duc d’Orléans

Comment un envoûtement tua le duc d’Orléans, en 1842 

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duc-d-orleansLes sciences occultes sont aujourd’hui à la mode; le mystère a des adeptes de plus en plus nombreux. Ici ce sont les familles bourgeoises qui s’amusent le soir à faire tourner les tables, là ce sont des personnalités fort sérieuses qui vont consulter voyantes et cartomanciennes. Les guérisseurs foisonnent, n’est-ce pas Jean Beziès ? n’est-ce pas Germaine de Rouen ? Et les sorciers, si l’on en croit certaines informations filtrant de temps à autre dans les colonnes des journaux, continuent à ‘accomplir dans l’ombre leur œuvre du mal. 

C’est surtout dans les campagne que — même à l’heure actuelle — la sorcellerie bat son plein. Mais on se tromperait en croyant que la magie noire ne se pratique pas à Paris. La grande ville compte des sorciers et nous pouvons même ajouter que leur quartier général se trouve à Grenelle. A quelles manœuvres se livrent-ils donc, ces disciples de Satan ? Ils composent des philtres, jettent des charmes, mais, l’opération, la plus couramment pratiquée est celle de l’envoûtement. 

L’envoûtement n’est plus nié aujourd’hui par personne. Les expériences du colonel de Rochas sur l’extériorisation de la sensibilité d’un sujet magnétisé ont fait entrer l’envoûtement dans le domaine scientifique, et depuis lors, les travaux des docteurs Luys, Ochorasiez, Pelletier et de tant d’autres ne permettent plus d’être sceptiques… 

Le mode d’envoûtement surtout employé aujourd’hui est celui du sacrifice du sang. 

Un exemple curieux se trouve fourni par l’histoire. On connaît l’accident survenu en juillet 1842 au duc d’Orléans. Le prince se disposant à partir pour le camp de Saint-Omer, se rendait à Neuilly pour faire ses adieux à sa famille quand, à la porte Maillot, son attelage s’emporta. Et pourtant l’enquête révéla que le cocher était si maître de ses chevaux que cent mètres plus loin, il les arrêtait sans aucun dommage. Néanmoins, le prince fut tué. Que s’était-il donc passé ? Fut-ce un choc qui le jeta sur le pavé, fut-ce un mouvement irréfléchi de crainte qui le fit imprudemment sauter à terre ?

La vérité est différente. C’était le sacrifice du sang qui accomplissait son œuvre tragique. La chose parut si plausible que le vieux roi fit garder, sur la route de la Révolte, l’endroit où avait eu lieu l’accident, jusqu’à ce que toute trace de sang eût été soigneusement effacée, et qu’après la Révolution de 48, Louis-Philippe attribua sa chute au maléfice accompli avec le sang de sa famille. 

Dans son ouvrage The night side of nature or ghost and ghost seers, un écrivain anglais, Catherine Crowe, rapporte et certifie que le jour même où se produisait le drame, une femme à Londres en racontait toutes les péripéties à son mari. 

Quelle était cette femme mystérieuse ? Charles Lancelin, dans un curieux livre paru autrefois, raconte les faits suivants : En 1836, le jeune duc d’Orléans avait pour maîtresse une femme mariée. La famille royale s’émut et, pour mettre fin à l’idylle, envoya le jeune homme faire un voyage en Allemagne. Il oublia si bien sa belle amie qu’il connut outre-Rhin la princesse Hélène de Meeklembourg-Schwerin et qu’il l’épousa… La maîtresse abandonnée jura de se venger. Elle obtint du jeune duc un dernier rendez-vous auquel il eut la faiblesse de se rendre. Quand il en revint, il avait une légère blessure à la main droite, qu’il s’était faite, dit-il, avec le bris d’un verre à boire dont un fragment lui avait déchiré l’épiderme. 

Le vieux roi, qui avait été initié à l’occultisme lors de ses voyages en Scandinavie, comprit vite, d’après les rapports de police qui lui furent adressés, ce qui s’était passé. La jeune femme, ayant, en effet, d’un geste brusque, brisé un fragile verre de cristal dans les mains du prince, recueillit dans une coupe le sang qui se trouvait à sa portée. La petite plaie lavée, elle l’enveloppa avec son mouchoir, qu’elle garda maculé du sang princier. Le roi Louis-Philippe, sous prétexte d’une conspiration, fit ordonner des perquisitions et essaya de retrouver la coupe contenant le sang de son fils… Mais toutes les recherches furent inutiles..

Ce fut à Londres qu’un sorcier accomplit l’envoûtement par le sang, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1842… Le lendemain, le drame, avait lieu… Ce sont des faits qui sont vraiment troublants. 

Jean Dorsenne. « Le Petit journal. » Paris, 28 novembre 1928.

Grande estime…

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stratoniceLorsque Jean-Auguste-Dominique Ingres eut terminé sa Stratonice pour le duc d’Orléans, ce prince lui demanda :

 Franchement, M. Ingres, êtes-vous content de votre tableau ? c’est votre avis que je veux avoir. 
— Monseigneur, répondit l’artiste, permettez-moi de ne pas vous répondre aujourd’hui.  Je ne vois plus mon tableau, à force de l’avoir sous les yeux. Dans quelques jours j’irai chez vous; je vous demanderai à le revoir, et alors je vous dirai franchement mon avis. 

Quinze jours après, en effet, Ingres arrive aux Tuileries. Le prince le conduit devant le tableau. Ingres met sa main devant ses yeux, se recueille pendant quelques instants, puis il lève la tête et regarde son œuvre. Peu à peu il se redresse, il grandit dans sa petite taille, son regard s’anime, ses yeux se mouillent. 

 Monseigneur, dit-il au prince, je puis vous le dire aujourd’hui. Vous avez là un chef-d’œuvre. 

Il est bon qu’un artiste ait le sentiment de sa valeur. La modestie n’est souvent qu’une
hypocrisie de la vanité. Mais pourtant il y a des choses qu’il vaut mieux s’entendre dire  que de se les dire à soi-même. 

« L’Argus et le Vert-vert réunis. » Lyon, 1857.

La naissance d’Henri V

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Naissance-duc-de-bordeaux

Un érudit, M. Albert Malet, agrégé d’histoire, a découvert à la Bibliothèque nationale une copie des Mémoires inédits de la duchesse de Gontaut-Biron.

Née en 1773, elle mourut seulement en 1855. Sous la Restauration, elle devint gouvernante des Enfants de France, et comme telle elle dut assister officiellement à la naissance du duc de Bordeaux. Ici nous laissons la parole à M. Albert Malet, qui nous donne, d’après les Mémoires en question, la bien curieuse anecdote qui suit :

Mme de Gontaut, qui habitait aux Tuileries comme gouvernante de Mademoiselle, venait de se coucher, quand l’on frappa violemment à sa porte :

Venez vite, vite ! lui crie-t-on, Madame accouche ! Dépêchez-vous ! 

Prête à se lever au premier signal, elle prend à peine le temps de passer un peignoir et se précipite dans la chambre de la duchesse. Celle-ci la salue de ce cri :

C’est Henri !

Et les deux femmes s’embrassent éperdument.

Vite des témoins ! ajoute Madame…

Le duc d’Orléans arrivait. Avant d’aller présenter ses félicitations à l’accouchée, il entra dans le salon où l’on avait porté l’enfant. Il le regarda attentivement. Puis, marchant au duc d’Albuféra :

Monsieur le maréchal, lui dit-il, je vous somme de déclarer ce que vous avez vu. Cet enfant est-il réellement le fils de la duchesse de Berry ? 

Mme de Gontaut ne put réprimer un vif mouvement d’impatience.

Dites, Monsieur le maréchal, dites tout ce que vous avez vu. 

Le maréchal attesta énergiquement la légitimité de l’enfant.

Je le jure sur mon honneur ! ajouta-t-il. Je suis plus sûr que monseigneur le duc de Bordeaux, ici présent, est l’enfant de Mme la duchesse de Berry, que je ne le suis que mon fils soit l’enfant de sa mère.

Il y eut un long silence, puis le duc d’Orléans salua et sortit. 

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »  Paris, 1891.