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Oh ! un melon qui flotte…

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On raconte qu’au siège de Mansourah par les Croisés français, sous la conduite de Louis IX, un soldat musulman ayant enfoncé sa tête dans un melon creusé, se jeta ainsi à la nage dans le Nil.

Le melon, qui paraissait flotter sur l’eau, frappe les regards d’un guerrier chrétien. Celui-ci s’élance dans le fleuve, et, comme il tendait la main pour saisir le melon flottant, il est saisi lui- même et traîné dans le camp des Musulmans. Cette particularité, plus bizarre qu’instructive, est rapportée par plusieurs historiens arabes, et M. Michaud me dédaigne pas de la citer au quatrième volume de son Histoire des Croisades.

« Journal des anecdotes anciennes, modernes et contemporaines. »  Paris, 1833.

Ordonnance du douzième siècle

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En 1190, lorsque Richard Cœur-de-Lion s’apprêta à partir pour la troisième croisade, à la tête d’une armée de trente-cinq mille hommes qu’il devait réunir à celle de Philippe-Auguste, chef de cette croisade, il fit un règlement de police pour ses troupes qui allaient s’embarquer. Voici le texte de cet acte, qui ne donne que trop la mesure de la barbarie du temps: 

1° Celui qui en tuera un autre à bord d’un vaisseau devra être lié à celui qu’il aura tué, et, dans cet état, jeté à la mer.

2° Celui qui en tuera un autre sur terre devra pareillement être attaché avec le cadavre, et enterré avec lui. 

5° Celui qui sera légitimement convaincu d’avoir tiré le couteau ou toute autre arme pour frapper quelqu’un, ou qui en aura frappé un autre jusqu’à effusion de sang, aura la main coupée.

4° Celui qui frappera un autre de la main, sans effusion de sang, sera plongé trois fois dans la mer.

5° Celui qui se servira de termes injurieux, invectives, imprécations et malédictions, sera condamné à payer autant d’onces d’argent qu’il aura insulté de fois.

6° Celui qui aura volé, quand il sera convaincu légitimement, devra avoir la tête rasée, arrosée de poix bouillante, et frottée avec de la plume ou du duvet, afin qu’on puisse le reconnaître, et, en cet état, il sera mis à terre et abandonné dans le premier lieu qu’on rencontrera.

Que penser d’une armée qu’il fallait intimider par de si horribles menaces ? Etaient-ce là des soldats chrétiens ? Mais il est probable aussi qu’une semblable ordonnance n’était pas dictée par une entière sagesse. Une pénalité si féroce devait être appliquée rarement, et par suite devenir bientôt moins efficace que si elle eût été plus humaine.

« Le Magasin pittoresque. » Édouard Charton, Paris, 1841.

Les croisades ne visaient pas seulement les Lieux saints

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Les croisades du Moyen Âge sont des pèlerinages armés, prêchés par le pape, une autorité spirituelle de l’Occident chrétien. Sur les huit croisades qui furent lancées entre 1095 et 1270, seule la première fut un succès avec la prise de Jérusalem en 1099. mais toutes n’eurent pas comme finalité la lutte contre les musulmans ou la délivrance des Lieux saints.

En 1198, le pape Innocent III prêche la quatrième croisade, mais, après l’échec de la précédente, son appel ne soulève pas l’enthousiasme. Le but est de conquérir l’Egypte qui pourra ainsi servir de monnaie d’échange pour récupérer Jérusalem reconquise quelques années auparavant par Saladin. C’est la République de Venise, principale puissance commerciale de Méditerranée, qui accepte d’affréter une flotte pour transporter 30 000 hommes.

Au cours de l’été 1202, l’armée croisée se réunit sous les ordres de Boniface de Montferrat mais se trouve bien moins nombreuse que prévu. Le doge Enrico Dandolo refuse que les navires quittent le port si la somme fixée pour le voyage ne lui est pas versée. Endettés, les croisés acceptent alors le marché qui leur est proposé. Il s’agirait en échange de la remise de la dette de conquérir le port chrétien de Zara, sur la côte dalmate, et de le livrer aux Vénitiens. Malgré les réticences suscitées par l’idée de lutter contre d’autres chrétiens, la ville est prise, ce qui entraîne l’excommunication des croisés par Innocent III. Mais la croisade ne s’arrête pas là. Le fils de l’empereur byzantin Isaac II Ange a été dépossédé du trône par son oncle Alexis III Ange qui a mis son père en prison. Il propose aux Latins de rembourser leurs dettes à Venise si ceux-ci l’aident à chasser l’usurpateur.

Les Vénitiens quant à eux sont ravis. Convaincus que les Byzantins n’avaient pas assez soutenu la lutte contre les musulmans et qu’ils devaient être punis, les croisés prennent d’assaut Constantinople en 1203. Alexis III en fuite est remplacé par Alexis IV. Mais, tenu pour traître par la population, le nouveau basileus n’arrive pas à imposer son autorité. En outre, son prédécesseur étant parti en vidant les caisses de l’Etat, il est obligé de revenir sur la promesse faite  à ses alliés. Ces derniers entretiennent des relations de plus en plus tendues avec les Byzantins qui supportent mal leur présence et leur cupidité. Un conjuration renverse alors Alexis IV, qui est assassiné.

Constantinople est prise le 12 avril 1204 et mise  à sac pendant trois jours. L’événement, d’une extrême brutalité, choque la chrétienté et cristallise le schisme entre catholiques et orthodoxes qui remontait à 1054. Un Empire latin d’Orient est ensuite fondé alors que les Vénitiens prennent possession de comptoirs et s’assurent le monopole commercial dans l’Empire. Ce nouvel Etat latin d’Orient n’est pas stable et sera rapidement reconquis par les grecs. Bilan de cette IVème croisade qui n’a pas vu l’affrontement des croisés avec un seul musulman ? Une chrétienté définitivement et profondément divisée et un Empire byzantin qui, bien que finalement rétabli, sera durablement affaibli face à la menace ottomane.

Olivier Tosseri
50 idées reçues sur l’histoire. »  Historia