François Ier
Un rusé
Louis Brabant, valet de chambre du roi François Ier, se fit chevalier d’industrie dans les circonstances que voici.
Il aimait une riche héritière, mais comme en ce temps là les domestiques ne s’enrichissaient pas, Louis Brabant fut évincé par son beau-père à cause de sa pauvreté. Mais à quelque temps de là, le père de la jeune fille mourut. Pour obtenir le consentement de la mère, l’astucieux valet fit appel à tous ses talents.
Comme il conversait avec la dame, une voix d’en haut, nasillarde mais lointaine, se fit soudain entendre. Elle disait:
« Je suis ton défunt mari et j’endure dans le feu des tourments inexprimables. mais tous mes maux cesseront si tu donnes notre fille à Louis Brabant. Il a bon caractère et il a de la fortune. »
On pense bien que l’escroc Brabant était simplement ventriloque. La ventriloquie est un art assez commun aujourd’hui, et la science a très bien expliqué son mécanisme. L’art du ventriloque consiste à prendre l’octave des sons qu’il emploie dans le langage ordinaire et à donner à sa voix un timbre étouffé. Il ne cède que très peu d’air en retenant sa respiration. Les vibrations sonores sont en quelque sorte emprisonnées dans les voies aériennes. La bouche reste presque complètement close et les mots ne sont formés que par la partie antérieure de la langue, la base de cet organe étant fortement contractée.
On ne naît donc pas ventriloque, on le devient. Si vous voulez vous essayer dans cet art, n’en faites pas un aussi mauvais usage que ce fripon de Louis Brabant, valet de François Ier.
« Le Pêle-mêle. » Paris, 1918.
Miroirs magiques
Ces miroirs étaient fabriqués avec des pratiques et des cérémonies goétiques aussi révoltantes qu’absurdes. Ils jouissaient, dit-on, de la propriété de vous représenter tout ce qui se passait loin de vous, l’image des choses et des personnes que vous désiriez voir venant s’y réfléchir.
Le premier miroir magique est attribué à Pythagore qui, lui-même , le tenait d’un mage. Ce philosophe, dit Suidas, écrivait avec du sang sur une espèce de miroir qu’il présentait aux rayons de la lune, et il lisait dans cet astre tout ce qu’il avait écrit sur le miroir. Noël Lecomte rapporte que ce secret était connu de François Ier. Dans ses guerres contre Charles-Quint il pouvait, avec un semblable miroir, savoir à Paris ce qui se faisait à Milan. La manière d’opérer était fort simple : un espion, résidant à Milan, écrivait sur un miroir magique, en tout semblable à celui du roi de France, les événements politiques, et François Ier lisait cette écriture sur son miroir.
Si l’on nous demandait notre opinion sur les faits rapportés par Suidas et par Noël Lecomte, nous répondrions que ce sont des fables, et qu’il faut les reléguer dans le domaine des contes bleus.
Auguste Debay. « Histoire des sciences occultes depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. » Paris, 1860.
La tête de l’ambassadeur
Henri VIII, roi d’Angleterre, ayant des démêlés avec François Ier, roi de France, résolut de lui envoyer un ambassadeur, et de le charger de paroles dures et menaçantes. Il jeta les yeux sur l’évêque Edmund Bonner, en qui il avait confiance. Cet évêque lui fit observer que sa vie serait en danger s’il tenait de pareils discours à un roi aussi fier que François Ier:
— Ne craignez rien, lui dit Henri VIII, si le roi de France vous faisait mourir, je ferais abattre bien des têtes françaises qui sont en mon pouvoir.
— Je le crois, répondit l’évêque; mais de toutes ces têtes, ajouta-t-il, il n’y en a pas une qui allât sur mes épaules aussi bien que celle-ci, en montrant la sienne.
Cette réponse plut au roi qui modifia ses instructions.
« Almanach facétieux. » Hilaire Le Gai, Passard Paris, 1851.
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