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Trouvaille

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Voici une trouvaille fort ingénieuse qui, bien qu’américaine, pourrait être heureusement appliquée chez nous, à une époque où le public se passionne pour les concours et les loteries… 

Dans un quartier populaire de New York, un cinéma, pourtant très confortable et donnant de beaux films, ne parvenait pas à attirer le public. Et la faillite était inévitable… quand le directeur eut cette admirable idée de faire afficher sur les murs du quartier l’avis suivant : 

Tous les soirs, seront projetés sur l’écran le nom d’un monsieur et celui d’une dame habitant le quartier. Si les deux personnes se trouvent dans la salle, le monsieur recevra une boîte de cigares, la dame un flacon de parfumerie

Grâce à ce moyen, le cinéma refuse du monde tous les soirs. 

Tous les « messieurs » et toutes les « dames » du quartier espèrent gagner les cigares ou le parfum. Et nous livrons bien volontiers le procédé aux directeurs de nos cinémas…

« L’Éclaireur du dimanche. » Nice, 1923.

Buster travaille 

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buster-keatonBuster Keaton, l’homme-qui-ne-rit-jamais, est venu à Paris. Son séjour aurait pu passer inaperçu, s’il ne se comportait un peu dans la vie comme dans ses films. 

Installé dans un palace des Champs-Elysées, le fantaisiste américain ne sort presque pas de sa chambre. I.e personnel de l’hôtel, intrigué, rôde constamment non loin de la porte toujours close.

Des bruits bizarres viennent de l’intérieur. Buster Keaton trimballe le mobilier, fait de la musique avec des objets variés et se livre à des exercices compliqués de gymnastique. Il paraît qu’il a cassé une carafe et deux verres à dents. On s’attend à des dégâts  matériels plus importants. 

Buster travaille… 

Mais Buster demeure invisible, et plus inaccessible que Greta Garbo. 

On en est à se demander si, lorsqu’il s’absente (ce qui lui arrive de temps à autre) Buster Keaton ne s’enfuit pas par les toits.

Il en est fort capable… 

« La Rampe. » Paris, 1934. 

L’invasion 

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uhlansLa jolie petite ville de C… venait de s’éveiller, et les rues commençaient à s’animer, lorsqu’on vit. soudain arriver à toute allure une dizaine de uhlans, l’air terrible. 

Ce fut alors un sauve-qui-peut général. Les boutiques se fermèrent instantanément et les rues devinrent désertes.  Au bout d’une heure, n’entendant  aucun bruit, les habitants hasardèrent le nez au  dehors et, ne voyant rien de suspect, ils se risquèrent à sortir. Alors ils s’interrogèrent et bientôt apprirent d’où venaient ces redoutables uhlans. 

Un entrepreneur de cinéma, ayant à tourner une scène sensationnelle sur l’espionnage, n’avait trouvé rien de mieux que d’habiller dix figurants, de  les armer et de les faire dévaler dans la. Grand’Rue de C…, espérant pouvoir  enregistrer en même temps la frayeur des habitants.

Il avait réussi dans son dessein, mais le commissaire de police, n’ayant pas trouvé de bon goût le stratagème, a ouvert une enquête. 

« Excelsior. » Paris, 1917.

Les toiles

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les-rapaces-greedVoici une petite anecdote susceptible de calmer l’enthousiasme des midinettes qui  désirent faire du cinéma. 

Erich von Stroheim, le metteur en scène américain, fit dernièrement appeler son secrétaire. 

J’ai besoin, lui dit-il, pour une scène de « Greed » (Convoitise), de 3.000 toiles  d’araignée que j’utiliserai, dans un décor. Débrouillez-vous comme vous voulez. Il me les faut pour demain matin, impérativement, tendues à cet endroit

Le secrétaire se débrouilla : le metteur en scène eut ses 3.000 toiles d’araignée, mais, pendant quinze jours, il ne se passa pas un quart d’heure sans qu’un cri de terreur ne vint annoncer qu’une actrice se trouvait eu présence d’un de ces arachnides  réquisitionnés dans un des coins des studios où ils s’étaient réfugiés. 

« Il faut souffrir pour être belle. » déclare un vieux dicton. 

Si ce n’est de certains producteurs, il faut n’avoir peur de rien quand on est  photogénique, pourrions-nous ajouter. 

Charlie Chaplin renoncera-t-il  à tourner Le Dictateur ? 

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Chaplin abandonne Le Dictateur… Telle est la nouvelle qui circule dans tous les studios de Hollywood depuis hier. On ne verra pas Charlot dans ce film que le monde entier attendait avec curiosité. 

Depuis neuf mois déjà, le film était en « gestation ». Chaplin, disait-on, veut présenter dans cette bande sensationnelle, une caricature du Führer de la plus grande Allemagne et stigmatiser à sa façon les exagérations et la vanité des séides qui appliquent sans discernement ses idées. Les menaces dont il fut l’objet depuis le jour où son projet fut connu, et probablement les protestations officieuses ou officielles du Troisième Reich, sont sans doute à l’origine de l’abandon du film en cours. 

Le personnage inventé cette fois par Chaplin était non pas exactement celui d’un dictateur, mais celui d’un petit israélite enfermé dans un camp de concentration. Comme il ressemble trait pour trait au Führer, des ennemis de ce dernier ourdissent un complot.  Ils enlèvent par surprise le dictateur et lui substituent le prisonnier. 

Son premier décret annonce la dissolution du parti nazi, celle des milices brunes et autres et la libération de ses frères de race. Mais la vie officielle d’un dictateur est fatigante. Surmené par les inaugurations, les exhibitions et les acclamations, l’Israélite de jadis regrette l’obscurité du camp de concentration. Mais une femme a compris son désarroi. Grâce à elle, il échappera à sa prison dorée, et l’aide, à s’enfuir en Suisse, où il redeviendra lui-même. 

L’abandon est-il définitif ? On sait que Charlie Chaplin est capricieux, tout autant que volontaire. On prétend ici que son abandon n’est peut-être pas tellement définitif et que, comme il n’a jamais manqué de courage, il se pourrait que, bravant les dangers et l’opinion, il présentera peut-être  Le Dictateur à l’écran au moment où on s’y attendra le moins. 

« Paris-soir. » Paris, 19/11/1938.

Ton univers impitoyable

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vautier

Les artistes reçoivent beaucoup de lettres. On leur demande des photos, des autographes, on les interroge sur leurs rôles, on leur demande des précisions sur les films qu’ils doivent tourner. On leur pose aussi parfois des questions embarrassantes, des questions imprévues et souvent saugrenues.

A Loretta Young, une demande en mariage se terminait par ces mots : Dans le cas où ma proposition ne vous agréerait pas, veuillez être assez aimable pour en faire part à Mlle votre soeur, qui me plaît également beaucoup. A l’exquise divette Germaine Roger, un étranger demanda : Etes-vous amoureuse de vos partenaires ? Au jeune premier Joel Mac Crea : Que portez-vous quand vous prenez un bain de soleil ? La réponse fut : Un pardessus en poil de chameau. Et  cette autre que reçut Lucien Baroux : Cher monsieur, je vous ai souvent vu au cinéma. J’ai dix-sept ans et je suis blonde. Dois-je me faire faire « la permanente » ? A Ginger Rogers, âgée de vingt ans, on écrivit pour lui demander si elle était la mère de Buddy Roggers, trente-cinq ans.

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Georgius se vit poser la série de questions suivantes, dont l’ensemble constitue un bel assortiment, et cela pour la même personne : Portez-vous des caleçons courts ou longs ? Comment préférez-vous les pommes de terre ? Quelle est votre couleur favorite pour une voiture ? Jim Gerald estime, lui, que la plus saugrenue des questions que l’on puisse lui poser est celle de faciliter l’accès de la profession de comédien à un nouveau venu. Autant offrir à un agneau de partager sa couche avec le loup !

Duvallès a plutôt ri jaune quand on lui a demandé quel maquillage il se mettait sur la figure pour avoir un teint d’âne. Or, Duvallès tourne sans se maquiller ! La jolie Blanche Montel eut bien peur quand elle reçut la missive suivante :L’esprit de ma mère me commande de vous épouser. Je vous attends demain à Lyon. Le plus ennuyeux était qu’elle fut en butte aux avances de ce demi-fou pendant un mois.

raimu

A Laurel et Hardy, l’on demanda s’ils dormaient ensemble avec leur femme au milieu ou aux extrémités du litRaimu n’a jamais pu digérer cette question que l’on posa un jour à sa femme : Est-il exact que votre mari soit interné comme fou et ne soit remis en liberté que pour tourner ?

Robert Frankel. « Ciné-miroir. » Paris, 1940.