Un voyage en OVNI au IXème siècle

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ovni

En ce jour d’été de l’an 852, dix-huitième du règne de Louis le Débonnaire, il fait chaud à Lyon et de nombreux promeneurs flânent au bord du Rhône à la recherche d’un peu de fraîcheur.

Soudain, quelqu’un désigne le ciel:

Oh ! Regardez !

Les gens lèvent la tête et restent figés. Au même instant, d’autres cris retentissent dans toute la ville:

Venez voir ! Venez vite ! Il y a grande merveille dans le ciel !

Alors, sortant des maisons, des couvents, des églises, des hommes et des femmes envahissent les rues et demeurent saisis en voyant ce que tout le monde voit.

Là, au-dessus d’une prairie, à hauteur de trois maisons, une chose qui ne ressemble à rien de connu flotte dans les airs, immobile et silencieuse. Est-ce un char ? Un vaisseau ou une bête ? Un dragon ? Personne ne peut le dire.

Tout à coup, la chose se met à descendre lentement vers la prairie et les braves Lyonnais, épouvantés, tombe à genoux. La chose descend toujours. Elle est maintenant à quelques pieds du sol. Enfin, elle se pose à terre avec une extraordinaire douceur. Les Lyonnais, prostrés dans l’herbe, n’osent pas bouger. Frappés de stupeur, ils attendent en silence ce qui va maintenant se passer. Un long temps s’écoule.

Soudain, un cri jaillit de la foule. Sur un côté de la chose, une ouverture vient d’apparaître. Un escalier se déplie, et voilà que des êtres humains apparaissent en haut des marches. Ils sont quatre: trois hommes et une femme qui les regardent, portant des costumes semblables à ceux des Lyonnais. A présent, ils descendent en se soutenant mutuellement. La foule, ahurie, les observe.

Ils descendent toujours, atteignent le sol, avancent en titubant. Ils ont l’air hébété. Quand ils ont fait une cinquantaine de pas, l’escalier qu’ils ont emprunté se replie tout seul, puis l’ouverture par laquelle ils sont passés se referme, et la chose, toujours silencieuse quitte le sol et s’élève lentement au-dessus de la foule. Quand elle a atteint une centaine de pieds, elle fait brusquement un bond prodigieux dans le ciel et disparaît derrière les nuages.

Alors, les quatre mystérieux personnages se laissent tomber à terre. Ils semblent à la limite de leurs forces. La femme surtout paraît fort mal en point: elle pleure et ses membres sont agités par des tremblements. Les Lyonnais se sont relevés.

Attention ! crie quelqu’un, n’approchez pas d’eux, ce sont des sorciers !

Mais voilà que l’un des hommes venus du ciel parle et s’exprime dans la langue des Lyonnais :

Nous ne sommes pas des sorciers, dit-il d’un ton las. Nous sommes d’un village voisin. Nous avons été enlevés par des génies … N’ayez pas peur de nous ! … Secourez plutôt cette femme qui est malade

Ils sont si pitoyables tous les quatre que des braves gens s’approchent:

D’où êtes-vous ?

L’homme donne le nom de son village.

Nous vous expliquerons tout, dit-il, mais soignez cette femme, elle a eu si peur …

Alors, malgré ceux qui crient à mort et aux sorciers, on le les emmène dans une maison où on les couche après leur avoir fait boire un vin frais où flottent des herbes revigorantes … La foule s’est amassée devant la porte. Elle attendra des heures avant que les hommes venus du ciel aient la force de parler. Vers le soir enfin, l’un d’eux fait cet extraordinaire récit:

Voilà, dit-il. Nous étions tous les quatre dans un champ quand cette chose que vous avez vue est descendue du ciel et s’est posée près de nous. Des êtres semblables à des hommes en sont sortis et nous ont appelés. Nous avions si peur qu’il nous était impossible de bouger. Alors ils sont venus et nous ont invités à monter dans leur navire aérien.  » Il faut que vous sachiez que nous ne sommes pas malfaisants « , nous ont-ils dit. Nous les avons suivis et la chose s’est envolée. Nous étions derrière des fenêtres rondes par lesquelles nous pouvions voir la terre au-dessous de nous. Nous avons vu des campagnes, des rivières et des villes; puis nous sommes entrés dans un brouillard et, brusquement, nous avons cru être en paradis …  » Nous sommes au-dessus des nuages !  » nous a dit l’un des génies.

Ensuite, nous avons dormi. A notre réveil, nous nous sommes aperçus que la chose s’était posée dans un pays inconnu. Le génie qui s’occupait de nous est venu nous chercher et nous a emmenés dans un palais où se trouvaient des femmes très belles.

«  Voici nos femmes, a-t-il dit. Vous voyez bien que nous ne sommes pas des démons ! « 

Puis il nous a fait visiter la ville et nous sommes remontés dans la chose. Mais avant de revenir ici, on nous a promenés dans différents endroits de la terre. Nous nous sommes posés dans des pays de glace et dans des pays de sable où il fait une chaleur torride. Avant de nous laisser partir, tout à l’heure, le génie nous a dit:

 » Racontez aux autres hommes ce que vous avez vu, et dites-leur que nous ne leur voulons pas de mal, que nous ne venons pas pour jeter du venin sur leurs fruits, empoisonner leurs fontaines, exciter les orages ou faire tomber la grêle sur leurs moissons … Dites-le pour que vos rois le sachent ! Voilà, vous savez tout !

Les Lyonnais, qui ont écouté ce récit fabuleux, sont perplexes. Soudain, un homme crie:

Je ne crois rien de tout cela ! Ces gens sont des sorciers. Ils viennent pour faire tomber la grêle.
C’est le duc de Bénévent qui les envoie ! dit un autre.
Oui, oui, crie bientôt la foule. C’est Grimoald, le duc de Bénévent, qui les envoie pour massacrer nos moissons ! Ce sont des sorciers ! …
– A mort ! Il faut les brûler ! …

Et on les emmène. En attendant que le bûcher soit prêt, la foule hurlante leur fait faire le tour de la ville. On les insulte. On leur jette des pierres. On leur promet l’enfer.

A mort ! Sorciers ! A mort ! …

Mais voilà qu’un homme accourt, alerté par tout ce vacarme. C’est Agobard, l’évêque de Lyon.

Que se passe-t-il ?

On lui explique que ces sorciers viennent du ciel pour gâter les moissons et qu’on va les brûler. Agobard est un homme brave et érudit. Il se tourne vers les quatre prisonniers et leur demande de s’expliquer. Les autres racontent de nouveau leur extraordinaire aventure.

Vous voyez, crie la foule, ce sont des sorciers, il faut les brûler !

Mais Agobard secoue la tête:

Non ! Je vous interdis formellement de les brûler. Ces trois hommes et cette femme ne sont pas des sorciers. Pour la simple raison qu’ils mentent, qu’ils ne sont jamais allés se promener dans les airs, car de tels faits sont impossibles !

Mais nous les avons tous vus descendre du ciel, dit quelqu’un.
Eh bien, vous avez tous eu la berlue ! reprend l’évêque.

Et pendant trois quarts d’heure, il leur expose toutes les raisons qu’on a de ne pas croire à un tel prodige. Il ajoute :

D’ailleurs, ceux qui affirment en avoir été les témoins pourraient bien risquer eux-mêmes d’être considérés comme des sorciers …

Il n’en faut pas plus, on s’en doute, pour que les Lyonnais déclarent à leur bon évêque que tout cela n’a été qu’un rêve. Et l’on relâcha les quatre prisonniers qui retournèrent dans leur village, tandis qu’à Lyon, des centaines d’hommes et de femmes allaient (sans le confier à personne) garder dans leur mémoire l’image obsédante d’une chose mystérieuse descendue du ciel par un beau jour d’été …

« Histoires extraordinaires.«  G. Breton & L. Pauwels, Albin Michel, 1980.

14 réflexions au sujet de « Un voyage en OVNI au IXème siècle »

    Éric G. Delfosse a dit:
    juin 21, 2014 à 8:37

    L’évêché de Lyon, l’ancien QG des MIB !

    😆

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    Haidara a dit:
    juin 21, 2014 à 8:47

    Cool!

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    sarah a dit:
    juin 22, 2014 à 9:26

    la pensée humaine est limitée…. dans sa complexité individuelle et en communauté… à n’entendre que ce Qu’elle peut entendre… l’un en ayant vu et l’autre pensant savoir….
    et la Vérité dans tout ça..? à Croire qu’elle n’appartient qu’à ceux qui l’ont Vécue….et en voulant la partager en leur sincérité… on voit où les autres voulaient, eux les emmener en Vérité !!! :-))

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    eliane21120 a dit:
    juin 22, 2014 à 2:13

    Bah, ils ont voyagé gratos ! et heureusement que l’évêque a éviter de provoquer une pollution !
    il était sûrement écolo ! 😆

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    Laoziadit a dit:
    juin 23, 2014 à 11:02

    Quand même troublant tout ça. Des gens pensent que ce « Dieu » dont on parle tant, serai l’interprétation que les gens simples auraient fait du passage de « visiteurs » qui nous auraient initié à pleins de trucs.
    Pas si bête.

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      Éric G. Delfosse a dit:
      juin 23, 2014 à 4:47

      Je crois me rappeler que c’est Jean Sendy (Sendy ? Sendi ?) qui a sorti cette théorie dans les années soixante ?

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        Laoziadit a dit:
        juin 23, 2014 à 5:14

        Sendy.. tu as raison.

        C’est même devenu une association importante aux US, de « chercheurs » 😉

        Théorie des anciens astronautes — Wikipédia
        Les archéologues considèrent qu’elles dépeignent des dieux, ou des figures …. ou d’ovni avant 1947, date à partir de laquelle les journaux et revues en parlent.
        fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_des_anciens_astronautes

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    gavroche60 a répondu:
    juin 23, 2014 à 12:33

    D’après certaines chroniques anciennes et/ou moyenâgeuses, d’autres « voyageurs » n’ont pas eu la même destinée heureuse au retour et auraient été passés manu militari au barbecue … pardon, au bûcher. 🙄

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      Éric G. Delfosse a dit:
      juin 23, 2014 à 4:48

      Ça me fait penser que j’ai terminé, cette nuit, un « carnet de recettes » reprenant quelques recettes de sauces pour le barbecue…

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        Laoziadit a dit:
        juin 23, 2014 à 5:32

        Même un se simple HP sauce pour faire des spare ribbs 😉

        Pour en revenir aux Ov’ni.. tu connais bien sûr « Le matin des magiciens » 😉 que j’ai bien relu quatre fois en.. en : plusieurs années.

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          gavroche60 a répondu:
          juin 23, 2014 à 5:41

          Je ne sais pas si c’est à moi que tu poses la question mais, en ce qui me concerne, il figure en bonne place dans ma biblio … à côté de « Le livre des damnés » de Charles Hoy Fort.

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            Laozi a dit a dit:
            juillet 7, 2014 à 6:04

            Pardon.. c’était toi. Fort aussi est un bien curieux numéro

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    blueedel a dit:
    juin 24, 2014 à 12:07

    On a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas et à cette époque on parlait de sorcellerie. Croyez vous pour autant que cela ait changé ?????

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