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La médaille de Brébant

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Brébant vient de mourir : rappelons une anecdote sur ce célèbre traiteur qui mérita le nom de « restaurateur des lettres ».

Il les restaura surtout pendant le siège. A une époque où Paris mourait de faim, il trouva moyen de donner bonne chère à quelques hommes de lettres et journalistes habitués de son célèbre restaurant.

Le siège fini, ces gastronomes eurent, chose rare, la reconnaissance du ventre (pardon du vilain mot, mais il est consacré par l’Académie en son dictionnaire) et ils firent graver une médaille sur l’une des faces de laquelle on lisait :

Pendant
le Siège de Paris
quelques personnes ayant
accoutumé de se réunir chez
M. Brébant tous les quinze jours
ne se sont pas une fois aperçues,
qu’elles dînaient dans une ville
de deux millions d’âmes
assiégée

Cela est très flatteur pour le maître d’hôtel, mais peu pour les signataires de cette égoïste déclaration.

Sur le revers de la médaille, figurent les noms des hôtes ordinaires de ces dîners bimensuels :

A PAUL BRÉBANT

Ernest Renan.                    Thurot
P. de Saint-Victor.              J. Bertrand
M. Berthelot.                     Morey
Ch. Blanc.                         E. de Goncourt
Schérer.                             T. Gautier
Dumont.                           A. Hébrard
Nefftzer.                            …………………
Charles Edmond.

En tout quinze convives.

Un jour, l’un d’eux a eu un remords et il a gratté son nom sur la fameuse médaille qui est aujourd’hui au musée Carnavalet. Mais, grattage inutile, ce document désormais historique fait partie des annales culinaires et des annales de l’égoïsme. On ne le détruira plus et il faut que les signataires en prennent leur parti.

Ils ont mis leur nom au bas de cette manifestation de l’individualisme satisfait au milieu des affres d’une grande ville. Ces noms y resteront.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »  Paris, 1892.
Illustration : Henri Pille (1844-1897).

Balles humanitaires

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Petropavlovsk

C’est le prince Don Jaime de Bourbon, fils de Don Carlos, qui a baptisé ainsi les balles japonaises, dans des lettres fort intéressantes que publie le Correspondant.

Don Jaime se trouve en Mandchourie, depuis le commencement de la guerre, et il y a vu de nombreux blessés qui sont déjà en voie de guérison, après avoir reçu plusieurs balles. « Avec ces balles-là, dit-il, on est tué, ou l’on s’en tire très vite. Les complications sont rares. »

Il rapporte la plus curieuse anecdote à propos de la perte du Petropavlovsk :

Le grand-duc Cyrille avait, pour aide de camp, le lieutenant de marine Cube. Celui-ci portait toujours sur lui une médaille, que lui avait donnée un pope, un jour qu’il visitait l’église où l’on conserve les reliques de Sainte-Barbe. Cette médaille avait touché les reliques, et le pope avait dit au lieutenant Cube : « Ne vous en séparez jamais, elle vous portera bonheur. »

Au jour de Pâques, le lieutenant voulant faire un cadeau à son chef, lui offrit cette médaille. Ses camarades lui firent observer qu’il avait tort de s’en séparer puisque, pendant cinq années qu’il l’avait portée, il ne lui était jamais rien arrivé de fâcheux.

Le lieutenant n’en persista pas moins à l’offrir au grand-duc. Quelques heures après, le lieutenant disparaissait dans la catastrophe de Petropavlovsk, tandis que le grand-duc s’en échappait, comme par miracle.

« Touche-à-tout. Revue hebdomadaire. »  Paris, 1904. 

Le duc du gland

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Bedford

Le duc de Bedford, lisons-nous dans le Mercure de France de 1787, ayant fait semer, le premier, du gland dans ses terres, la nation fit frapper une médaille en son honneur avec cette inscription:

« Pour avoir semé du gland. »