La montagne maudite

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Col du Portet-d'Aspet
C’est l’endroit où un jeune  Italien talentueux et souriant, Fabio Casartelli, a perdu la vie en 1995, dans une vacherie de virage où il n’était pas le seul à être tombé mais où le destin l’avait choisi comme seule victime. Cela suffit pour qu’à jamais son évocation fasse froid dans le dos.
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Le col du Portet-d’Aspet, situé dans les Pyrénées dans le département de Haute-Garonne, ne paye pas de mine sur le papier. Souvent classé en 2ème catégorie, parfois en 3ème et une seule fois en 1ère (cela dépend bien entendu par quel côté on l’emprunte), c’est un passage obligé dans la chaîne, mais pas le plus difficile a priori.
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Vous avez le choix entre un peu plus de 4km à un peu moins de 10% d’un côté ou environ 6 km à 7% de l’autre. Il culmine à 1069 mètres. On le sent passer tout de même, mais ce n’est pas un monstre. Il est souvent associé dans un enchaînement au col de Menté, aussi une belle cochonnerie (plus difficile, mais moins dangereuse) où, en 1971, Luis Ocaña avait dû abandonner le Tour qui lui était promis.
Mémorial érigé sur le lieu de la mort de Fabio Casartelli
Mémorial érigé sur le lieu de la mort de Fabio Casartelli

L’emplacement du Portet-d’Aspet lui permet souvent de servir de rampe de lancement dans les grandes manœuvres de grimpeurs. Du coup, la descente est dangereuse, car souvent empruntée à pleine vitesse. Et le bilan est impressionnant.

C’est là qu’a eu lieu le célèbre dépannage d’Antonin Magne par René Vietto en 1934. Une défaillance d’Anquetil en 1957, qui aura eu le mérite de ressouder l’équipe de France autour de son jeune leader. Une double chute en 1960, qui provoque les abandons de Jean Brankart (2ème du Tour 1955) et de Harry Reynolds, qui s’y brise une clavicule. En 1963, c’est Jo Planckaert (2ème du Tour 1962) qui va monter dans l’ambulance.

Deux ans plus tard, Bahamontes est à la dérive : il se trompe même de chemin. Il décide que c’en est assez et c’est là qu’il quitte définitivement le Tour de France. En 1973, Poulidor bascule par-dessus un muret et remonte le visage ensanglanté. Il est âgé alors de 37 ans, mais n’abandonne que pour cette édition puisqu’il reviendra, bien sûr. En revanche, le Belge Frans Verbeek, qui est allé lui aussi au tapis dans le Portet-d’Aspet, trouve que cela suffit bien et n’y reviendra plus.

Col de Portet d’Aspet, Tour de France 2010.
Col de Portet d’Aspet, Tour de France 2010.

On veut croire que cette côte sauvage est maintenant suffisamment redoutée par les coureurs qui doivent y passer. Il faut que cette litanie sanglante s’arrête.

« Petites histoires inconnues du Tour de France. »  P. Fillion & L. Réveilhac, Hugo-Sport, 2012.

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