le Matin

Jeanne l’anglophobe

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jeanne-d'arc

Nos grands confrères du Matin ont passé sous silence un phénomène qui s’est produit le 11 mai, jour de la fête votive de sainte Jeanne d’Arc, et, qui, à proprement parler, tient du miracle. Voici :

Dans tous les hôtels de Paris et plus spécialement dans ceux du centre, et plus intensément dans les hôtels de première catégorie, les palaces, tous les Anglais y résidant se sont trouvés, soudain, projetés hors de leurs lits, et cela à la seconde précise où le canon des Invalides commençait de tonner, annonçant la fête nationale.

Même quelques Anglais ont été traînés jusque sur le palier, comme tirés par une main invisible.

Nous avons pu joindre une personnalité distinguée de l’Institut des Sciences psychiques qui nous a dit qu’il n’était pas impossible que ce fût Jeanne d’Arc elle-même qui ait voulu, une fois de plus, bouter les Anglais hors de France.

« Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire. »  Paris, 1930.
Illustration : livre Histoire de France pour les cours élémentaires, 1969.

Pudibonderie

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Adolphe Bouguereau

Nos voisins les Anglais ont parfois des accès de pudibonderie bien étonnants. Ne voilà-t-il pas que, sur la demande d’une Société anglaise de protection de la morale, une saisie a été faite, chez tous les photographes et éditeurs de gravures de Londres, de reproductions d’oeuvres d’artistes français entachées, d’après cette Société, d’un caractère inconvenant, et même pornographique.

Dans le nombre figurent des œuvres très connues et admirées en France, telles que  Tanagra, de Gérôme; Diane surprise, de Jules Lefebvre; la Nuit, de Chaplin; le Matin, de Toulmouche, etc. Bouguereau lui-même est poursuivi pour outrage aux mœurs avec sa Chanson de printemps. En somme, les œuvres d’une cinquantaine de nos peintres sont ainsi mises à l’index par l’extra-pudibonde Société. C’est cette même Société qui avait déjà fait poursuivre l’an dernier les œuvres de Zola et de Maupassant.

Tout cela serait fort drôle à coup sûr, et tout le monde en rirait aux dépens de nos voisins, s’il ne devait pas résulter de l’arrêt à intervenir un certain dommage pour les intérêts de nos artistes. Dans tous les cas, ses considérants ne manqueront pas d’être curieux.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. » Paris, 1891.
Illustration : « Chansons de printemps. » Adolphe Bouguereau.