Kaiser

Influence

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kaiserLe Kaiser vient de trouver un moyen d’influencer l’opinion publique et de corriger le mauvais effet de certains bruits qui percent parfois les murs de l’intimité impériale. 

Quand un journal, une feuille satirique de Berlin, publient une anecdote déplaisante pour la famille de Prusse, on voit aussitôt paraître aux vitrines des magasins les plus en vue des photographies tirées à des milliers d’exemplaires rectifiant par l’illustration l’assertion maligne ou blessante. 

De mauvaises langues insinuaient que le projet de mariage de la Princesse Victoria-Louise avec le Prince Ernst de Cumberland n’était qu’une pure combinaison diplomatique. Les fiancés, comme cela arrive bien souvent, se soumettaient, assurait-on,  avec froideur et résignation à cette injonction. Immédiatement, les divers photographes de la Cour montrèrent les deux fiancés se prodiguant les marques extérieures de la plus vive affection dans les circonstances les plus variées. 

On avait affirmé également qu’à un grand dîner donné par l’Empereur, le Kronprinz n’avait pas été invité pour marquer qu’il était ouvertement en désaccord avec son père.  Le lendemain, Berlin était littéralement inondé d’une photographie sensationnelle représentant Guillaume II se promenant amicalement bas dessus bras dessous avec son fils. 

Et voilà comment on écrit l’histoire…

« Revue contemporaine. » Saint-Pétersbourg, 1913.

 

Un qui travaille

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louis-ferdinand

Le prince Louis Ferdinand, petit-fils de Guillaume II, qui a passé son doctorat à l’Université de Berlin, est entré chez Ford comme simple monteur. 

Une fois passés ses examens, contre la volonté de son père, l’ex-kronprinz, s’embarqua pour l’Amérique où il fut quelque temps l’hôte de M. Bigelorf, ami de I’ex-kaiser. L’ex-kronprinz a exprimé à son fils son mécontentement de le voir embrasser cette carrière, mais le jeune prince a affirmé que son avenir était là, et il a laissé choir son papa.

Le prince Louis Ferdinand fera peut-être des  victimes dans l’industrie automobile, mais moins, assurément, que n’en fit, son grand-père dans l’industrie militaire.

« Les Potins de Paris. » Paris, 1929.

Le dirigeable sans dents

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zeppelin

Le comte Zeppelin qui vient de mourir, a pu assister à la faillite militaire de ses engins. Avant que tombe complètement dans l’oubli sinon son nom, tout au moins sa personne, rappelons une anecdote peu connue, qui remonte à ses débuts d’inventeur :

C’était à Marienbad. Le comte se trouvait avec quelques amis qu’il avait priés à dîner et la conversation au dessert tomba sur le sujet inévitable : la question des zeppelins.

C’est une belle arme de guerre, dit quelqu’un.
— Oui, acquiesça le comte. Seulement, l’Empereur n’y croit pas.
— Comment ?
— Non. Le kaiser n’y croit pas même pour le commerce ! Mais songez donc que je veux
arriver à faire des zeppelins, qui seront dix fois, vingt fois, cent fois plus grands que les
plus grands que j’aie construits ! Ils pourront emporter des centaines de passagers et des
centaines de tonnes de marchandises !
— Ne pensez-vous pas que la dépense en énergie ne soit considérable…
— Bêtise! Le kaiser me dit : « Et le vent ?… » Il a peur, du vent, notre kaiser ! Croyez-vous, lui qui fait peur à l’Europe !… C’est comme si on disait : « Et l’eau ? » quand il s’agit de
construire un cuirassé…
— Et les aéroplanes ? demanda un officier de marine.

Zeppelin devint tout rouge.

Monsieur, fit-il, qu’est-ce que fait un aigle lorsqu’il rencontre un moucheron ? Il
l’avale, n’est-ce pas, il l’avale ! Eh bien, le zeppelin avalera l’aéroplane, voilà tout !… 

Le comte Zeppelin emmena ses invités en dirigeable : ce fut, paraît-il, un voyage merveilleux.

Mais l’officier de marine regardait en l’air, à droite, à gauche, avec un sourire sceptique. Quelqu’un lui demanda : 

Que cherchez-vous donc ?
— Je cherche, répondit l’autre, par où le dirigeable avalera l’aéroplane : il n’a pas de
dents !…

« Le Pêle-mêle. » Paris, 1917.

L’empereur Guillaume et le vingtième siècle

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On connaît certaines excentricités de l’empereur Guillaume. On se souvient qu’il avait décidé que le vingtième siècle commencerait le 1er janvier 1900, à la grande stupéfaction du monde allemand consulté..

D’après certains bruits, le kaiser, en prenant cette décision, aurait agi par superstition. Bien qu’il prétende le contraire, l’empereur n’oublie pas cette prophétie du moine Hermann de Lehninn, d’après laquelle il serait le dernier empereur de la race des Hohenzollern ; il doit disparaître « à la suite d’une grande guerre, qui ouvrirait et ensanglanterait le nouveau siècle. » L’année 1900; année de l’Exposition Universelle, ne devait pas être cette année funeste. En en faisant la première du nouveau siècle, c’était dérouter la prophétie et éviter les malheurs annoncés pour la première année du siècle… Quand on est superstitieux on doit s’attendre à tout !

La presse indépendante note ces explications avec ironie. Elle les voit les symptômes d’un état d’esprit inquiétant chez le souverain et en même temps une situation politique encore moins rassurante. Un peu partout, on a peur de l’année qui va commencer.

« L’Écho du merveilleux. »  1er janvier 1901.

caractères : Century Schoolbook