Hollywood

Coup de pub

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charles boyerA-t-on ou n’a-on pas arrêté Charles Boyer ? Ce sympathique artiste a-t’il été victime d’une méprise, d’une brimade ou d’un mauvais plaisant ?

Toutes les demoiselles de Paris et d’ailleurs sont bien anxieuses, car cet aimable garçon, qui joue les gangsters élégants et manie la mitraillette avec une gracieuse désinvolture, a fait des ravages dans bien des cœurs.

Or, on nous apprend que Charles Boyer tournait l’autre jour un nouveau film dans le Palais de Justice et la prison de Saint-Omer. Le gardien-chef, trop bien trompé par le scénario et la mise en scène trop fidèles, mit incontinent Charles Boyer sous les verrous. boyer-berleyIl fallut parlementer et on eut beaucoup de mal à faire libérer l’acteur professionnel prisonnier amateur. Mais un journal nous apprend qu’à la même date exactement, M. Charles Boyer était à Hollywood.

Une seule explication : le chef de publicité de M. Charles Boyer s’est trompé et a fait publier un peu prématurément un communiqué ingénieux…

« Vendredi. » Paris, 1938.

Comment j’ai créé Mickey

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Que ce soit à New-York, à Londres ou ailleurs, je crois que c’est la première question que l’on me pose lorsque j’arrive dans une ville nouvelle, et d’ailleurs c’est la première phrase qui me fut adressée, l’autre jour, à ma descente d’avion, au Bourget. Y répondre d’une manière précise, ce n’est guère facile.

Mickey, c’est une évolution. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai dessiné. Pendant la Grande Guerre, sur le front français, aux instants de répit, je dessinais. Et mes premières esquisses qui me rapportèrent quelque argent étaient destinées à des fins de publicité. Un beau jour, c’était au mois d’août 1923, j’arrivais à Hollywood, m’essayant dans un genre de film qui venait de naître à l’époque : les dessins animés. Mais Mickey n’existait pas encore : je dois avouer franchement que ce ne fut pas ce que l’on est convenu d’appeler un succès. 

Mickey est né… d’une tache d’encre. Dans le garage qui me servait à l’époque de studio, un de mes aides répandit un jour une bouteille d’encre sur une feuille blanche où je venais de commencer un dessin. Devant cette tache je me mis à rêver. Mon pinceau se promenant dans l’encre lui donna incontinent une forme : de grandes oreilles, un nez en trompette, de petites jambes, de grands pieds. Un petit bonhomme était né. D’abord, je l’appelais Mortimer. Ma femme me donna l’idée de le baptiser Mickey. 

Petit à petit, mes collaborateurs et moi, nous avons développé l’amitié de Mickey pour Minnie. Nous avons cherché à faire naître à ce petit couple de nouveaux compagnons, et adapté leurs aventures à un thème musical qui devait servir de cadre général à l’action. 

Mickey, maintenant, est devenu un grand garçon, il parle, il comprend bien des choses et se débrouille dans la vie. Que va-t-elle devenir ? Ceci, je ne saurais vous le dire encore. Mais vous le verrez bientôt…

Walt Disney.

« L’Union de Limoges. » 1936.

Système D

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Comme un journaliste lui posait quelques questions à propos du film Cléopâtre, Claudette Colbert, la charmante vedette d’Hollywood, contait une amusante anecdote.

Au cours de la réalisation de cette production, Claudette Colbert entend le dialogue suivant entre un débutant naïf et un vieux comédien pince-sans-rire. Le débutant devait dire, dans une scène du film : « Il sera bientôt midi. »

A ce moment, il demande au vieux comédien :

Comment sais-je qu’il est midi ?…

A l’époque de Cléopâtre, les montres n’existaient pas, évidemment.

Notre metteur en scène vient de poser la même question, répondit le vieux comédien, et a trouvé une solution. Tu diras à un esclave : « — Allez me chercher le cadran solaire. » et quand il l’apportera, tu constateras : « — Il sera bientôt midi. »

Avarice

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Lupe-Velez

L’anecdote suivante, dont tout Hollywood s’est fort amusé, est rigoureusement vraie. Lupe Velez, la brune Mexicaine, téléphone un jour à une amie :

Sheila, ma chérie, il faut absolument que vous me rendiez un grand service !
Vous savez, Lupe, que je ferai tout ce…
Vous êtes un amour ! coupe la vedette. Écoutez : on veut me voler…
Diable! Avisez la police !
Mais non ! Mais non ! C’est un commerçant qui veut me compter beaucoup trop cher un tapis dont j’ai besoin pour ma maison.
Et que puis-je faire pour vous ?
Vous êtes dans les affaires. Vous savez beaucoup mieux que moi vous défendre. Accompagnez-moi et allons discuter avec le vendeur.

Sheila abandonne tout, quitte son bureau en hâte et vole au secours de Lupe Velez qu’elle a bientôt rejointe.

Quelle grande folie complotez-vous ? demande-t-elle. Je parie qu’il s’agit de ce tapis d’Orient à 1.400 dollars que nous avons vu ensemble l’autre jour à la devanture d’un magasin…

Lupe montre de grands yeux candides.

Oh ! mais non, voyons ! C’est un tapis en caoutchouc pour la salle de bain : on m’en demande 6 dollars et je suis sûre qu’il n’en vaut pas quatre.

Grâce à Sheila, le tapis est obtenu à 5 dollars et les deux amies se séparent. Le soir, Sheila reçoit un coup de téléphone de Lupe :

Vous savez, le tapis d’Orient ? Je l’ai acheté en passant, avant de rentrer à la maison.

« Midinette. »  Paris, 1937.

Le vrai visage d’Hollywood

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Mireille-Balin

Mireille Balin s’ennuie à Hollywood et elle menace de quitter la capitale américaine du cinéma :

« Ici, déclara-t-elle, tout gravite autour du cinéma. On perd petit à petit sa personnalité et le sens des valeurs réelles. Je frémis à l’idée de la réadaptation qu’ii me faudra faire lorsque je quitterai un jour Hollywood pour me retremper dans la vie normale de Paris. Hollywood, c’est une stupide potinière qui épie les gens et bâtit des romans impossibles. Voilà ce qu’est Hollywood et on y étouffe ! Dans cette atmosphère sans gaîté et ce climat sans saison, je perds ma joie et mon enthousiasme. Je lutte pour me sauver, parce que je ne veux pas devenir une « star » comme celles d’ici qui ne sont plus que de luxueux automates. Je veux vivre, aimer, respirer et rire, malgré Hollywood et ses dollars… Je me suis trompée sur Hollywood, Ce n’est pas seulement la ville des mirages, c’est, comme le disait Maurice Chevalier, « un ring de boxe… »

Peut-être y a-t-il dans ces déclarations désenchantées un peu de rancoeur provoquée par des espoirs déçus, mais cette description d’Hollywood semble véridique. Le cinéma est le dieu de cette cité sans âme et tout doit lui être subordonné.

« Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous. »  Paris/Clermont-Ferrand, 1938.
Illustration : Mireille Balin dans «Gueule d’amour» (1937)