Gers

Le chanteur prévoyant

Publié le Mis à jour le

victor-capoul

Le journal Cherbourg Eclair raconte cette savoureuse quoique funèbre anecdote sur le ténor Victor Capoul.

A cette époque, le directeur des Pompes Funèbres de Cherbourg était simple employé à la succursale de Toulouse. Quel ne fut pas son étonnement un jour en voyant entrer le célèbre artiste qui, accompagné du curé du village où il habitait, choisit et commanda lui-même son cercueil. Il régla les frais de mise en bière et de déplacement du personnel.

Très fréquemment, en compagnie d’amis, l’original ténor revenait au bureau des Pompes Funèbres et se faisait montrer le superbe cercueil qu’il avait commandé. Il témoignait d’ailleurs sa satisfaction en remettant à chaque passage un louis de 10 francs à l’employé qui l’accompagnait. Ce rituel qui lui valait d’être, là-bas, considéré comme un client de marque.

Hélas, tout à une fin, et Capoul mourut loin du bruit, dans le petit domaine qu’il possédait dans un village du Gers, à quelque vingt kilomètres de Toulouse.

On juge du désappointement du directeur des Pompes Funèbres de cette ville lorsqu’il dut s’occuper des obsèques du fameux ténor. En effet, les frais de déplacement du personnel que Capoul avait généreusement payés 80 francs, en 1912, s’élèvent maintenant à plus de 300 francs. Quant au cercueil commandé il y a 12 ans et facturé alors 400 francs, il vaut actuellement 1.500 francs.

Capoul ne se doutait certes pas en réglant, en 1912, ses frais d’inhumation, qu’il faisait là une opération avantageuse pour ses héritiers !

fioriture

Victor Capoul. Artiste lyrique, ténor, auteur, compositeur et directeur d’opéra, vit le jour à Toulouse, en 1839, et a achevé sa longue vie en 1924, à Pujaudran, où il est enterré. De brillantes études musicales, des prix d’opéra et d’opéra comique de ténor l’impose dans le monde lyrique. Sa jolie voix, d’un timbre flatteur et charmant quoique parfois un peu faible, son chant expressif bien qu’un peu maniéré, son physique aimable, sa réelle intelligence de la scène, le firent bientôt prendre en affection par le public, et surtout par la partie féminine des spectateurs. Quant aux hommes, la coiffure de cheveux dite « à la Capoul » témoigne de la mode qu’un homme peut imposer pendant des années à la grande partie d’une population. En 1899, son compatriote et ami Gailhard l’appelle aux fonctions de directeur artistique de la scène de l’Opéra de Paris où il terminera sa carrière.Son nom est entré dans des expressions du wallon liégeois (« se faire des capouls », « avoir des capouls », etc.) qui signifient se coiffer à la Capoul. Dans le même sens et dans le même dialecte, on trouve : « se faire des caniches », « avoir des caniches », etc.

 

Vin hospitalier

Publié le Mis à jour le

ivresseIl est curieux de connaître la consommation de vin et de spiritueux que font les hôpitaux de Paris. Le mardi 11 septembre, on a procédé à l’adjudication de 1 245 000 litres de vin pour le service de la cave centrale des hôpitaux pendant six mois à partir du 1er octobre 1883.

Les vins à fournir sont de plusieurs sortes : il y a 110 000 litres de vin de Roussillon, 110 000 de vin de Lapalme, 110 000 de vin de Lot-et-Garonne, 220 000 de vin du Gers, 220 000 de vin de l’Hérault, 110 000 de vin de Mirepeisset,110 000 de vin du Minervois, 60 000 de vin de Bordeaux de 1881, 70 000 de vin de Bagnols, 10 000 de vin de Bordeaux blanc de 1879, 2 500 litres de vin d’Espagne blanc, 2 500 litres de vin de Picpoul blanc. 

Egalement, les spiritueux à fournir pour le quatrième trimestre 1883 se composent de 20 000 litres d’alcool du Nord, 10 000 litres de rhum, 3 000 litres d’eau-de-vie.

Si on juge de la consommation des gens bien portants par celle des malades, on peut affirmer que Paris est une des villes où l’état de marchand de vin offre le plus de chances de succès.

« Les Annales politiques et littéraires. » Paris, 1883.
Peinture de Jan Steen.