Goethe

Goethe, grosse filou !

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Dans sa jeunesse le grand écrivain allemand Goethe, en dépit d’un air très sérieux, aimait à jouer de mauvaises plaisanteries à ses compatriotes. Un soir qu’il se baignait dans une petite rivière, il vit s’approcher une demi-douzaine de paysans qui revenaient du marché et regagnaient tranquillement leur village.

Au moment où ils allaient passer un pont, ils virent sortir de l’eau un monstre couvert en partie de roseaux et poussant des cris effroyables. Épouvantés par cette soudaine apparition, les paysans s’enfuirent et racontèrent que la rivière était hantée par des génies malfaisants qui cherchaient à attirer les passants pour les faire tomber dans l’eau et les noyer.

Pendant de longues années les paysans n’osèrent plus traverser ce pont pendant la nuit. Goethe, tout heureux du tour qu’il avait joué, le raconta plus lard à ses amis.

« Le Petit Français illustré. »  Paris, 1894.

Le spectre du Brocken

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Spectre de Brocken avec gloire. Grelibre.net

Le sommet du mont Brocken, en Saxe Prussienne, est, d’après la légende, le séjour de génies, de gnomes et de sorcières. Goethe en a fait un tableau inoubliable dans « La Nuit de Walpurgis », de Faust.

On voit, en effet, du sommet de ce mont fameux, des formes gigantesques se dessiner sur les nuages: le spectre du Brocken. Ce phénomène est tout naturel: le soleil, quand il est assez bas sur l’horizon, projette l’ombre de l’observateur qui se profile sur la montagne. Quand il existe un écran vertical de brouillard ou des nuages bien placés, il se forme une apparition gigantesque et sans cesse changeante, située parfois dans un halo circulaire.

M. Norbert Casteret, célèbre par des explorations souterraines, a pu enregistrer cette même production de silhouettes géantes dans les Pyrénées: sur la cime du pic Noir, dans le massif de Luchon, et au Taillon, dans le massif de Gavarnie.

L’apparition est surtout visible au crépuscule du soir et suivant que les nuées s’approchent ou s’éloignent, les ombres varient constamment et sont vraiment impressionnantes.

Eugène-H. Weiss.

« Les Annales politiques et littéraires. » Paris, 1927.

Carte postale

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goetheDe tous les petits trous pas chers, vous envoyez des cartes postales illustrées à vos amis. Savez-vous quel fut le premier panégyriste de la carte postale avec vues maritimes ou champêtres ?

Ce fut le grand poète Goethe, l’auteur de Faust et de Werther.

Il avait reçu de ses amis une lettre, en tête  de laquelle était reproduite par la lithographie la maison où cet ami habitait. Goethe, dans la réponse qu’il fit, écrivit ceci :

« Vous avez eu, cher monsieur et ami, une heureuse idée de faire dessiner et reproduire par un artiste habile votre charmante et calme demeure avec ses beaux jardins. Rien ne peut me faire plus de plaisir et de joie que de voir, au-dessus de mots tendres et cordiaux, une exquise maison, où vous pensez à nous, d’où vous nous adressez vos lettres. Cela donne une impression de rapprochement qui est tout à fait charmante. »

On n’a jamais mieux fait l’éloge de la carte postale illustrée. Vous voyez qu’elle a ses lettres de noblesse.

« Ma revue. » Paris, 1907.

Goethe et l’étonnante rencontre

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Goethe

Le poète Goethe se promenait un soir avec son ami K., revenant avec lui du Belvédère, à Weimar. Tout à coup il s’arrête, comme devant une apparition, et cesse de parler.

Son ami ne se doutait de rien. Soudainement, Goethe s’écrie :

  – Mon Dieu ! si je n’étais sûr que mon ami Frédéric est en ce moment à Francfort, je jurerais que c’est lui ! …

Ensuite il pousse un formidable éclat de rire:

  – Mais c’est bien lui … mon ami Frédéric ! Toi ici, à Weimar ? Mais au nom de Dieu, mon cher, comme te voilà fait ! habillé de ma robe de chambre … avec mon bonnet de nuit … avec mes pantoufles aux pieds, ici, sur la grande route !

Son compagnon, ne voyant absolument rien, s’épouvante, croyant le poète atteint subitement de folie. Mais Goethe, préoccupé de sa vision, s’écrie en étendant les bras:

  – Frédéric ! Où es-tu passé ? Grand Dieu !… Mon cher K., n’avez-vous pas remarqué où a passé la personne que nous venons de rencontrer ?

K., stupéfait, ne répondait rien. Alors le poète, tournant la tête de tous les côtés, s’écria d’un air rêveur:

  – Oui, je comprends … C’est une vision … Cependant, quelle peut être la signification de tout cela ? Mon ami serait-il mort subitement ? … Serait-ce son esprit ? …

Là-dessus Goethe rentra chez lui, et trouva Frédéric à la maison … Les cheveux se dressèrent sur sa tête:

  – Arrière fantôme ! s’écria-t-il en reculant, pâle comme un mort.

  – Mais mon cher, réplique le visiteur interloqué, Est-ce là l’accueil que tu fais à ton plus fidèle ami ? …

  – Ah ! cette fois, s’écria le poète, riant et pleurant en même temps, ce n’est pas un esprit, c’est un être en chair et en os.

Et les deux amis s’embrassèrent avec effusion.

Frédéric était arrivé au logis de Goethe, trempé par la pluie, et s’était revêtu des habits secs du poète; ensuite il s’était endormi dans un fauteuil et avait rêvé qu’il allait à la rencontre de Goethe et que celui-ci l’avait interpellé avec ces paroles (les mêmes que celles qu’avait prononcées le poète):

  « – Toi ici, à Weimar ? Quoi … avec ma robe de chambre … mon bonnet de nuit, et mes pantoufles, sur la grande route ? … »

« La mort et son mystère. »   Camille Flammarion, 1920.