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La grève des chemins de fer

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greve-cheminotsNous avons failli ne plus avoir de voyages en chemin de fer. A l’exemple des employés de la Compagnie des omnibus et des garçons boulangers, les employés de chemins de fer ont tenté, eux aussi, de se mettre en grève.

Mais le sentiment public s’était trop vite et trop vivement prononcé contre eux pour que cette nouvelle grève aboutît : en quelques jours, en effet, elle a avorté. Elle avait donné lieu à beaucoup de réunions de grévistes, dont l’une, la principale, dans la salle du Tivoli Vaux-Hall, le 21 juillet. Elle a été marquée par un événement bien singulier.

Il s’agissait, dans cette réunion qui devait être décisive, d’emporter de haute lutte un vote qui décidât la grève générale, et pour l’obtenir il était nécessaire de prouver que le syndicat avait des fonds suffisants pour soutenir les grévistes. Le bureau venait d’être constitué, lorsqu’un « petit bleu » est remis solennellement au président. Celui-ci l’ouvre avec précipitation, et en donne aussitôt lecture avec une satisfaction non dissimulée. En voici le texte :

Chambre syndicale des ouvriers et employés de chemins de fer français.

Citoyens,

Votre cause me parait tellement juste que, pour en hâter le triomphe, je m’empresse de mettre à votre disposition la somme de 100,000 francs, jusqu’à concurrence d’un demi-million ou au résultat définitif et victorieux de la grève.

Chaque homme gréviste, à partir de demain, touchera 5 francs par jour (Paris et la province).

La Commission syndicale régulière peut venir percevoir chez moi, demain dix heures, 7, avenue Velasquez, parc Monceau.

Henri Cernuschi.

Des applaudissements unanimes accueillent l’annonce de ce subside non moins considérable qu’inattendu. Cependant quelques incrédules paraissent douter de l’authenticité du télégramme, et demandent qu’une délégation soit envoyée à M. Cernuschi pour s’assurer de la vérité.

Hélas… le télégramme était faux. M. Cernuschi était en voyage, et ne pensait guère à ce moment-là ni à la grève ni aux grévistes.

Ce télégramme n’était cependant pas l’œuvre d’un fumiste : il avait été rédigé par quelques-uns des principaux meneurs, dans l’espérance qu’il enlèverait le vote nécessaire à la grève.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »  Paris, 1891.

Illustration : Grève à Villeneuve : le cheminot Chevreau haranguant ses camarades à Vincennes. Agence Meurisse. 1920.

Influence de la lune sur le bégaiement

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Palaiseau-1819

Certain auteur romantique et fumiste à l’occasion, bien qu’affligé d’un léger défaut de langue, s’en fut une belle nuit, une nuit de noce… réveiller en plein sommeil un grave poète officiel et, lui montrant la lune toute ronde dans la fenêtre :

Monsieur, bégaya-t-il d’une langue épaissie par la boisson, pourriez-vous me dire à quoi sert cette boule ridicule ?…

Le cher maître fut quelque peu interloqué. Il aurait pu répondre que la lune avait peut-être une influence sur nos organes vocaux et qu’il était dangereux pour son visiteur d’errer ainsi à la clarté de l’astre nocturne. En effet, quelqu’un annonce après de nombreuses expériences qu’il y a une corrélation incontestable entre le cours de la lune et le bégaiement.

L’observateur, qui d’ailleurs renonce à nous expliquer ce bizarre phénomène, a constaté des milliers de fois que par les nuits claires, et en temps de pleine lune, les bègues avaient la parole beaucoup plus embarrassée qu’à l’ordinaire.

On se perd en conjectures… ajoute le grave journal  anglo-indien qui relate cette observation.

Avis aux noctambules intéressés !

« L’Universel : magazine hebdomadaire. »  Paris, 1903.