mariée

Les abeilles à la noce

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Cette scène, qu’il est permis de qualifier de piquante, s’est passée dans la petite commune de Roussillon, dans l’Isère.

Au moment où une noce allait pénétrer dans l’église, un essaim d’abeilles l’assaillit. Ce fut une débandade désordonnée, la jeune mariée fuyant la première et cherchant à protéger contre les mouches irritées ce charmant visage que couronnaient des fleurs sans miel. Vaine défense, et autour d’elle la lutte était également pitoyable entre les invités et les mouches importunes.

Une brave femme, prenant le tumulte pour une bagarre, prévint la gendarmerie. Celle-ci accourut, mais dut battre en retraite. Le cortège nuptial réussit enfin à pénétrer dans l’église, dont les portes furent précipitamment closes. Mais quelques abeilles avaient pu suivre leurs victimes et durant la cérémonie un sourd bourdonnement d’orgue se faisait entendre : c’étaient les prisonnières qui cherchaient la clé des champs.1abeille

« Le Petit Journal illustré. »   Paris, 1912.

Journal d’une nouvelle mariée

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Pino dangelico
Pino dangelico

octobre.— Eugène est bien aimable. Ces huit Jours de mariage, sa douceur, sa complaisance, assurent la félicité de mon avenir. Que je porte légèrement la vie ! Ma confiance en lui est sans Bornes. Oui, le bonheur véritable est dans ce mélange d’amour et d’amitié, de sécurité et de tendresse. J’ai une nouvelle parure du meilleur goût.

12 octobre. — Encore une semaine de bonheur et de solitude. Quelle vie délicieuse, si je n’avais pas la migraine ! J’attends mon Eugène, qui chasse depuis six heures du malin… Ah ! c’est lui.

15 octobre — Cet aimable Eugène est toujours le plus aimable des maris. On n’est pas plus doux, plus attentif, plus prévenant. Il se regarde un peu trop souvent dans la glace. C’est une légère fatuité: les hommes pensent à eux avant tout; ce n’est pas un défaut individuel.

16 octobre. — Il couchait autrefois nu-tête. Ce bonnet noir ne lui sied pas.

17 octobre. — Eugène sait prêcher quelquefois. Je l’en déshabituerai.

18 octobre. — Il lit, bâille et ne me répond plus.

20 octobre. — Je Boude… il s’en va.

21 octobre. — Je pleure, il pirouette.

22 octobre. — Nous nous sommes fâchés, mais tout à fait. Nous verrons s’il établira sa tyrannie.

2 décembre. — Le monstre ! Il est à Paris. Il m’a quittée. Je suis la plus malheureuse des femmes. Je ne le reverrai plus. Une bonne séparation…

5 décembre. — Je le connais maintenant. C’est un esprit commun, avec beaucoup de prétentions; l’esprit d’un marchand et le cœur d’un fat; au surplus, c’est mon mari.

10 décembre. — Il est revenu avec mon petit cousin. A la bonne heure!

11 décembre. — On s’est raccommodé. Partie sur l’eau; le petit cousin eu était. Il loge dans l’aile gauche du château , c’est arrangé.

15 décembre. — Eugène chasse toujours.

16 décembre. — Je commence à me faire au mariage…

 

Les mille et une anecdotes comiques.  Passard, Paris, 1854.