cigares

500 cigares pour Churchill

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churchillIl y a quelque temps, Winston Churchill apprit, en lisant un quotidien américain, qu’il avait déclaré : « C’est une erreur de la part des Etats-Unis d’être entrés en guerre. »

Le premier ministre entra dans une violente colère. Il y avait de quoi ! Même si cette phrase exprimait le fond de sa pensée, même s’il l’avait prononcée dans un moment d’abandon, il serait désagréable de la voir imprimée dans un journal de l’allié. Le journaliste qui lui avait prêté cette déclaration était un certain Mr Griffin, auteur d’un reportage sur lui. Churchill aussitôt porta plainte. Le malheureux Griffin fut arrêté à New York et remis en liberté sous caution de 5.000 dollars.

Au mois d’octobre dernier, il fut jugé. La condamnation dont il écopa lui interdisait notamment d’écrire pendant la durée de la guerre. Elle accordait en outre à M. Churchill 100 livres de dommages-intérêts. Il vient de toucher cette somme. Elle représente au cours actuel 500 cigares WW2 confectionnés à la Havane pour son usage particulier, avec une bague à son nom qui serait d’une valeur bien plus grande pour les collectionneurs s’il ne fumait pas tant.

Quant au pauvre Griffin, il est repassé devant le tribunal, impliqué, avec une vingtaine d’autres personnes dans l’accusation « d’avoir miné le moral et la discipline de l’armée et la marine des Etats-Unis et cherché à provoquer des troubles dans les services armés. »

Il est actuellement en prison.

« 7 jours : grand hebdomadaire d’actualités. » Lyon, 31 janvier 1943.

La comète d’Alphonse

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cometeLa comète d’Halley (d’Alphonse Halley, dit ma concierge) annonce toujours de mauvaises nouvelles. Voyez, le roi d’Angleterre est mort et la Régie a augmenté ses prix. 

Aujourd’hui pour s’offrir le luxe d’un havane, il faut avoir la fortune de Rockefeller. Rothschild lui-même, qui n’est cependant pas un va-nu-pieds, a dû revenir au démocratique demi-londrès, avec bague il est vrai, soit quatre sous. Quand je pense que le maryland coûte aujourd’hui un franc le paquet de quarante grammes, je me dis qu’il est vraiment flatteur d’être Français.

Nous avons 1.500 millions de dettes à payer chaque année (le quart du budget) et nous payons quinze sous les Hongroises qui sont d’ailleurs devenues des Gauloises. Quinze sous, les gauloises, et trois sous le Gaulois ! La voilà bien, la vie chère ! 

Une ligue de fumeurs protestataires vient d’être fondée. Son programme est belliqueux : grève, sabotage, action directe. Mais M. Cochery peut être tranquille, les serments de fumeurs valent les serments d’ivrognes. Cette ligue finira d’ailleurs comme toutes les ligues, c’est-à-dire en queue de poisson. Un jour, son président dira à sa femme : 

 Ma bonne, notre affaire est faite. 
— Tu as gagné le gros lot ? 
— Non, mais je viens d’obtenir un bureau de tabac ! 

« Le rire. » Paris, 1910.

Un voyage de noces en 19…

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dirigeable-enfants

Les progrès constants de l’aviation nous laissent espérer qu’il n’est pas loin le temps où nous verrons l’atmosphère sillonné d’appareils de toutes sortes, de toutes formes, ballons sphériques ou d’énormes cigares, hélicoptères, aéroplanes, oiseaux monstrueux.

Des gares aériennes serviront de point de départ ou d’arrivée. On circulera dans l’espace en aéro-omnibus, en aéro-cabs, et les mansardes deviendront désormais les boutiques et les magasins que visiteront nos élégantes. 

Quoi d’étonnant, dans ces conditions, que deux mariés songent à faire leur voyage de noces en ballon dirigeable ? Ils ont pris place dans la nacelle de leur aérostat et, sans secours, les voilà partis dans les airs… Que les parents se rassurent, la télégraphie sans fil les tiendra au courant des étapes de leurs enfants. De même que les chemins de fer, les lettres sont devenues vieux jeu, on ne correspond plus que par marconigrammes et par téléphonie sans fil.

Voilà ce que nous verrons bientôt sûrement. Quel est l’appareil qui arrivera bon premier ? Sera-ce le ballon dirigeable avec sa nacelle longue et compliquée, et son énorme enveloppe gonflée de gaz plus léger que l’air ? Sera-ce le plus lourd que l’air que M. Santos Dumont préconise et qu’il semble avoir réalisé ? Sera-ce l’hélicoptère ou l’aéroplane, ou encore l’oiseau gigantesque dont l’homme arrivera à reconstituer le vol ?

Peut-être tous les moyens seront-ils à ce point perfectionnés qu’ils seront tous réalisés.

« Le Grand journal hebdomadaire d’actualités. » Paris, 1907. 
Illustration : bidouillage maison.

Le centenaire de la pipe

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fumeurs...

Un centenaire en l’honneur de la pipe s’organise en ce moment à Leipzig. Nous rappellerons sommairement à ce propos quelques souvenirs historiques intéressants.

C’est par les Portugais que l’usage de la pipe fut introduit au XVIe siècle en Europe, mais il était bien antérieurement répandu dans les Indes occidentales. Vers 1560, Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne, apporta dans notre pays la pipe et le tabac, d’où le nom de nicotine.

Pendant quelque temps, néanmoins, on se contenta de prendre le tabac par le nez. Ce n’est qu’un peu plus tard que la pipe commença à être adoptée. C’est sous Louis XIV que des distributions régulières de tabac furent faites pour la première fois aux troupes. Il y eut alors une sorte d’engouement pour la pipe, qui se répandit jusque dans les meilleures sociétés, et l’on vit même des grandes dames ne pas s’en priver. Saint-Simon raconte que les princesses du sang furent une fois surprises par le dauphin en train de fumer des pipes qu’elles avaient fait emprunter aux soldats du corps de garde du château de Marly.

On fuma un peu moins pendant le XVIIIe siècle, mais en revanche on prisa beaucoup. La pipe revint en grand honneur au moment de la Révolution, et l’on put même voir les plus illustres généraux de l’expédition d’Egypte fumer leur pipe à la tête de leurs soldats.

fumeuse-pipe.

Sous la Restauration, la pipe fut de nouveau dédaignée ; mais après 1830 sa faveur reprit de plus belle, et elle devint, aux belles époques du romantisme, le complément indispensable de toutes les fêtes littéraires et de tous les soupers qui suivaient les grandes premières représentations dramatiques du temps. Théophile Gautier a surtout fait valoir les délices de la pipe, dont il usa et abusa jusqu’aux derniers jours de sa vie.

Aujourd’hui la pipe ne se fume plus guère en public : c’est le cigare qui est seul de bon ton dans la rue ; mais dans le huis clos la pipe est le délassement des classes sociales les plus différentes.

Nous avons cité, dans notre dernier numéro, un certain nombre de lettres défavorables à l’usage du tabac ; mais nous avons démontré que cet usage, sous quelque forme que ce soit, pipe, cigare ou tabac à priser, tend de plus en plus à se généraliser.

Il y a vingt ans, les femmes du monde qui fumaient étaient une très rare exception ; aujourd’hui plusieurs d’entre elles se permettent de fumer, et ne s’en cachent même pas.

« Gazette littéraire, artistique et bibliographique. »  1890, Paris.