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On ne discute pas les ordres

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La garnison de Klausenbourg (Autriche-Hongrie) a été mise en émoi, samedi dernier, par le suicide qu’un officier de cette garnison a accompli dans des conditions véritablement extraordinaires.

Le lieutenant d’infanterie Charles Mangesius. en proie à un accès de désespoir causé par un événement que l’on ignore encore, donne l’ordre à un soldat de son régiment de se présenter à telle et telle heure, avec armes et munitions, dans son appartement.

L’homme arrive. Le lieutenant lui dit de charger son fusil. L’homme, étonné, obéit en hésitant.

Le lieutenant s’agenouille et ordonne au soldat de tirer sur lui. Le soldat refuse. L’officier insiste et fait comprendre au troupier qu’il n’a qu’un devoir : celui d’obéir à ses supérieurs et que, s’il n’obéit pas, il sera frappé des peines les plus sévères.

Le troupier obéit enfin, l’officier commande : Feu ! et tombe foudroyé.

Charles Mangesius était fils d’un général de division en retraite.

« Le Rappel. »  Paris, 1889.

Cherchez la femme !

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Edward-G-Robinson-Joan-Bennett

Il n’y a pas de jour où vous  ne lisiez ce mot à la fin du récit de quelque crime plus ou moins célèbre.

Sait-on qui est l’auteur de cet aphorisme policier ? C’est l’ancien lieutenant de police, M. de Sartine. Mais celui qui l’a vraiment rendu populaire c’est Alexandre Dumas père, en le mettant en action dans ses Mohicans de Paris.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »   Paris, 1892. 
Photo : Edward G Robinson et Joan Bennett

La pelle

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gendarmerie-cheval

Champdeniers, qui a une curieuse église du XIe siècle et des foires où l’Espagne vient choisir ses mules, a également une brigade de gendarmerie. C’était même jusqu’à ces derniers temps une brigade à cheval.

Mais un ministre sans idéal en a fait une brigade à pied. Et c’est pourquoi alors qu’ils croyaient honnêtement avoir effacé tous les signes extérieurs qui distinguent un gendarme à cheval d’un gendarme à pied, les gendarmes de Champdeniers se trouvèrent démontés à la vue d’une vieille pelle d’écurie, reste suprême de leur ancien état de cavaliers. Ils s’en ouvrirent au colonel de la 9e légion, qui prescrivit de déposer l’outil à Niort, d’où il devrait être expédié en Indre-et-Loire, à la brigade de Châteaurenault, qui, elle, est encore à cheval. C’était bien. Mais aucun crédit n’avait été prévu au budget de l’armée pour cette opération. Pourtant il fallait obtempérer.

La nécessité est mère de l’invention. Le capitaine de gendarmerie de Niort prit la pelle, la mit, entre deux gendarmes, dans l’auto de la compagnie, et la transporta à Lusignan, où elle passa entre les mains du capitaine de Poitiers, lequel, en automobile aussi, se dépêcha de l’aller confier au lieutenant de Châtellerault. Celui-ci, à motocyclette, l’emporta sans plus attendre à Ste-Maure. Le capitaine de Tours, au volant, y attendait la vieille pelle, il la reçut dans les formes qui convenaient, puis fila, pressé d’en faire la remise officielle à la brigade à cheval de Châteaurenault, qui gravement se déclara heureuse d’une telle aubaine.

Ce n’était pas plus difficile que cela, mais il fallait le trouver.

« La Grand’goule : les lettres, les arts, la tradition, les sites. »  Poitiers, 1931.< = »color: #808080; »>Illustration : La gendarmerie à cheval d’Hallencourt (Somme) vers 1930.

Anne Boleyn et le bourreau des coeurs

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Anne-Boleyn

Henri VIII est un atroce Barbe-Bleue qui a fait tour à tour le malheur de six femmes. Deux d’entre elles sont mortes sur l’échafaud.

Une troisième ne l’a évité que par miracle : elle avait eu l’imprudence de contredire son terrible maître dans une discussion théologique; avertie que l’ordre est donné secrètement de lui instruire son procès, elle court le lendemain chez Henri et reprenant sans émotion apparente l’entretien de la veille au point où il avait été laissé, elle s’embrouille volontairement, balbutie, puis se confond en excuses devant « le plus grand docteur de la chrétienté ».

Sa victime la plus intéressante est Anne Boleyn. Ses derniers moments rachètent les fautes passées. Elle songe avec remords à l’épouse qu’elle a détrônée, et faisant appeler la femme du lieutenant de la Tour, elle s’agenouille et dit :

« Allez de ma part, et dans la même posture où vous me voyez, demander pardon à la princesse Marie pour tous les maux que j’ai attirés sur elle et sur sa mère. »

La légende lui prête une lettre curieuse adressée au roi :

« Vous êtes un prince doux et clément, vous m’avez traitée avec plus de bonté que je n’en méritais. Vos bienfaits ont toujours été en croissant pour moi. De simple particulière, vous m’avez faite dame. De dame, marquise. De marquise, reine… et ne pouvant plus m’élever ici-bas, de reine en ce monde, vous allez me faire sainte dans l’autre. »

 » Les grandes infortunes. »  Changeur, P.-A. & Spont, Alfred. Paris, 1890.