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Un audacieux brigand 

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dave-whiteUn des plus singuliers mystères des Etats-Unis c’est la sécurité avec laquelle certains brigands du Far-West et des Etats ou territoires de la côte du Pacifique peuvent entasser vols sur vols et meurtres sur meurtres.

L’un des plus remarquables spécimens de ce genre de sportmen, (car ces messieurs se considèrent comme tels) est un certain dévaliseur de trains qui opère lui-même sur la frontière de l’Arizona et du Mexique. Certains le croient de sang mêlé de blanc et d’Indien, mais il n’en est rien. Géroninio (c’est son nom de guerre) est simplement un Irlandais du nom de White, venu à Tombstone il y a quelque trois ans, et qui n’a jamais fait honnêtement oeuvre de ses dix doigts.cowboyJoueur de profession, mais trouvant que la fortune ne le favorisait pas assez vite, il se lança dans une carrière de crimes plus rémunérative. Le plus souvent seul, et parfois avec un confédéré du nom de Frederico, arrête les trains sur les lignes Atchison et Southern Pacific, force, le pistolet au poing, les voyageurs à lever les bras en l’air et à se laisser fouiller par lui de la main qui lui reste libre, et se fait bon an, mal an, de 250 à 275,000 fr. à cet ingénieux ou tout au moins audacieux métier. 

Et, dans ces trains pris d’une panique inexplicable, il n’est encore venu à la pensée de qui que ce soit de lui brûler plus ou moins proprement la cervelle. Et la police, qui sait, ou devrait savoir où ils se trouve entre chacune de ses audacieuses expéditions, n’ose pas le toucher du bout du doigt, malgré les 30,000 fr. de récompense offerts pour sa capture par les gouverneurs d’Arizona et de Sonora.cowboy-1C’est qu’il a déjà tué plus de vingt mineurs, voyageurs ou détectives, et personne ne se soucie de partager leur sort. Tout homme visé par lui était d’avance un homme perdu. Et, sans l’ombre de vergogne, il visite, quand il lui plaît, les villes les plus civilisées de la frontière, y boit, mange, joue au billard, puis s’en retourne tranquillement dans les bois ou ailleurs, sans être suivi ni molesté par personne.

Son dernier exploit a été le vol d’une somme énorme à la Compagnie de messageries Wells et Fargo, de San Francisco. Toute la presse du Nord essaie par ses railleries de secouer l’apathie de la police du Pacific, mais autant en emporte le vent. Les journaux de l’Arizona se contentent de crier aux confrères de New York : 

« Venez donc essayer, vous autres ! »

« L’Oued-Sahel. » 1889.
Peinture de Dave White.
Photos : « Il était une fois dans l’Ouest. » Sergio Leone, 1969.

L’espoir d’un brigand

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Giuseppe-Musolino

Le procès de Giuseppe Musolino, de ce chevaleresque bandit d’opéra-comique, pour qui le sexe charmant montre un enthousiasme presque égal à celui dont jouit chez nous le beau Jean de Reszké, est très instructif pour les auteurs de romans-feuilletons, qui trouveront en ce brigand prisonnier des carabiniers, pour une fois arrivés à temps, le type d’un héros fort réussi.

De lui cette réponse, charmante de naïveté présomptueuse, à son  avocat qui l’avertissait qu’il pourrait bien être condamné à trente ans de réclusion :

« En tel cas, je conseille aux jeunes filles italiennes d’adresser un recours en grâce en ma faveur à la reine, et de le renouveler jusqu’à ce qu’elles obtiennent satisfaction. »

« La Revue mondaine : hebdomadaire, littéraire et artistique. »  Paris, 1902.

Pendu deux fois

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brigand;

En Hongrie, le brigandage a repris avec une telle violence que le gouvernement s’est vu obligé de proclamer, dans plusieurs comitats, le « statarium », c’est-à-dire la justice sommaire. Sous ce régime, on est pris, jugé, pendu, le tout dans l’espace d’une demi-heure. On peut rappeler à ce propos la drôlatique histoire magyare du Tzigane pendu et rependu.

Deux paysans, revenant du marché en voiture, passent devant une potence rurale où se balance justement un Tzigane fraîchement exécuté. Les paysans descendent, tâtent le bonhomme, s’aperçoivent qu’il respire encore, le détachent, pour le charger sur leur véhicule, et continuent leur chemin. Les cahots de la voiture raniment le patient tout à fait et quelques gorgées d’eau-de-vie, administrées à la première auberge venue, achèvent cette oeuvre de Samaritain.

Tout à coup, l’homme pendu disparaît de la taverne; il s’est esquivé, en emmenant le cheval et la voiture de ses sauveurs, stupéfaits d’une aussi noire ingratitude. Cependant, ils montent résolument deux chevaux empruntés à la taverne, poursuivent le voleur incorrigible et sont assez heureux pour le rattraper non loin de l’endroit où ils l’avaient sauvé.

Que faire ? La potence était là, la corde encore suffisamment longue. Voilà donc nos deux Magyares qui se mettent à rependre leur Tzigane et à faire très soigneusement ce que le bourreau avait fait très négligemment.

L’histoire est arrivée il y a une trentaine d’années ; elle est authentique.

« La Revue des journaux et des livres. »  Paris, 1887.