de Buffon

Mauvais accueil

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vaucanson.

On sait que Vaucanson était le premier mécanicien de son temps. Il avait fait un automate qui jouait de la flûte, et un canard artificiel ciel qui mangeait et digérait.

Lorsqu’il fut reçu à l’Académie des sciences, il s’aperçut que presque tous ses confrères lui faisaient fort mauvaise mine. Il en demanda la raison à M de Buffon, qui lui répondit :

C’est que vous n’êtes pas plus fort que moi en géométrie, et qu’ici ils ne font cas que de cela.
Eh ! que ne me le disaient-ils ? s’écria Vaucanson, je leur aurais fait un géomètre.

Il ne pensait pas que cela fût plus difficile que de faire un joueur de flûte ou un canard.

« Encyclopédie populaire : journal de tout le monde… »  Paris, 1856. 

Complimenteur distrait

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dinde-truffée

On devait manger une dinde truffée à une table où M. de Buffon allait être au nombre des convives. Avant le dîner, une dame d’un certain âge demande en particulier au naturaliste où se trouvent les truffes ?

A vos pieds, madame, répondit le savant.

Et comme elle le regardait, étonnée, ne comprenant pas :

Je veux dire aux pieds des charmes, reprit-il.

Il va de soi que la dame trouva charmant le compliment et le complimenteur. Mais vers la fin du repas, quelqu’un ayant fait la même question, Buffon oubliant que la dame d’avant dîner se trouvait là, répondit tout naturellement :

Aux pieds des vieux charmes.

La dame, qui l’entendit, ne le trouva plus si charmant.

« Musée des familles. »  Charles Delagrave, Paris, 1897.
Illustration : Carte vivante du Restaurateur. Pannelier, d’après Granville.

Instinct ou éducation

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comte-de-buffon

Suivant Buffon, le chant des oiseaux serait une faculté perfectionnée par l’imitation, et, si les espèces indigènes du nouveau monde sont presque toutes dépourvues de cet agrément, c’est parce que les modèles leur ont manqué.

Les preuves ou les raisonnements de l’illustre savant, en faveur de cette opinion, sont peu persuasives, et les expériences du naturaliste anglais Blackwal les affaiblissent encore.  Cet observateur a constaté que, pour quelques espèces au moins, le chant n’est nullement une faculté acquise, mais innée, un résultat de l’organisation.

Il fit ses premiers essais sur des gros-becs pris très jeunes dans le nid, et qu’il fit élever avec toutes les précautions nécessaires pour qu’ils n’entendissent aucun chant. Il y avait un mâle et deux femelles: ces jeunes oiseaux ne tardèrent pas à faire entendre les cris d’appel propres à leur espèce, et, à l’époque ordinaire, le mâle entonna ses chants, comme s’il eût vécu dans les bois; mais cette première épreuve était encore incomplète. Les trois gros-becs avaient pu entendre, au moins durant trois ou quatre jours après leur sortie de l’œuf, les cris de leur mère et de quelques autres oiseaux.

Pour rendre ces expériences plus satisfaisantes, voici comment M. Blackwal procéda : il échangea les œufs entre un nid de rouges-gorges et un nid de pinçons, afin que, de part et d’autre, les petits n’eussent point entendu d’oiseaux de leur espèce. Dès qu’il fut possible d’élever ces deux nichées, l’observateur s’en empara, réussit d’abord assez bien, et ces oiseaux parfaitement isolés allaient lui donner un résultat, lorsqu’un accident les fit presque tous périr. Il ne lui resta qu’un rouge-gorge mâle et un pinçon femelle.

Il put toutefois répéter, l’expérience qu’il avait déjà faite sur ses gros-becs. Les deux oiseaux firent entendre bientôt le cri d’appel, chacun de son espèce et sans aucun changement. Le rouge-gorge eut les mêmes modulations que ceux qui viennent animer nos champs au printemps.

Cependant les moyens d’isolement ayant été portés jusqu’aux précautions les plus minutieuses, on peut être certain que le jeune musicien n’avait point eu d’autre maître que lui-même.

« La Mosaique. »  Bureaux de la Mosaïque, Paris, 1874.