Asie

Les bébés salés

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georges-de-la-tourSi saint Nicolas (celui de la légende qui ressuscita en soufflant dessus les trois petits enfants qu’a sept ans qu’sont dans l’saloir, où les a couchés un féroce charcutier), si  ce saint Nicolas, dis-je, se promenait en Arménie, il pourrait y exercer sa thaumaturgie protectrice de l’enfance.

Non que les Arméniens aient coutume de fabriquer des conserves avec les petits enfants qui s’en vont glaner aux champs, mais tout de même ils font subir à leurs nouveau-nés un traitement que j’oserai qualifier de barbare.

Cette coutume se pratique normalement. Dès leur naissance, les nouveau-nés sont entièrement recouverts de sel et restent ainsi pendant trois heures. Après quoi, on les lave à l’eau chaude.

Chez différentes peuplades d’Asie, ce séjour dans le sel se prolonge pendant vingt-quatre heures.

Cette coutume est attribuée à une superstition. Le sel exorciserait les nouveau-nés, leur procurerait la force et la santé, et les soustrairait à l’influence des mauvais esprits.

Il est à peine besoin de remarquer que ces petits êtres n’ont pas été consultés et que, s’ils l’étaient, ils seraient très probablement d’un avis différent.

« Nos lectures chez soi. » Paris,  1910.
Peinture de Georges de La Tour.

Le culte des morts chez les sauvages des temps  anciens et modernes

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hindous-culte-des-mortsLes Bretons, les Hibernois (Irlandais aujourd’hui) quoique élevés dans la religion des druides, mangeaient leurs morts.

Les habitants du Pont, les Massagètes, les Derbyces faisaient comme eux. Ces derniers, habitants de la Scythie asiatique, adoraient, on le sait, le soleil. Ils égorgeaient leurs septuagénaires, et dans leurs familles on mangeait les parents qui succombaient à une mort subite ou violente. Les Hircaniens n’enterraient les femmes que parce qu’ils les croyaient indignes d’avoir leur ventre mâle comme sépulture. Au Venezuela, en Amérique, on faisait rôtir les morts : puis on les découpait, on les pilait, et quand ils étaient réduits en bouillie, on les délayait dans du vin que l’on buvait religieusement.

Les Capanoguas d’aujourd’hui font également rôtir leurs morts, puis ils les mangent, dans la persuasion qu’ils ne sauraient mieux les honorer. Dans les îles Baléares, les habitants mettaient les corps en morceaux et les renfermaient ensuite dans une cruche qu’ils enterraient. Les Parthes, les Mèdes, les Barcéens, les Taxiles, les Hériens, tous les peuples de l’Asie, conquis par Alexandre le Grand, transportaient leurs morts au milieu des champs, des bois, des forêts, et ils les abandonnaient aux bêtes sauvages et aux oiseaux de proie. Ils attachaient aussi à des branches d’arbres les parents arrivés à une vieillesse décrépite et les laissaient expirer sans secours.

« Almanach de France et du Musée des familles. » Paris, 1885.  

Le menu d’un explorateur

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Un voyageur, M. Edouard Blanc (1858-1923), est en train d’accomplir la traversée de l’Asie, de l’ouest à l’est. Il raconte, dans une lettre, qu’à son arrivée dans la ville chinoise Kachgar, il fut invité à un repas chez le gouverneur de cette ville. Le menu de ce repas, mérite d’être cité. 

Les ailerons de requins, les holothuries farcies de moelle, les crabes confits étaient assez médiocres. Le canard à la mode du Yunnan et les andouillettes de foie du même volatile étaient tout à fait supérieurs. En revanche les oeufs farcis d’une gelée parfumée et les racines de bambou marinées dans l’huile de ricin, qu’on mange à la fin du repas, étaient détestables.  

Les queues de rats au sucre et les sangsues confites accompagnaient de très bonnes salamandres confites et farcies.

Voilà un repas qui n’est pas commun.

Le cureur d’oreilles

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Le voyageur qui, visitant pour la première fois, une des cités de nos possessions indo-chinoises, traverse une place, s’arrête parfois étonné devant un curieux tableau.

Penché vers un de ses compatriotes, un praticien en plein vent procède à une opération inconnue à nous autres Européens. Opération délicate entre toutes, qui consiste à nettoyer avec dextérité, au moyen d’une petite tige spéciale, les oreilles de son semblable. Cette profession demande un doigté spécial pour ne pas blesser le client. Aussi un cureur d’oreilles est-il aussi recherché à Hanoï qu’une bonne manucure à Paris. Il n’y a que les prix qui diffèrent.

« Le Magazine Français. »   Paris, 1903.