Economie et fortune

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new-yorkUne des caractéristiques du millionnaire américain est de dépenser sans compter pour les affaires et de compter sans dépenser pour les obligations courantes.

Il pousse l’épargne dans les petites choses jusqu’à la plus incroyable avarice. M. John Rockefeller regrette un pourboire donné à un domestique. Il pèse longtemps la menue pièce de monnaie dans sa main avant de la mettre dans celle d’un garçon de restaurant. Aussi, quelqu’un qui ne le connaissait pas lui dit un jour :

Gardez ça, mon pauvre homme, vous en avez sans doute plus besoin que moi.

M. Carnegie, pour qui le temps est de l’argent, regarde consciencieusement sa montre quand un solliciteur vient lui demander une audience. Il se croit volé lorsque l’entretien se prolonge au-delà de quelques minutes.

MM. Vanderbilt et Morton ont les yeux fixés sur le compteur électrique lorsqu’ils donnent une soirée. Le dernier invité n’est pas parti qu’ils éteignent les lampes et n’en laissent brûler qu’une.

M. Belmont ramasse les épingles dans la rue et les rapporte à ses bureaux pour s’en servir. Il a soin de garder les feuilles blanches des lettres qu’on lui écrit et n’emploie pas d’autre papier pour sa correspondance personnelle.

M. Charles Schwab se vante de porter une année entière la même cravate et n’a jamais acheté qu’une seule paire de boutons de manchettes.

M. Hettie Green, qui possède tout un quartier de splendides maisons, se loge dans un appartement du prix le plus médiocre et, pour ne pas payer de voitures, il va toujours à pied.

M. Henry Clews ne fume que des cigares du prix le plus modeste, et fait remarquer judicieusement que, s’il en prenait de plus chers, ils passeraient tout aussi bien en fumée.

Tous ces millionnaires semblent des disciples de Mark Twain, qui s’appliquait à n’employer que des monosyllabes très courts parce que sa prose lui était payée un franc cinquante le mot.

C’est ainsi qu’on fonde les grandes fortunes. Mais alors les pauvres diables se demandent à quoi elles servent.

« Nos lectures chez soi. » Paris, 1910. 

7 réflexions au sujet de « Economie et fortune »

    karouge a dit:
    avril 18, 2018 à 6:41

    Pour avoir été coursier chez Lanvin (Haute Couture) à la fin des années 70, je puis témoigner de l’avarice de nombreux « riches » (De Bourbon Parme et d’autres) qui, soit ne donnaient rien, soit donnaient 5 pièces de 20 centimes (véridique), ou une pièce de 10 francs en demandant de leur rendre 5 francs, alors que je livrais des robes et autres à plus de 2 briques !
    Croire que les « riches » vont investir dans l’Economie, après les réformes de Macron (fin de l’ISF, etc), c’est, à mon sens, de la véritable poudre de Perlimpinpin !

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    francefougere a dit:
    avril 18, 2018 à 7:49

    Et il arrive ‘qu’ils fassent un bel héritage – et sachent le garder, le faire fructifier.
    Econome, oui, radin, non ! 🙂
    amicalement – france

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    iotop a dit:
    avril 18, 2018 à 9:46

    Bon jour,
    Ces bonhommes me rappellent celui qui ne fait qu’un de « leurs défauts » c’est bien sûr … Picsou 🙂
    Max-Louis

    Aimé par 1 personne

    elle a 40 ans a dit:
    avril 19, 2018 à 3:03

    Il est l’hor mon seignor…

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    fanfan la rêveuse a dit:
    avril 19, 2018 à 7:06

    Voila qui est honorable sur le principe !
    Je me questionne, lorsqu’on arrive a un tel niveau de richesse, ces petites économies sont elles vraiment nécessaire ?!
    Bonne journée printanière Gavroche !

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    Economie et fortune | Boycott a dit:
    avril 19, 2018 à 11:36

    […] https://gavroche60.com/2018/04/18/economie-et-fortune/ = autrement dit : tout le monde ne peut être, devenir et rester pieuvre … […]

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    Libre jugement a dit:
    Mai 5, 2018 à 5:42

    Riche a ne plus que savoir qu’en faire et mourir de toute façon !

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