grand Condé

Les apothicaires

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apothicaire

On vient de retrouver, dans la collection Joly de Fleury, le mémoire des médicaments qui furent fournis au prince de Condé, fils du Grand Condé, par les apothicaires du corps du roi dont le premier s’appelait Biet.

Le prince de Condé fut assez longtemps malade, puisque le mémoire parle de médicaments livrés le 2 septembre 1708, lendemain du jour où le prince s’alita, jusqu’au 31 mars 1709 où il mourut.

Il avait trois médecins : Finot, Chauvin, Morel, qui commencèrent par lui administrer de la tisane faite avec du riz, du raisin, de la guimauve et du sucre candi, sans préjudice des clystères réitérés avec l’huile de bœuf dont ils l’attaquaient de l’autre côté… Hélas ! cela ne réussissait pas, et on eut recours à un quatrième médecin, Helvétius, qui conseilla le traitement avec de l’hyacinthe. Ce traitement ne réussissant pas encore, on administra au prince de l’eau de pavot, de la tisane de cornes de cerf, de l’ipéca, de raisins, des jujubes, de la réglisse, de la mauve, de la racine de gui, etc….

Il n’en mourut pas moins le 31 mars 1709, et d’après le mémoire des médecins, « il succomba à la maladie dont il souffrait ». Il y avait quelques années que Molière avait constaté, avec la Faculté que, quand une jeune la fille ne parle pas, c’est qu’elle est muette.

« Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille. »  Paris, 1905.

Le danois du grand Condé

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 Mickael Boyer
Mickael Boyer

Un chien danois va nous offrir l’exemple d’une qualité bien rare chez les hommes: je veux dire la modération au sein de la colère puissante et de l’orgueil offensé.

Le grand Condé avait un chien danois qui le suivit avec intrépidité au milieu des camps et des combats; l’historien de ce prince rapporte que cet animal, étant tout jeune encore, vint se jeter aux pieds du héros après la bataille de Fleurus, et que le vainqueur l’accueillit avec bonté en disant: « Voilà ma part de la victoire ! »

Devenu grand et vigoureux, cet animal n’abusa jamais de sa supériorité pour accabler un plus faible que lui; et l’on peut dire, en quelque sorte, qu’il se montra digne du maître qui l’avait adopté. On va en juger par un acte de modération que l’histoire n’a pas dédaigné de nous transmettre.

Des officiers, en s’amusant près du Danube, ameutèrent un jour une troupe de chiens contre le danois du prince. La plupart de ceux-ci, qui étaient jeunes et sans expérience, s’avancèrent tous en jappant et ils eurent même l’imprudence de le mordre. Celui-ci, d’un seul coup de dent, aurait pu se venger facilement de cette injuste attaque; mais il se sentait le plus fort, et il montra sa supériorité d’une manière bien différente qu’on ne s’y attendait. Il prit un des agresseurs par la peau du cou et le transporta paisiblement de l’autre côté du fleuve où il le laissa aboyer et se démener tant qu’il voulut. Ayant repassé aussitôt le Danube, il traita pareillement les autres roquets qui furent tout honteux et plus occupés à rendre l’eau dont ils étaient inondés qu’à attaquer de nouveau un si généreux et si puissant adversaire.

« Histoire des chiens célèbres. »  Mlle Clarisse Juranville, Librairie de J. Lefort, Lille,1884.