaine somme. Mais depuis, le pauvre hère qui avait vendu son cadavre, est devenu un homme très riche et aujourd’hui il voudrait résilier son traité.

Toutes les négociations engagées dans ce but ayant échoué, M. Vystroem s’est adressé à la justice.

Or, les magistrats ont déclaré que le traité est valable, qu’il subsiste légalement et qu’il n’y a pas moyens de l’annuler. Le tribunal a même condamné M. Vystroem à payer des dommages-intérêts à l’Institut pour avoir violé une clause du contrat en se faisant arracher deux dents sans lui avoir au préalable demandé l’autorisation.

« Gazette médicale de Paris. » Paris, 15 oct. 1910.
Peinture : Bernard Buffet.