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Remords de Cauchon

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Le 18 décembre 1442, alors que, de passage à Rouen, il se rasait, l’évêque Cauchon, juge de Jeanne d’Arc, mourut subitement.

Où avait-il été enterré ? Dans la chapelle Jeanne d’Arc (Cathédrale de Lisieux) que, poursuivi par le remords, assurait-on, il avait fait construire à Lisieux ? Mais on n’avait de cela aucune certitude.

Pour mettre d’accord les historiens, on a ouvert, dans cette chapelle, au pied d’un pilier portant les armes du juge de triste mémoire, un tombeau clos depuis cinq siècles. Une crosse d’ivoire est apparue, posée sur un cercueil recouvert d’une chape de plomb, et reposant sur deux barres de fer. 

Les bras étaient croisés sur la poitrine, le tête légèrement penchée à gauche. Les os étaient nus. Derrière le crâne il y avait encore des touffes de cheveux, blonds et fins. On est maintenant certain qu’il s’agit bien du corps de l’évêque Cauchon.

Les ossements ont été remis dans l’enveloppe de plomb, puis replacés dans le tombeau.

« Chantecler. » Tananarive, 1931.
Illustration : https://www.la-nrh.fr/2010/11/pierre-cauchon-comment-on-devient-le-juge-de-jeanne-darc/

La chapelle de Voltaire

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Oui ! Voltaire lui-même construisit une chapelle à Ferney et y entretint un curé de ses deniers, dont pourtant il était fort ménager. Un mémoire autographe de l’auteur du Dictionnaire philosophique est conservé à la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg, il se rattache à la construction de l’église. Il comprend les plans, devis, et jusqu’au contrat avec l’entrepreneur, passé le 6 août 1760, avec maître Guillot et maître Desplaces, entrepreneur.

Sur la porte, Voltaire avait fait peindre cette inscription : Soli Deo et sur le frontispice, graver cette autre en lettres d’or sur marbre noir : Deo erexit Voltaire. Quand l’église fut bâtie, il s’enquit d’un curé et il en trouva deux : l’un en payant, l’autre qui payait pour avoir l’honneur d’être de la suite du philosophe. Aussi écrit-il à d’Alembert : « J’ai deux curés dont je suis assez content, je ruine l’un et je fais l’aumône à l’autre. »

Le desservant rétribué touchait huit cents livres de traitement par an, comme nous l’apprennent les comptes de Voltaire, très bien tenus par le philosophe lui-même par « Doit » et « Avoir » comme ceux d’un petit commerçant. Huit cents livres étaient une assez jolie somme pour l’époque et au prix où étaient les congruistes, celui de Ferney pouvait s’estimer heureux.

Ces détails connus du temps de Voltaire sont généralement ignorés du nôtre : ils expliquent bien des actes du patriarche et cette phrase célèbre : « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ». Voltaire assistait du reste de temps à autre aux offices en compagnie de sa nièce Mme Denis, qui était dévote, et il exigeait les honneurs dus à un seigneur justicier qu’il était à Ferney. Il ne faisait grâce à son curé ni d’un coup de goupillon, ni d’un coup d’encensoir.

Etranges contradictions de l’esprit humain, même quand il s’élève jusqu’au génie.

« Journal littéraire et bibliographique. »  Paris, 1890.  
Illustration : bidouillage maison.

Les miracles de Notre-Dame du Répit

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Dans le petit village d’Avioth (Meuse) s’élève une somptueuse basilique dont la construction au XIIIe siècle s’explique par la découverte, deux siècles plus tôt, d’une statue miraculeuse de la Vierge.

Avioth-procession.

Les pèlerins qui venaient implorer cette dernière déposaient leurs offrandes dans la Recevresse, une élégante chapelle de forme hexagonale. A une époque où le nombre d’enfants mort-nés et la mortalité infantile étaient très élevés, les nourrissons décédés avant d’avoir été baptisés ne pouvaient être enterrés, chrétiennement, ni aller au paradis. De nombreux parents transportaient donc le corps de leur enfant jusqu’à la statue miraculeuse d’un sanctuaire à répit. Ils attendaient le signe de vie (changement de couleur, mouvement du corps, saignement, sueur chaude) qui permettrait de le baptiser.

On estime à 135 le nombre de miracles qui y furent recensés, entre 1625 et 1673. A la fin du XVIIe siècle, l’évêque de Toul interdit la pratique des répits. Le pape la condamna en 1729. A Avioth, elle perdurera clandestinement jusqu’au milieu du XIXe siècle.

« A la découverte de la France mystérieuse. »  Sélection du Reader’s Digest. Mai 2001.

La chapelle Notre-Dame-des-Trois-Cayelles

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la-voix-du-nord

La chapelle est une petite construction en briques jaunes. Elle est fermée par une porte métallique dotée de barreaux dans sa partie supérieure. A travers les barreaux, on peut distinguer, à l’intérieur, la Vierge appuyée sur un globe étoilé. C’est juste sous la descente de toit, le long du mur latéral, qu’est inscrit le nom de la chapelle. Au fronton, une œuvre moderne représente la mère du Christ couronnée par deux anges.

La tradition prétend que l’endroit ou la chapelle a été érigée fut jadis un lieu fréquenté par les druides. Mais la seule certitude que l’on ait aujourd’hui à propos de ce sanctuaire, c’est sa signalisation sur une carte d’état-major de 1780. Il fut restauré une première fois en 1835 et la dernière restauration remonte à 1989.

 L'abbé Jean Sauty a célébré l'eucharistie sur un autel fabriqué à base d'un tronc d'arbre.

Il est remarquable de constater qu’ici la dévotion, qui semble se pérenniser au fil du temps, ne fut pas pour autant encouragée par l’Eglise, qui au siècle dernier, voyait encore dans ces lieux poindre des restes de paganisme. Il faut attendre 1951 pour y voir le culte officiellement recommandé et devenir aussitôt un succès. C’est ainsi que, chaque 15 août, ce petit coin de forêt attire un nombre considérable de pèlerins venus assister aux vêpres.

Le chiffre trois (dans le nom de la chapelle) a longtemps laissé croire que ce lieu évoquait la sainte Trinité. En fait, il concrétise le souvenir de l’antique culte de trois déesses chargées de protéger un carrefour à trois voies, qui aurait été christianisé par saint Omer en personne. Par ailleurs, le terme picard cayelle, qui signifie chaise, continue d’intriguer. Il fut pourtant jadis souvent employé dans le nord de la France pour désigner un siège important. Ainsi parle-t-on de cayelle préchoire pour évoquer la chaire de l’église ou encore de cayelle batilloire pour nommer le siège en pierre où s’asseyait le seigneur qui rendait la justice.

Soixante ans après sa création, le pèlerinage de Notre-Dame des trois Cayelles toujours vivace

Les trois cayelles, ici, seraient donc, à l’instar de ces objets symboliques de pouvoir, des objets sacrés où s’asseyaient jadis les trois déesses qui protégeaient les lieux, à défaut d’avoir été de simples chaises à l’usage des personnes venues y faire leurs dévotions.

« A la découverte de la France mystérieuse. »   Sélection du Reader’s Digest