couturières

Histoire du luxe

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Le chevalier de la Tour-Laudry qui, au XIVe siècle, écrivit un traité destiné à détourner ses filles des sottes vanités mondaines, raconte (sans doute sur la foi de son imagination) que, lorsque sa première femme fut morte, elle comparut devant l’archange saint Michel et devant le roi des enfers, qui se disputaient pour savoir si elle avait mérite ou démérité le salut.

Ils avaient une balance. Dans l’un des plateaux saint Michel mettait les bonnes actions qu’elle avait faites, tandis que le diable entassait sur l’autre ses mauvaises paroles, ses péchés de toutes sortes, ses anneaux et parures, et notamment les nombreuses robes que son mari avait dû lui acheter :

Ha, disait-il, vous savez bien, saint Michel, que cette coquette avait dix paires de robes, tant longues que courtes, et que la moitié lui eut amplement suffi. 

De telle sorte que le mal ayant dépassé le bien, saint Michel l’abandonna au diable, qui lui fit revêtir ses dix paires de robes les unes par-dessus les autres, et y mit le feu : de quoi la pauvre âme pleurait et se lamentait piteusement.

Voyez, mesdames, à quoi l’on s’expose quand on fait travailler trop les couturières.

« Musée des familles. »  Charles Delagrave, Paris, 1897.
Illustration : bidouillage-maison.