maréchaussée
Procès-verbal
Un jour, le poète lyonnais Joséphin Soulary chassait dans la campagne Bressoise. En fait, il faisait semblant de chasser, car il avait oublié ses cartouches et son permis, lorsqu’il rencontra, non pas un lièvre, mais deux gendarmes.
— Votre permis ?
— Je l’ai oublié chez moi. D’ailleurs, je ne chasse pas.
— Que faites-vous alors avec ce fusil ?
— Je fais des vers.
— Ah !… Des vers !… Vous vous moquez de nous… Attendez un peu… Procès-verbal. Vos nom, prénoms ?…
Soulary leur donna tous les renseignements qu’ils demandèrent, puis il détacha une feuille de son calepin et, spécialement pour la maréchaussée rédigea de la sorte son signalement, en vers :
Taille haute. Age : quarante ans.
Né dans Lyon. Visage ovale.
Cheveux et barbe grisonnants.
Front élevé. Teint un peu pâle.
Yeux gris bien. Bouche au coin moqueur.
Nez original. Menton bête.
Signe particulier : du coeur…
Nature du crime : Poète !
« Ma revue. » Paris, 1907.
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