brevet

Invention utile… un peu

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lucky-lukeLes inventeurs pensent vraiment à tout. Nous trouvons dans la liste des derniers brevets déposés au ministère du Commerce le suivant : 

« Sonnerie d’alarme pour trains en cas d’attaque par les brigands. Elle a pour but de permettre au mécanicien d’avertir les voyageurs de tous les compartiments lorsqu’il aperçoit les brigands. » 

Il faut avouer que le besoin de cette invention se faisait vraiment sentir et nous sommes persuadés que les directeurs des Compagnies de chemins de fer n’auront fait qu’un saut chez l’inventeur de ladite sonnerie d’alarme. 

Toutefois, celui-ci fera bien d’en poser une à la porte même de sa maison. Quand les brigands connaîtront sa découverte, ils pourraient bien lui venir faire un mauvais parti. 

« La Joie de la maison. » Paris, 1896.
Illustration : « Lucky Luke. » Morris & Goscinny.

Qui inventa le téléphone ?

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graham-bell

L’Allemagne vient de célébrer (article rédigé en 1934) le centenaire de la naissance d’un modeste savant, Johann Philipp Reis, simple petit instituteur hessois, né en janvier 1834, mort en 1874, et qui aurait été le premier réalisateur du téléphone. 

Ce fut une révélation. Personne, jusqu’à présent, n’avait entendu parler de Reis et de son invention. Graham Bell, qui passe pour le véritable inventeur et Edison, qui perfectionna l’invention, ignoraient jusqu’à son nom. Il est cependant certain, d’après tout ce qui vient d’être publié en Allemagne sur Johann Philipp Reis, que celui-ci inventa et expérimenta, en 1860, un appareil qui transmettait les sons à distance, et auquel dans un mémoire adressé à la Société de Physique de Francfort, il donna le nom de Téléphone.

Les Allemands, après avoir laissé si longtemps dans l’oubli le nom du modeste savant hessois, viennent de l’en tirer avec fracas. Sans doute, mieux vaut tard que jamais. Leurs journaux exaltent le souvenir de Reiss, qu’ils appellent « le véritable inventeur du téléphone ». C’est fort bien. Mais des journaux français font chorus et attribuent au seul Philippe Reis tout l’honneur de l’invention. Et c’est sur quoi il nous parait bon de protester.

Six ans avant que Philippe Reis fit connaitre son invention, le principe du téléphone  avait été établi par un Français qui s’appelait Charles Bourseul. Que les Allemands ignorent ce détail, c’est fort naturel : nous ignorions bien nous-mêmes, jusqu’à présent, le nom de Johann Philipp Reis. Mais que des journaux français partagent cette ignorance, voilà qui semble moins explicable. C’est ainsi que s’affirme et que se perpétue la vieille légende de l’indifférence des Français à l’égard des inventeurs de leur pays.

Rappelons donc, pour ceux qui l’ignorent, l’histoire de Charles Bourseul, précurseur de Reis et de Graham Bell dans l’invention du téléphone moderne. Au début du Second Empire, le nommé Charles Bourseul, originaire de Douai, était employé comme commis des télégraphes au bureau de la Bourse à Paris. Esprit ingénieux et réfléchi, fonctionnaire modèle, très savant dans sa profession, Bourseul avait imaginé un appareil dont le principe était la transmission de la voix par la conductibilité électrique.

Quand son idée fut au point, il alla, en fonctionnaire discipliné, la soumettre à ses chefs. Ceux-ci lui rirent au nez, et l’un d’eux, qui remplissait les hautes fonctions de directeur du service télégraphique, lui déclara textuellement que c’était « de la blague », et l’invita à se tenir tranquille. Le téléphone, « de la blague » !… Voilà comment, trop souvent, l’administration ou la science officielle jugent les inventions les plus fécondes, les plus utiles au progrès humain.

Rebuté, l’inventeur se tint coi, mais ce ne fut pas sans avoir publié dans L’Illustration du 26 août 1854 une étude complète de son invention. Bien lui en prit, car, en 1882, au Congrès international d’électricité qui se tint à Philadelphie, Graham Bell qui, vingt ans après Bourseul, avait réinventé le téléphone, et Edison qui l’avait perfectionné, rendirent un hommage éclatant à l’inventeur français, et saluèrent en lui le génie méconnu à qui l’on devait le principe même de l’invention  nouvelle. De Reis, il ne fut pas question un seul instant. L’inventeur allemand était alors totalement ignoré.

Or, en 1882, Bourseul, retraité de l’administration des P.T.T., vivait de sa maigre pension à Saint-Ceré, dans le Lot. Devant la reconnaissance officielle des deux savants américains, le gouvernement, soucieux de réparer le tort que l’inventeur avait subi naguère, augmenta sa petite rente de deux mille francs et lui octroya par surcroît un bout de ruban rouge. Ce fut tout !… Le génie ne se paie pas cher en ce pays. Une fatalité singulière semblait, d’ailleurs, poursuivre les inventeurs du téléphone. Graham Bell, lui aussi, eut toutes les peines du monde à faire connaître son invention.

téléphone-inventeurs

Il avait commencé ses expériences en 1874. Le 14 février 1876, il déposait sa demande de brevet pour l’invention du téléphone. Or, le même jour, un autre inventeur américain, nommé Elisha Grey, déposait une demande ayant le même objet. Mais ce dernier, ayant commis une omission de forme, le brevet fut délivré à Graham Bell seul. Ce brevet, d’ailleurs, passa inaperçu. En vain, Bell conviait-il le public aux expériences qu’il faisait dans son atelier de Boston, le public demeurait indifférent et ne répondait pas à ses appels.

En 1878, à l’exposition du centenaire de Philadelphie, l’inventeur avait exposé son appareil, et personne ne daignait y prêter attention. Le public défilait sans s’arrêter devant le stand du pauvre savant. Les membres du jury eux-mêmes étaient passés sans s’arrêter. Pendant des semaines, on vit le malheureux inventeur assis, triste et solitaire, devant la petite table qui supportait son merveilleux appareil, dédaigné de tous.

Or, un jour, l’empereur du Brésil, Dom Pedro, vint visiter l’exposition : il s’approcha de Graham Bell, qu’il avait connu professeur de physique dans un collège de Rio-de-Janeiro, et lui demanda quelques explications sur sa découverte. Un fil allait d’un mur à l’autre, traversait tout le hall. L’empereur prit le récepteur, tandis qu’à l’autre bout, Graham Bell se penchait sur le transmetteur. Et soudain, Dom Pedro releva la tête, frappé de stupeur :

— Mais il parle !… il parle !… s’écria-t-il.

Les visiteurs accoururent. On félicita Graham Bell. Le lendemain, les journaux étaient pleins de détails sur la nouvelle invention.

Et c’est ainsi que fut lancé le téléphone en Amérique.

Aujourd’hui, la plus grande compagnie téléphonique américaine, qui comporte plus de dix millions de postes, porte le nom de Graham Bell, et ce nom est illustre dans l’univers entier. Par contre, dans les pays d’Europe, jusqu’à présent, tout le monde ignorait Johann Philipp Reis, le petit instituteur hessois qui, dès l’année 1860, avait réalisé le téléphone. Et chez nous, je gagerais qu’il n’y a pas un Français sur cent mille qui connaisse seulement le nom de Charles Bourseul.

Les grandes inventions modernes sont, en général, des œuvres collectives. Elles doivent presque toutes quelque chose aux savants, aux ingénieurs des pays les plus divers. Il en résulte que, dans chacun de ces pays, on ne connaît (et encore quand on le connaît) que le nom de l’inventeur national, et l’on ignore celui des inventeurs étrangers qui ont collaboré à la même œuvre.

Il serait temps de remédier à cela. On charge aujourd’hui l’assemblée de Genève des besognes les plus diverses. Or, voilà un problème qui semble de son ressort. Pourquoi ne réunirait-elle pas un aéropage de savants choisis dans tous les corps scientifiques d’Europe et d’Amérique, et ne le chargerait-elle pas d’établir l’histoire précise des grandes inventions en fixant exactement la part qui revient à chacun des inventeurs qui y ont contribué ?

Un tel travail montrerait que ce sont les Français qui ont la part la plus considérable dans la mise au point définitive de tous les grands progrès d’à-présent.

Ernest Laut. « Le Monde illustré. » Paris, 1934.

Qui a inventé le moteur d’auto ?

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En fouillant les annales de notre Académie des sciences, un chercheur a mis à jour une communication à cette assemblée, concernant un appareil où la force motrice était fournie par l’explosion d’un mélange d’air et de poudre de lycopode ou de charbon pulvérisé.

pyréolophore

Le mémoire fut présenté, le 5 décembre 1806, par deux éminents physiciens, Lazare Carnot et Berthollet. Et savez-vous par qui cette communication était signée ? Par les inventeurs de La photographie, les frères Claude et Nicéphore Niepce.

L’invention fut brevetée en 1806 et qui mieux est, réalisée sous le nom de pyréolophore. C’était un moteur à combustion interne, brûlant la fameuse poudre de lycopode qu’ils adaptèrent à un canot. Celui-ci a navigué sur la Saône. Voilà donc, sans conteste, la première automobile.

« Almanach des coopérateurs. » Limoges, 1927.
Illustration : http://www.photo-museum.org/fr/pyreolophore-invention-moteur-explosion/

Feux d’artifice de salon

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Ces Feux d’artifice, dont les éblouissements se produisent aussi bien de jour que de nuit (ce qui ne retarde pas le coucher des enfants), sont contenus dans une boîte, à l’abri de tout accident.

Les feux, au nombre de vingt, sont formées d’allumettes-tisons, mais de grandes allumettes, quatre fois plus longues que les allumettes ordinaires qui, elles, n’ont rien de bien brillant, tandis que les magiques Feux d’artifice de salon s’éparpillent en des millions d’étincelles électriques et dégagent une pluie d’étoiles scintillantes dont on a le spectacle assez longtemps pour l’admirer tout à son aise. Et tout cela sans danger aucun du moindre incendie, sur les tentures et les étoffes les plus légères et sur les objets les plus inflammables, et sans odeur ni fumée.

Après un dîner ou un déjeuner de fête, à la ville comme à la campagne, le Feu d’artifice de salon est une surprise charmante. Pour allumer les tisons, on en maintient le bout, teinté de noir, au-dessus d’une flamme de lampe ou de bougie, jusqu’au jaillissement des premières étincelles; ce qui ne demande que quelques instants.

Prix de la boîte de vingt tisons de Feux d’artifice de salon…………………………………………………..  franco 0.60

« La Revue des nouveautés : organe des comptoirs de spécialités brevetées. » Paris,  1897.

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Génie français

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Lucien Chassaigne vient de rendre, dans le Journal, un juste hommage à M. Louis Dunoyer, le jeune savant, hier préparateur au Collège de France, aujourd’hui professeur à la Sorbonne et à l’Institut d’optique.

Sait-on que, de son propre aveu, c’est en partie grâce à Louis Dunoyer que Lindbergh put réussir la première traversée de l’Atlantique. C’est, en effet, le jeune savant français (encore !) qui inventa le compas électro-magnétique qui permit au jeune aviateur américain de suivre la bonne voie et de limiter à un millième de son tracé théorique son écart de route.

Louis Dunoyer eut l’idée de cet appareil à la sortie de l’Ecole normale afin qu’il servît à la marine. Il le perfectionna longuement et, faute de paiement par suite de la guerre, le brevet qu’il avait pris pour son compas directeur fut frappé de déchéance. 

Les ingénieurs américains s’en emparèrent, non toutefois sans en aviser Dunoyer qui leur donna toute licence d’utiliser une invention dont les brevets étaient tombés dans le domaine public. L’Amérique ne voulut pas, toutefois, être en reste de beau geste, et voulut quand même payer l’inventeur français. Elle le paya 8.000 francs.

Et M. Louis Dunoyer trouve que c’est beaucoup.

Son nom figure dans la marque du compas. Toute l’aviation américaine se sert de cet instrument. 

Quant à l’aviation française, elle attend probablement quelque autre invention étrangère. 

 » Comoedia. »  Paris, 1927.