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L’humour de Wilbur

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L’Amérique toute entière se passionnaient pour les vols des deux fils du Révérend Milton Wright. Il y avait ceux qui avaient vu et qui croyaient, ceux qui n’avaient pas vu et qui doutaient, enfin les irréductibles.

Les journaux des Etats-Unis étaient tous plus ou moins représentés à Simms Station et chacun des envoyés spéciaux attendait avec impatience le bon vouloir des deux « hommes volants » que rien n’influençait, pas même le désir clairement exprimé des puissants du jour. 

Lors des essais, la foule se tenait à une distance respectueuse du bel oiseau blanc, à propos duquel circulaient tant de légendes. Les journalistes, gens curieux par définition et par obligation, n’observaient pas la même réserve. 

Les frères Wright n’aimaient point cela. On eut dit qu’ils en étaient comme gênés et ils cherchaient par tous les moyens à se débarrasser des importuns. On conte à ce sujet une anecdote fort plaisante qui a sa place ici et nous éclairera sur la mentalité de Wilbur Wright et sur son sens de l’humour. 

Les journalistes américains qui avaient assisté aux exploits des deux aviateurs ne voulaient pas admettre d’interruption dans les vols et ils étaient profondément vexés lorsqu’ils se dérangeaient pour contempler seulement un hangar obstinément clos et la vaste prairie de Simms Station. Ils manifestèrent bientôt leur mauvaise humeur. Après plusieurs « parties remises ». les quotidiens de New- York, de Washington et autres lieux, parurent avec des manchettes hautes de plusieurs pouces où l’on pouvait lire : 

« L’oiseau est malade. Il a du plomb dans l’aile » 

wright-flyer-Stu Shepherd

Les deux frères acceptèrent sans broncher ces petites vexations. Ils savaient bien qu’ils auraient prochainement leur revanche. Néanmoins, ils résolurent de s’amuser aux dépens de leurs critiques. 

Pendant 15 jours ils prirent des airs mystérieux et aux questions qui leur étaient posées ils répondaient, d’une mine consternée :

Nous n’y comprenons rien. Notre « flyer » est comme vous l’avez dit, bien malade. Il lui faut sans doute du repos. 

Le seizième jour, Wilbur et Orville convoquèrent solennellement la presse. Ils se rendirent, accompagnés d’une nombreuse escorte à Simms Station. Ils ouvrirent les portes du hangar et sortirent, avec beaucoup de précautions, leur appareil. 

Stupéfaction Dans le coin le plus obscur il y avait, sur un peu de paille, un objet blanc insolite. Wilbur s’avança, mit sa main sur ses yeux, scruta l’ombre, s’arrêta comme cloué par l’étonnement. 

Les journalistes commençaient à penser que l’on se moquait d’eux. Ils en eurent bientôt la certitude lorsque Wilbur, l’air accablé, revint vers eux et leur dit, d’un ton confidentiel :

Vous aviez raison, messieurs, l’oiseau était bien malade. Il a pondu un œuf

Les reporters adoptèrent la seule attitude qui convenait. Ils prirent d’assaut le télégraphe et câblèrent à leurs journaux cette information humoristique.Puis les Wright eurent la paix, et continuèrent leurs essais. 

« L’Ouest-Éclair. » Rennes, 1938.
1) Illustration : Brian Harrison.
2) Illustration : First Flight The Wright Flyer At Kittyhawk by Stu Shepherd.

L’aéroplane

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aeroplaneL’aéroplane est définitivement dans nos mœurs. Il n’y avait point, jadis, de fête publique qui n’eût, comme principale attraction, son départ d’un « ballon monté ». Et voici que l’aviateur commence à détrôner l’aéronaute. 

Certaines communes s’offrent maintenant le luxe de louer, pour une journée, un aéroplane, et son pilote, qui évoluent, l’un portant l’autre, au-dessus de la ville pavoisée et des baraques foraines. Mais on se blase si vite, chez nous, qu’on regarde déjà avec moins d’intérêt cette merveille qu’est « l’homme-volant ».

C’est à peine si on lui prête une plus longue attention qu’à la femme géante ou à l’absurde manège de chevaux de Bois ! Sans s’attacher au côté pratique de l’admirable invention, la foule semble attendre avec confiance que la science qui progresse chaque jour, lui procure bientôt un amusement nouveau ! 

Quelle sera l’attraction de demain ? 

 « Le XIXe siècle. » Paris, 1911.

Les remorques d’aviation et le camping

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Qui n’a rêvé au moins une fois dans sa vie de posséder une roulotte et de mener sur les grandes routes la libre existence des nomades ? Une entreprise anglaise offre ingénieusement aux touristes le moyen de réaliser ce rêve à bon compte. 

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Elle a acheté une grande quantité de remorques d’aviation, soldées après la guerre, et les a transformées en roulottes confortables quoique légères. On les accroche derrière une auto ordinaire qui les conduit au lieu choisi pour le camping.

« Le Miroir. » Paris, 1920.

Vol chrétien

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Clark Gable était un des plus sympathiques artistes de l’écran américain, et il était également un aviateur fort courageux. Ses vols avaient été innombrables. Un jour, il expliquait à des amis :

— Souvent, pendant mes randonnées, il m’arrive de rencontrer un fichu temps, c’est alors que je fais un vol chrétien.

Et comme on s’interrogeait et que quelqu’un lui demandait ce qu’était un vol chrétien, il expliqua calmement :

— Supposez que les conditions atmosphériques deviennent subitement épouvantables au cours d’un vol. Comme il vous est impossible de savoir où vous atterrirez ni comment, alors, vous recommandez votre âme à Dieu… Voilà exactement ce qu’est un vol chrétien.

Un voyage de noces en 19…

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Les progrès constants de l’aviation nous laissent espérer qu’il n’est pas loin le temps où nous verrons l’atmosphère sillonné d’appareils de toutes sortes, de toutes formes, ballons sphériques ou d’énormes cigares, hélicoptères, aéroplanes, oiseaux monstrueux.

Des gares aériennes serviront de point de départ ou d’arrivée. On circulera dans l’espace en aéro-omnibus, en aéro-cabs, et les mansardes deviendront désormais les boutiques et les magasins que visiteront nos élégantes. 

Quoi d’étonnant, dans ces conditions, que deux mariés songent à faire leur voyage de noces en ballon dirigeable ? Ils ont pris place dans la nacelle de leur aérostat et, sans secours, les voilà partis dans les airs… Que les parents se rassurent, la télégraphie sans fil les tiendra au courant des étapes de leurs enfants. De même que les chemins de fer, les lettres sont devenues vieux jeu, on ne correspond plus que par marconigrammes et par téléphonie sans fil.

Voilà ce que nous verrons bientôt sûrement. Quel est l’appareil qui arrivera bon premier ? Sera-ce le ballon dirigeable avec sa nacelle longue et compliquée, et son énorme enveloppe gonflée de gaz plus léger que l’air ? Sera-ce le plus lourd que l’air que M. Santos Dumont préconise et qu’il semble avoir réalisé ? Sera-ce l’hélicoptère ou l’aéroplane, ou encore l’oiseau gigantesque dont l’homme arrivera à reconstituer le vol ?

Peut-être tous les moyens seront-ils à ce point perfectionnés qu’ils seront tous réalisés.

« Le Grand journal hebdomadaire d’actualités. » Paris, 1907. 
Illustration : bidouillage maison.

Un auteur bizarre

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L’aviateur Thomas Edward Lawrence, connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, est un curieux personnage. Il vit sur le pied modeste de 90 livres par an. Or il pourrait avoir 100.000 livres de rentes s’il consentait à monnayer la fortune qui gît dans son encrier.

Seulement Lawrence est un auteur d’un genre très spécial : il écrit des livres mais ne les publie pas ! Cependant il fit une fois éditer un ouvrage; merveilleux, paraît-il : les sept piliers de sagesse. Mais il le retira aussitôt de la circulation. Un exemplaire de cet introuvable livre vaudrait aujourd’hui 1.000 livres. Les rares personnes qui en possèdent à l’heure actuelle les gardent dans leur coffre-fort. Lawrence a écrit également un livre… terrible, paraît-il : c’est le « journal » de son apprentissage dans l’aviation. Il mit son manuscrit sous les yeux du ministre de l’Air. Celui-ci, après lecture, fut tellement épouvanté de la franchise dangereuse de Lawrence qu’il lui fit jurer de ne jamais publier son livre.

Lawrence a tenu serment. Il a renoncé, par loyalisme, à la fortune que n’aurait pas manqué de lui rapporter l’ouvrage en question. Lequel de nos auteurs en vogue serait capable d’un tel désintéressement ?…

« Écoutez-moi.. »  Marthe Hanau. Paris, 1934.