âme

La légende du château de Vizille

Publié le Mis à jour le

Lesdiguières.

Comme tout château qui se respecte, celui de Vizille a sa légende. On raconte, dans les veillées d’hiver du Dauphiné, que le mur d’enceinte du parc fut construit en une nuit par Satan et son armée de diables. Satan, dit-on,  aurait proposé à François de Bonne de Lesdiguières le pacte suivant :

Le maréchal partirait à cheval de son château à minuit sonnant, et s’en irait en droite ligne jusqu’au bout du parc. Si le mur était achevé avant son arrivée, le diable emporterait l’âme de Lesdiguières, et ce n’était pas grand bénéfice, car elle lui appartenait déjà pour les trois quarts et demi.

Le duc de Lesdiguières accepta, partit à minuit sonnant sur son fougueux cheval noir et piqua droit devant lui. 

Il arriva au bout du parc, comme les maçons de l’enfer allaient clore le mur, entassant rapidement moellon sur moellon.Le maréchal enfonça ses éperons dans le ventre de son cheval, et le mur fut franchi d’un bond. Mais les maçons allaient si vite que la queue du cheval resta prise.

Pincé ! s’écria le diable.

Mais le maréchal, tirant son épée, coupa au ras la queue de son cheval et s’en alla librement.

« La Revue des journaux et des livres. »  Paris, 1887.
Illustration : montage perso.

Le vrai visage d’Hollywood

Publié le Mis à jour le

Mireille-Balin

Mireille Balin s’ennuie à Hollywood et elle menace de quitter la capitale américaine du cinéma :

« Ici, déclara-t-elle, tout gravite autour du cinéma. On perd petit à petit sa personnalité et le sens des valeurs réelles. Je frémis à l’idée de la réadaptation qu’ii me faudra faire lorsque je quitterai un jour Hollywood pour me retremper dans la vie normale de Paris. Hollywood, c’est une stupide potinière qui épie les gens et bâtit des romans impossibles. Voilà ce qu’est Hollywood et on y étouffe ! Dans cette atmosphère sans gaîté et ce climat sans saison, je perds ma joie et mon enthousiasme. Je lutte pour me sauver, parce que je ne veux pas devenir une « star » comme celles d’ici qui ne sont plus que de luxueux automates. Je veux vivre, aimer, respirer et rire, malgré Hollywood et ses dollars… Je me suis trompée sur Hollywood, Ce n’est pas seulement la ville des mirages, c’est, comme le disait Maurice Chevalier, « un ring de boxe… »

Peut-être y a-t-il dans ces déclarations désenchantées un peu de rancoeur provoquée par des espoirs déçus, mais cette description d’Hollywood semble véridique. Le cinéma est le dieu de cette cité sans âme et tout doit lui être subordonné.

« Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous. »  Paris/Clermont-Ferrand, 1938.
Illustration : Mireille Balin dans «Gueule d’amour» (1937)

Albigerius

Publié le Mis à jour le

extase

Les démonographes disent que les possédés, par le moyen du diable, tombent quelquefois dans des extases pendant lesquelles leur âme voyage loin du corps, et fait à son retour des révélations de choses secrètes. C’est ainsi, comme dit Leloyer, que les corybantes devinaient et prophétisaient: phénomènes que le somnambulisme expliquerait peut-être.

Saint Augustin parle d’un Carthaginois, nommé Albigerius, qui savait par ce moyen tout ce qui se faisait hors de chez lui. Chose plus étrange, à la suite de ses extases, il révélait souvent ce qu’un autre songeait dans le plus secret de sa pensée.

Saint Augustin cite un autre frénétique qui, dans une grande fièvre, étant possédé du mauvais esprit, sans extase, mais bien éveillé, rapportait fidèlement tout ce qui se faisait loin de lui. Lorsque le prêtre qui le soignait était à six lieues de la maison, le diable, qui parlait par la bouche du malade, disait aux personnes présentes en quel lieu était ce prêtre à l’heure où il parlait et ce qu’il faisait, etc.

On prétend que Cagliostro en faisait autant. Ces choses-là sont surprenantes. Mais l’âme immortelle, suivant la remarque d’Aristote, peut quelquefois voyager sans le corps.

« Dictionnaire infernal. »  J. Collin de Plancy, H. Plon, Paris, 1863.