horloge

Horloges à plumes

Publié le Mis à jour le

horlogeLes oiseaux sont beaucoup plus matineux que nous, en général. Ils se chargent de nous sonner le r’éveil à des heures qui sont invariablement les mêmes et auxquelles on peut se fier sans crainte.

Au cours du mois de juin, le pinson lance ses premières vocalises vers 2 heures du matin. La mésange des bois commence à chanter à 2 heures 1/2. La caille, elle, s’éveille à 3 heures et le rouge-queue à 3 heures 1/2. Le merle siffle ses premiers airs de 3 heures 1/2 à 4 heures. Le bec-fin continue vers 4 heures 1/2. La mésange des marais, peut-être à cause des brouillards de sa résidence, est un peu plus tardive : elle ne chante que vers 5 heures.

Enfin, le plus paresseux de tous, est-il besoin de le nommer, c’est le moineau. A 5 heures 1/2, il se décide à peine à montrer le bout de son bec. Par exemple, il commence aussitôt la série de ses pépiements et ne tarde pas à faire à lui seul autant de bruit que tous les autres chanteurs ailés réunis.

Voilà évidemment une excellente horloge, et à la condition de vivre dans les bois, il est superflu de s’en occuper : elle ne se dérègle jamais. Un bon conseil pour terminer : n’enfermez pas en cage les oiseaux dont le ramage vous égaie. Laissez-les plutôt s’établir à leur aise autour de votre habitation. La plupart sont très familiers et aiment beaucoup la société de l’homme quand une fois ils sont bien persuadés qu’on n’en veut pas à leur liberté. Une bonne précaution pour mettre les couvées des petits oiseaux à l’abri des chats et autres bêtes de rapine, consiste à déposer un fagot d’épines ou de ronces au pied des arbres qui portent des nids. 

En plus des distractions qu’ils peuvent nous procurer, les petits chanteurs des bois ne sont-ils pas les plus utiles auxiliaires de l’agriculture ?

« Nos lectures chez soi. » Paris, 1910.

Le mouvement perpétuel  résolu par un forçat 

Publié le

bagne-rochefort

Parmi les nombreuses curiosités qui attirent l’attention du visiteur de l’arsenal de Rochefort-sur-Mer, il en est une qui mérite une mention spéciale en raison de son caractère digne de fixer l’intérêt dès amateurs de Merveilleux Scientifique.

Avec la quadrature du cercle, le mouvement perpétuel est le problème qui, depuis longtemps, hanta le cerveau des chercheurs. L’Académie des Sciences, fatiguée par les nombreux rapports émanant de fous ou d’utopistes sur ces deux questions, a résolu, peut-être un peu légèrement, de ne faire aucun cas des travaux traitant ces deux questions.

Pourtant, il est probable que le problème fut au moins une fois résolu en ce qui concerne le mouvement perpétuel par un de ces hommes retranchés pour leurs forfaits de la société, par le forçat François Dubois.

A Rochefort, vers 1840, dans les bâtiments construits sous les ordres de Colbert pour servir de bagne, étaient internés de nombreux forçats dont l’adresse manuelle faisait de vrais artistes.Exemptés, des travaux dits de grande fatigue, ces artisans utilisaient leurs loisirs forcés à confectionner soit des appareils de précision pour la marine, soit des plans ou réductions de machines, ou encore des objets de fantaisie d’autant plus intéressants que les instruments rudimentaires mis à leur disposition ne nuisaient en rien au fini de l’oeuvre. 

Parmi les prisonniers, un ancien horloger condamné aux travaux forcés à perpétuité construisit une horloge tout en cuivre, dont la particularité était, disait-il, de ne jamais s’arrêter une fois mise en marche, sauf par usure ou encrassement des organes. L’horloge, par sa marche ,ayant confirmé les dires de son auteur, on promit la grâce, à ce dernier si ladite horloge ne s’arrêtait pas avant dix ans.

Pendant huit ans, la machine étroitement surveillée marcha sans arrêt, mais, hélas, le mauvais démon qui avait mené son inventeur en prison le tenta de nouveau. Il fut surpris fabriquant au bagne même de la fausse monnaie. La loi était formelle : c’était la mort.

Le malheureux fut donc jugé et pendu.

Certain du châtiment qui l’attendait, le criminel put, nous ne savons comment, mettre la main sur son horloge. Quelques coups de lime, un organe soustrait, et l’âme du merveilleux instrument s’envola : la machine s’arrêta.

En vain les meilleurs techniciens et praticiens s’essayèrent à faire revivre le mécanisme : ce fut inutile. Maintenant l’horloge muette n’est plus qu’un objet de musée. Son inventeur, né peut-être pour révolutionner la mécanique, a disparu dans l’ignominie, ne laissant pas plus de traces que le bâton d’Archimède n’en laissa sur le sable lorsque l’antique savant fut interrompu par la main d’une brute au milieu d’un problème dont la solution eût peut-être doublé la fortune du vainqueur de Syracuse.

« L’Écho du merveilleux. » Paris, 1914.
La véritable histoire de la pendule du Forçat François Dubois
: criminocorpus.

Il est minuit docteur Chatzer

Publié le Mis à jour le

avec l’aimable participation de Grisou
avec l’aimable participation de Grisou

Le père Huc dans son Empire chinois (1854) rapporte un singulier moyen dont les indigènes de plusieurs provinces cle la Chine font usage pour estimer l’heure qu’il peut être … ou à peu près.

Ce moyen consiste à juger de la hauteur du soleil sur l’horizon en considérant la prunelle des chats qui va se rétrécissant ou se dilatant suivant l’intensité de la lumière solaire. Voici du reste les paroles mêmes du missionnaire :

« Nos complaisants néophytes … nous apportèrent trois ou quatre chats et nous expliquèrent de quelle manière on pouvait se servir avantageusement d’un chat en guise de montre. Ils nous firent voir que la prunelle de son oeil allait se rétrécissant à mesure qu’on avançait vers midi; qu’à midi juste, elle était comme un cheveu, comme une ligne d’une finesse extrême, tracée perpendiculairement sur l’œil; après midi la dilatation recommençait. Quand nous eûmes examiné attentivement tous les chats … nous conclûmes qu’il était midi passé; tous les yeux étaient parfaitement d’accord. »

Marcher d’accord, et n’avoir pas besoin d’être remontées, ce paraît être les deux qualités essentielles de ce genre de montres, pour employer l’expression du père Hue; mais il ne faut pas être vraisemblablement à la minute pour en faire usage. Si le procédé n’est pas commode, il a au moins pour lui d’être plaisant.

 » Musée universel  » A. Ballue , Paris, 1873.