Choisy-le-Roi

Les faux mendiants

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eugene-galien-lahoueDans un remarquable rapport présenté ces jours derniers au conseil municipal de Paris, M. Georges Berry, conseiller du IXe arrondissement, dévoile les trucs employés journellement par les faux mendiants, pour émouvoir la pitié publique.

Parmi les nouveautés du genre, il signale le truc des cabinets dits inodores et celui de l’omnibus. Une dame bien mise, prise d’un besoin pressant, se précipite vers un édicule bien connu ou dans un passage hospitalier. Aussitôt elle est arrêtée au milieu de sa course par une femme proprement vêtue qui lui fait comprendre qu’elle aussi elle a le même besoin, mais n’a aucun argent pour le satisfaire. La dame pressée laisse tomber dans la main de celle qui implore sa compassion les sous qu’elle a préparés pour elle, et achève sa course sans s’apercevoir que celle qui l’a arrêtée si mal à propos cherche de nouveau une proie qu’elle pourra exploiter.

Avez-vous un air sympathique et passez-vous près d’une station de tramways qui conduit à la banlieue, il est bien rare que vous ne soyez pas abordé par une femme jeune ou vieille (les deux sont toujours intéressantes pour des motifs différents), qui vous raconte, les larmes aux yeux, que ses jambes ne peuvent plus la porter et qu’elle n’a pas un sou pour prendre la voiture qui doit la conduire chez elle. Si elle vous rencontre aux environs de l’Hôtel de Ville, c’est à Choisy-le-Roi ou à Bicêtre qu’elle habite. Si, au contraire, vous la trouvez à la place de la Madeleine, elle doit se rendre à Courbevoie ou à Suresnes.

Ce truc est bien inventé et peu de personnes résistent à cette demande. Cependant, si elles voulaient prendre la patience d’attendre, elles verraient la prétendue voyageuse renouveler la même prière auprès de nouveaux arrivants, et quelquefois elles auraient la douleur d’apercevoir, comme j’ai pu le faire moi-même, leur argent prendre le chemin de la boutique d’un marchand de vins voisin.dame-landauM. Georges Berry réclame, comme conclusion, la suppression de la mendicité par la création de colonies de répression et de préservation. A l’appui de cette thèse, citons un incident dont nous avons été témoin il y a quelques semaines.

Il faisait froid, une mendiante implorait la charité, un bébé sur les bras…

— Mais il est en carton, votre petit ! s’écrie un vieux monsieur, en touchant de sa canne le nez du mannequin.
— Oh pardon ! monsieur, il fait si froid, j’ai laissé le vrai à la maison.

« Journal du dimanche. » Paris, 1893.
Peinture : Eugène Galien Laloue.

Il y a des jours comme ça…

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courrier

Madame la Dauphine, belle-fille de Louis XV, était accouchée d’un prince, et comme la Cour était alors à Choisy-le-Roi, aucune personne de la Maison de France ne put assister à la naissance de cet enfant royal.

Le courrier qui en portait la nouvelle à Paris, tomba de cheval à la barrière Saint-Honoré, et mourut de sa chute.

L’abbé de Lanjon, qui avait mission d’ondoyer le nouveau-né, tomba en paralysie sur le grand escalier de Versailles.

Et enfin, des trois-nourrices recrutées par le Dauphin, deux moururent en huit jours, et la troisième eut la petite vérole.

Voilà qui n’est pas d’heureux augure, s’écria Louis XV.

L’enfant ainsi salué des mauvais présages, à son entrée dans cette vallée des larmes, devait s’appeler Louis XVI.

« Magazine universel. » Paris, 1903.