Dauphine

La légende du château de Vizille

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Lesdiguières.

Comme tout château qui se respecte, celui de Vizille a sa légende. On raconte, dans les veillées d’hiver du Dauphiné, que le mur d’enceinte du parc fut construit en une nuit par Satan et son armée de diables. Satan, dit-on,  aurait proposé à François de Bonne de Lesdiguières le pacte suivant :

Le maréchal partirait à cheval de son château à minuit sonnant, et s’en irait en droite ligne jusqu’au bout du parc. Si le mur était achevé avant son arrivée, le diable emporterait l’âme de Lesdiguières, et ce n’était pas grand bénéfice, car elle lui appartenait déjà pour les trois quarts et demi.

Le duc de Lesdiguières accepta, partit à minuit sonnant sur son fougueux cheval noir et piqua droit devant lui. 

Il arriva au bout du parc, comme les maçons de l’enfer allaient clore le mur, entassant rapidement moellon sur moellon.Le maréchal enfonça ses éperons dans le ventre de son cheval, et le mur fut franchi d’un bond. Mais les maçons allaient si vite que la queue du cheval resta prise.

Pincé ! s’écria le diable.

Mais le maréchal, tirant son épée, coupa au ras la queue de son cheval et s’en alla librement.

« La Revue des journaux et des livres. »  Paris, 1887.
Illustration : montage perso.

Le petit pâtissier amoureux

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enfants

On fait des fours à tout âge surtout quand on est pâtissier et, par-dessus le marché, amoureux.

Le jeune Paul M., âgé de quinze ans, employé dans une maison de pâtisserie du quartier de la Bourse, regagnait son domicile en suivant la rue de Richelieu, lorsqu’en face de la Bibliothèque nationale, un bicycliste qui passait le frôla.

Furieux, Paul M. se mit à lui dire des injures, le menaçant, s’il le rattrapait, de le jeter à bas de sa machine. Le bicycliste, qui était déjà à quelque distance, vira en entendant les provocations du gamin, revint sur lui et, d’une taloche donnée au passage, lui fit tomber son béret sur la chaussée.

Aussitôt, comme si le couvre-chef du petit pâtissier eût été enchanté, il s’en échappa toute une cascade de petits fours, de biscuits, de babas et autres pâtisseries.

Le gardien de la paix de planton devant la porte de la Bibliothèque intervint fit demanda d’où venaient ces gâteaux. Paul M. balbutia, prétendit d’abord que c’était pour ses petits frères et sœurs et finit par avouer qu’il volait son patron depuis onze jours afin de s’acquérir les bonnes graces d’une femme de la rue Dauphine.

Le précoce don Juan a été conduit au commissariat de police, où il a été tancé d’importance. Après quoi il a été remis en liberté, ses parents ayant promis de désintéresser le pâtissier.

« La Lanterne : journal politique quotidien. »  Paris, 1902.
Illustration : « La vie est belle. »  Frank Capra, 1947.

Il y a des jours comme ça…

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courrier

Madame la Dauphine, belle-fille de Louis XV, était accouchée d’un prince, et comme la Cour était alors à Choisy-le-Roi, aucune personne de la Maison de France ne put assister à la naissance de cet enfant royal.

Le courrier qui en portait la nouvelle à Paris, tomba de cheval à la barrière Saint-Honoré, et mourut de sa chute.

L’abbé de Lanjon, qui avait mission d’ondoyer le nouveau-né, tomba en paralysie sur le grand escalier de Versailles.

Et enfin, des trois-nourrices recrutées par le Dauphin, deux moururent en huit jours, et la troisième eut la petite vérole.

Voilà qui n’est pas d’heureux augure, s’écria Louis XV.

L’enfant ainsi salué des mauvais présages, à son entrée dans cette vallée des larmes, devait s’appeler Louis XVI.

« Magazine universel. » Paris, 1903.